Dans une conférence prononcée au Cercle canadien, le recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras, a souligné le rôle crucial que jouent les universités québécoises et canadiennes dans l’avancement de la société. Il a expliqué à plus de 400 personnes venues l'entendre combien il était important pour lui que les acteurs du monde économique sachent ce qui se passe réellement dans les établissements universitaires, au-delà des clichés trop souvent véhiculés.
«Sur le plan économique, le milieu universitaire occupe une place comparable à celle des grandes grappes industrielles de la métropole. Nous rassemblons une concentration de talents sans égale au Canada. Ensemble, les universités montréalaises accueillent plus de 190 000 étudiants et étudiantes. Elles emploient plus de 45 000 personnes. Et les retombées économiques de nos activités se chiffrent en milliards de dollars», a-t-il fait remarquer.
Alors que le monde dans lequel nous vivons est perturbé par de nombreuses crises, qu’elles soient climatiques, sociales ou technologiques, Daniel Jutras a rappelé que les solutions se situent du côté de la recherche scientifique tout en lançant un appel: «Bien des réponses aux défis se trouvent dans la science, dans le savoir construit sur des bases solides, qui est entre les mains – ou plutôt dans la tête – des experts. Le réservoir d’expertise dans nos universités est riche et immense. Et c’est le moment de faire appel à nous. Les diplômés et diplômées universitaires, les chercheurs, les chercheuses ne demandent pas mieux que de servir le bien commun.»
Pour lui, l’expertise universitaire doit sortir des murs des établissements et intégrer plus largement les milieux du travail, médiatique et gouvernemental. Le texte intégral de sa conférence est disponible sur son site.
À la suite de son discours, le recteur a échangé avec la journaliste et animatrice Noémi Mercier. Elle a approfondi avec lui la crise de confiance que vivent les universités ces temps-ci. Elle l’a comparée à la situation dans laquelle les médias se trouvent aussi. Une confiance minée par le contexte politique et de désinformation où tout un chacun souhaite bénéficier des mêmes privilèges pour prendre position sans avoir les mêmes responsabilités de vérification des faits ou des redditions de comptes à faire. Noémi Mercier a aussi demandé au recteur s’il était possible de réconcilier la question de l’immigration et celle du recrutement de talents à l’étranger. Daniel Jutras est catégorique, ce n’est pas réconciliable. Le discours doit absolument changer. «On ne peut pas d’un côté investir 1,7 G$ pour recruter des chercheurs et chercheuses et de l’autre imposer des quotas et rendre l’arrivée de ces personnes au Canada et au Québec plus compliquée. Les étudiantes et étudiants internationaux tout comme les chercheuses et chercheurs de l’extérieur du pays font partie de la solution», a-t-il conclu.