Découvertes de l’année 2019 de «Québec Science»: des chercheurs en santé à l’honneur

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La longue bataille de la science pour mettre en échec des maladies dévastatrices et mortelles, soit le parkinson et le cancer, a connu des avancées majeures en 2019 grâce à des chercheurs de l’UdeM.

C’est maintenant une tradition pour les universités et les organismes scientifiques au Québec: la publication du palmarès des 10 découvertes de l’année du magazine Québec Science au retour des vacances du temps des fêtes. Pour l’année qui vient de se terminer, 2 des 10 équipes de recherche en lice pour la découverte de l’année sont de l’Université de Montréal.

Les travaux retenus ont été réalisés dans le domaine de la santé et, plus précisément, en biologie moléculaire. Alors qu’une première équipe a allié cette discipline aux neurosciences afin de mettre en lumière l’origine nébuleuse de la maladie de Parkinson, la seconde a orienté ses recherches du côté de l’hémato-oncologie afin de faire progresser la mise au point d’un vaccin contre le cancer. Pari audacieux, mais pas impossible.

«L’audace et la volonté de faire reculer les frontières de l’impossible sont deux qualités porteuses en recherche. Et nous pouvons affirmer que l’une et l’autre se reflètent dans le travail des chercheurs et chercheuses de l’Université de Montréal, a souligné le recteur, Guy Breton. Les percées scientifiques de nos équipes de recherche rayonnent non seulement au pays, mais aussi à l’échelle internationale. C’est cependant un honneur d’être reconnus parmi les siens, au sein de sa propre communauté. Je félicite donc chaleureusement chaque membre de ces deux équipes de recherche qui ont fait ces découvertes marquantes.»

La maladie de Parkinson pourrait-elle être déclenchée par une infection intestinale?

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La maladie de Parkinson est une affection neurodégénérative incurable qui touche 85 000 personnes au Canada. D’ici 2050, le nombre de personnes atteintes doublera.

Cette maladie dévastatrice est causée par la mort progressive des neurones dopaminergiques, un sous-ensemble de neurones cérébraux. Malgré des décennies de recherche, les scientifiques ignorent encore ce qui cause la mort de ces neurones.

La plupart des modèles de recherche actuels sont fondés sur la croyance que les neurones meurent en raison d’une accumulation interne d’éléments toxiques. Toutefois, cela n’explique pas que la maladie se déclenche chez les patients plusieurs années avant l’apparition de symptômes moteurs, comme les tremblements, et toute perte perceptible de neurones.

L’étude dirigée par les professeurs Michel Desjardins, du Département de pathologie et biologie cellulaire, et Louis-Éric Trudeau, du Département de pharmacologie et physiologie, en collaboration avec Heidi McBride et Samantha Gruenheid, de l’Université McGill, propose une explication tout autre: la maladie pourrait avoir comme origine une simple infection intestinale.

En effet, la recherche menée a démontré qu'une infection intestinale sans gravité chez de jeunes souris dépourvues de l’un des gènes liés au parkinson était suffisante pour entraîner des symptômes moteurs chez ces rongeurs à l’âge adulte. Ces symptômes disparaissaient temporairement à la suite de l’administration de lévodopa, un médicament prescrit aux parkinsoniens, établissant ainsi un lien direct avec la maladie.

Les résultats de l’étude indiquent que les neurones dopaminergiques ne meurent pas en raison d’une accumulation de toxines, mais seraient plutôt détruits par le système immunitaire. Certaines formes de la maladie de Parkinson seraient donc auto-immunes et susceptibles de prendre leur source dans l’intestin plusieurs années avant les premiers symptômes moteurs perceptibles. Cela supposerait l’existence d’une période propice au traitement préventif.

Cette découverte permettra d’étudier plus en profondeur la réponse immunitaire liée au déclenchement de la maladie et d’évaluer des approches thérapeutiques novatrices.

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Une avancée majeure dans la mise au point d’un vaccin anticancer

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Depuis 50 ans, des chercheurs partout dans le monde travaillent sur l’idée d’un vaccin contre le cancer. Jusqu’à tout récemment, il manquait de preuves démontrant qu’elle puisse se concrétiser.

Les professeurs Claude Perreault, du Département de médecine, et Pierre Thibault, du Département de chimie, tous deux chercheurs à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal, ont dirigé l’étude qui a démontré comment un vaccin pourrait agir pour combattre plusieurs formes de cancers. La découverte, publiée dans Science Translational Medicine, constitue une avancée majeure dans la recherche d’un tel vaccin, mais contrairement aux autres équipes, celle de l’IRIC a eu l’idée de rechercher la solution dans la portion dite non codante de l’ADN.

À l’aide de souris porteuses de divers cancers, l’équipe de l’IRIC est parvenue à repérer de nombreux antigènes provenant de la partie non codante de l’ADN et dont plusieurs étaient à la fois spécifiques aux cellules cancéreuses et communs aux différents types de cancers. Un vaccin a alors été produit à partir de cellules leucémiques portant certains des antigènes décelés et a été administré aux souris porteuses. Les résultats ont été plus qu’encourageants.

En effet, chaque antigène testé a combattu de 10 à 100 % des leucémies. Certains ont protégé la souris pendant toute sa vie, même après la réintroduction de cellules leucémiques. L’effet est donc très durable. Le fait que le vaccin s’est avéré efficace dans le cas de la leucémie ‒ qui est causée par très peu de mutations ‒ permet d’espérer que cette thérapie le soit contre toutes les formes de cancers.

Les mêmes antigènes ont par la suite été trouvés dans des cellules leucémiques humaines. Ces résultats sont très prometteurs et permettent d’envisager la mise au point de vaccins contre la leucémie et contre le cancer du poumon chez les humains. Les chercheurs estiment que des études cliniques pourraient être entreprises d’ici deux ou trois ans.

Produire des vaccins thérapeutiques contre le cancer ciblant le genre d’antigènes découverts représenterait une façon peu coûteuse de sauver des vies et simplifierait grandement le traitement de la maladie en limitant entre autres les effets secondaires de la chimiothérapie.

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La communauté de l’UdeM est invitée à prendre connaissance des découvertes de ses chercheurs et à voter pour celle qui l’inspire le plus sur le site Web de Québec Science. La découverte de l’année 2019 sera annoncée dans le numéro de mars de la revue.

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