La station Édouard-Montpetit du REM: un défi d’ingénierie pour l’une des stations les plus profondes au monde

En 5 secondes La station Édouard-Montpetit du REM, la plus profonde au pays, a nécessité des travaux d’une envergure exceptionnelle. Un véritable défi d’intégration au cœur du campus principal de l’UdeM.
À gauche: les œuvres de Manuel Mathieu à la station Édouard-Montpetit; à droite: l'intérieur de la station Édouard-Montpetit

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Le REM est arrivé à l’UdeM! Article 2 / 3

Plus grand projet de transport public depuis la création du métro de Montréal, le Réseau express métropolitain (REM) disposera, une fois les travaux terminés, d’un des plus longs tracés de métro léger automatisé et électrifié au monde, avec ceux de Vancouver et de Singapour. C’est plus de 67 km de rails traversant la grande région de Montréal, ponctués de 26 stations en surface, aériennes ou souterraines. 

Un projet d’une immense ampleur, dont le chantier le plus spectaculaire reste probablement celui de la station Édouard-Montpetit, située sur le campus principal de l’Université de Montréal: elle est aujourd’hui la station la plus profonde au pays et la deuxième en Amérique du Nord, après celle de Washington Park à Portland.

 

Creuser 70 m dans le roc

Dans ce secteur urbain densément peuplé où circulent des milliers d’étudiants, de résidants et de véhicules chaque semaine, l’élégant édicule tout en transparence qui signale aujourd’hui l’entrée de la station fait presque oublier les défis d’ingénierie relevés et l’esprit d’innovation qu’il a fallu afin d’extraire les 30 000 m3 de roc de la montagne pour la construire. 

Bien que quatre autres stations souterraines jalonnent le tracé du REM, la station Édouard-Montpetit posait des défis techniques uniques en raison de son implantation en milieu urbain, mais également parce qu’elle devait se raccorder au tunnel ferroviaire du mont Royal, situé à 72 m sous le niveau de la chaussée. D’une longueur de 5 km, ce tunnel excavé il y a plus de 100 ans servait jusqu’à tout récemment au passage des trains de banlieue se rendant à la gare Centrale, au centre-ville de Montréal.

Les travaux amorcés en 2018 devant le pavillon Marie-Victorin comprenaient ainsi le forage, le dynamitage et l’excavation du roc, ainsi que la réalisation de galeries souterraines permettant d’accéder au tunnel existant. Des obstacles ont surgi tout au long du projet, telles la dégradation importante d’une portion du tunnel sous la montagne, les difficultés d’approvisionnement pour certains matériaux, la proximité des infrastructures du métro de Montréal et du réseau d’aqueduc de la ville ou encore la détonation d’une charge explosive ancienne datant de la construction du tunnel en 1912. Si elle n’a fait aucun blessé, elle a entraîné des retards dans la poursuite du projet. Il faut également souligner les immenses efforts consacrés à l’excavation de plusieurs tonnes de roc, dont des quantités phénoménales ont été concassées et réutilisées pour fabriquer les ballasts ou remblais de la station Deux-Montagnes. 

L’infrastructure intérieure de la station, équivalant à un immeuble de 20 étages, comprend cinq ascenseurs ultrarapides pouvant mener les usagers du quai à la voie de raccordement de la ligne bleue du métro en 20 secondes, et plus de 5000 personnes à l’heure. 

La rapidité avec laquelle les passagers pourront maintenant se déplacer impressionne: le REM permettra de se rendre des rives nord et sud au campus de la montagne en moins de 30 minutes, d’accéder au centre-ville à partir du campus en 3 minutes, en plus d’être relié à la ligne bleue du métro.

La station Édouard-Montpetit: une station signature

Au cours de l’année 2021, un comité d’experts multidisciplinaire a été constitué afin d’assurer des aménagements et une intégration urbaine exemplaires des stations réalisées tout au long du Réseau. Trois grands principes ont ainsi guidé le comité, soit le mouvement, la transparence et l’identité commune par l’utilisation du bois. 

Les stations affichent par exemple des éléments et des couleurs qui font écho à l’environnement dans lequel elles viennent s’implanter, qu’il s’agisse du jaune rappelant la couleur des blés, du blanc lisse et moderne qui orne les stations du centre-ville, le vert forestier qui évoque l’ouest de l’île, le bleu inspiré des rives longées par les trains ou encore le rouge énergique des stations urbaines, comme celui qui caractérise la station Édouard-Montpetit. Cette dernière possède une signature distincte: elle est agrémentée de motifs rectangulaires de couleur rouge, qui rappellent les parements de brique caractéristiques de certains quartiers résidentiels ou industriels aménagés le long du tunnel du mont Royal et dans d’autres secteurs de la ville.

La station Édouard-Montpetit est aussi l’une des trois premières stations à abriter une œuvre d’art permanente. Cinq immenses mosaïques réalisées par l’artiste multidisciplinaire Manuel Mathieu, intitulées Le mont habité en référence au mont Royal, sont ainsi installées dans le couloir-mezzanine de la station et ponctuées par les parois rocheuses. L’artiste a opté pour un traitement architectural qui laisse apparents les amas de gabbro, la roche mère du mont Royal à travers laquelle la station a été creusée. Les mosaïques mettent en scène les motifs les plus élémentaires, les infimes détails du roc scrutés au microscope par l’artiste, suggérant une interprétation géologique de l’œuvre. Singulière par son emplacement au cœur de la montagne, elle nous touche aussi par son évocation poétique de la traversée.

Une exposition des œuvres de Manuel Mathieu sera présentée à la Galerie de l’Université de Montréal du 28 novembre au 28 février.

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