Maladies cardiaques et temps chaud: il vaut toujours mieux bouger

En 5 secondes Les canicules s’accroissent. Que devraient faire les personnes qui ont des problèmes cardiovasculaires? Une équipe de recherche de l’UdeM s’y intéresse.
Pour une personne qui vit avec une maladie cardiaque, arrêter complètement de bouger chaque fois que le mercure grimpe pourrait, paradoxalement, s’avérer plus dommageable que bénéfique.

L’été québécois est de plus en plus marqué par des vagues de chaleur. Pour la population générale, les conseils gouvernementaux sont clairs: ralentir, s’hydrater et éviter l’activité physique aux heures les plus chaudes.

Mais qu’en est-il pour les personnes qui vivent avec une maladie cardiovasculaire? Cette absence de précision est d’importance parce que ces maladies constituent la seconde cause de mortalité au Canada et que le réchauffement climatique s’accentue. À Montréal, on estime qu’entre 2050 et 2080 près d’une journée estivale sur deux pourrait voir le mercure dépasser les 30 °C.

«Mais on ne peut pas dire aux gens d’arrêter de bouger un jour sur deux. Il faut trouver des moyens de s’adapter», plaide Daniel Gagnon, professeur à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal, qui effectue des recherches sur les réponses physiologiques à la chaleur. 

Chercheur au Centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal, il a récemment fait une enquête pour cartographier les lignes directrices quant à la pratique d’une activité physique par temps chaud qui s’adressent spécialement aux adultes atteints d’une maladie cardiovasculaire (cardiomyopathie, arythmie, hypertension artérielle, tachycardie, insuffisance cardiaque, etc.). 

Résultat: il n’existe aucune recommandation spécifique pour cette population qui, pourtant, est plus à risque d’éprouver des malaises cardiaques causés par la chaleur.

Vers des conseils ciblés 

Constatant ce vide, Daniel Gagnon et son équipe mènent actuellement une série de tests en laboratoire pour désigner les seuils de température au-delà desquels l’effort devient risqué pour le cœur.

Ils demandent à des volontaires aux prises avec une maladie cardiaque de marcher une heure dans des environnements allant de 18 à 40 °C afin d’observer leur réponse cardiaque. L’équipe s’intéresse aussi au taux d’humidité, à l’intensité de l’activité physique et au rayonnement solaire, autant de facteurs qui accentuent les effets d’une température élevée sur le système cardiovasculaire. 

À terme, ces travaux visent à établir des balises précises, comme la possibilité de déterminer à partir de quelle température ou de quel degré d’humidité il devient préférable de reporter son activité, mais aussi les moments de la journée et les stratégies de refroidissement à privilégier. 

«C’est surtout pour éviter d’avoir des réflexions du genre “Il fait chaud, donc j’arrête tout”, indique le chercheur. Il y a déjà tellement de raisons pour ne pas faire d’activité physique, on n’a pas besoin que les températures chaudes s’ajoutent à la liste.» 

 

Un rapport risques-bienfaits… 

Si Daniel Gagnon cherche activement comment permettre aux personnes cardiaques de rester actives sans compromettre leur santé, c’est bien parce que l’exercice physique demeure un pilier de la santé cardiovasculaire. Il améliore la capacité physique, réduit le risque de récidive après un infarctus et contribue au bien-être psychologique, rappelle-t-il.  

«Pour une personne qui vit avec une maladie cardiaque, arrêter complètement de bouger chaque fois que le mercure grimpe pourrait, paradoxalement, s’avérer plus dommageable que bénéfique», soutient le professeur. 

Mais il n’en demeure pas moins que la chaleur pose un problème aux personnes qui souffrent d’un trouble cardiovasculaire. En effet, quand on bouge, les muscles produisent de la chaleur que le corps doit évacuer pour empêcher que la température interne augmente trop.  

Or, quand l’air ambiant est chaud, cette dissipation est beaucoup moins efficace. Le corps réagit alors en envoyant plus de sang vers la peau pour se refroidir tout en continuant d’alimenter aussi les muscles. Le cœur finit par battre plus vite et plus fort, ce qui peut représenter un risque important pour ceux dont le système cardiovasculaire est déjà affaibli. 

 

… à nuancer 

Mais en attendant les résultats définitifs, Daniel Gagnon souhaite envoyer un message optimiste. «Probablement que la limite de température dangereuse est relativement haute, disons 30-35 °C, prédit-il. Et des journées à cette température, il n’y en a pas tant que ça. Aussi ça demeure plus frais les matins et les fins de journée, donc il reste des options pour aller faire de l’activité physique.» 

Son discours reste clair: l’activité physique est essentielle, même par temps chaud. Il lui apparaît toutefois nécessaire, pour les personnes cardiaques, d’encadrer cette pratique avec des recommandations précises pour empêcher que la chaleur devienne une nouvelle entrave à la santé. 

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