Première chaire en science du sexe et du genre des IRSC dans le domaine du cancer

  • Forum
  • Le 29 mai 2020

  • Dominique Nancy
La Chaire en science du sexe et du genre des IRSC permettra de mieux comprendre l’interaction entre les influences biologiques et sociales et les conséquences de cette interaction sur la santé et la maladie.

La Chaire en science du sexe et du genre des IRSC permettra de mieux comprendre l’interaction entre les influences biologiques et sociales et les conséquences de cette interaction sur la santé et la maladie.

Crédit : Getty

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La chaire de recherche de la professeure Vikki Ho, de l’UdeM, permettra d’explorer les différences entre les sexes dans l'étiologie des cancers.

La recherche sur le cancer vient de s’enrichir d’une nouvelle chaire: la Chaire en science du sexe et du genre des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), créée par les IRSC afin de mieux comprendre l’interaction entre les influences biologiques et sociales et les conséquences de cette interaction sur la santé et la maladie.

Cette chaire attribuée à Vikki Ho, professeure au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, est consacrée à l’étude des différences entre les femmes et les hommes dans l'étiologie des cancers dans le but de porter un regard critique sur les agents perturbateurs endocriniens en milieu de travail.

«Je vais étudier l’exposition professionnelle aux produits chimiques perturbateurs du système endocrinien et le risque de développer certains types de cancers comme le cancer colorectal, le cancer du poumon, le cancer du sein et le cancer de la prostate», indique Mme Ho, également chercheuse au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Universitaire de Montréal.

Chaque jour, nous sommes exposés à des substances chimiques présentes dans l’environnement, notre alimentation et notre milieu de travail. Les travailleurs de certains secteurs sont toutefois plus fortement soumis aux perturbateurs endocriniens. Or, ces derniers interfèrent avec le bon fonctionnement des hormones sexuelles et ils sont soupçonnés d’accroître les risques de maladie, notamment les cancers, le diabète ou encore l’infertilité.

«On sait qu’il y a des différences entre les femmes et les hommes. Par exemple, les hommes sont plus susceptibles de souffrir d’un cancer colorectal ou d’un cancer du poumon que les femmes. Divers facteurs environnementaux, biologiques et liés au mode de vie peuvent expliquer cette différence de risque, signale Vikki Ho. Cependant, il semble que les hormones sexuelles agissent sur le développement de divers cancers.»

La chaire de Mme Ho bénéficie d’une subvention de 700 000 $ des IRSC pendant quatre ans et a pour objectif de déterminer si l'exposition aux perturbateurs endocriniens dans les milieux de travail augmente le risque de cancer, l’une des principales causes de décès au pays selon Statistique Canada.

Perturbateurs endocriniens et hormones sexuelles

Vikki Ho

«Je suis épidémiologiste du cancer et je possède une expertise dans l’étude du rôle des facteurs environnementaux, relatifs au style de vie, professionnels et individuels dans l’étiologie des cancers.»

Le caractère interdisciplinaire des travaux de Vikki Ho se reflète dans son programme de recherche, qui couvre toutes les dimensions de la problématique, alliant épidémiologie, hygiène du travail, médecine clinique et toxicologie. En se basant sur l’utilisation de données existantes (recueillies dans le cadre d'études en cours au Canada et à l'étranger), elle cherche à connaître les répercussions des expositions combinées sur la manifestation de divers cancers.

Ce travail est accompli en y associant des données démographiques, des données cliniques sur les différents types de cancers, des données toxicologiques et des données sur les facteurs environnementaux comme l’exposition professionnelle.

«Dans le cadre de la Chaire, trois projets ont été proposés, souligne l’épidémiologiste. Le projet 1 vise à déterminer si les travailleurs exposés aux perturbateurs endocriniens courent un risque accru d’avoir un cancer colorectal, un cancer du poumon, un cancer du sein ou un cancer de la prostate. Le projet 2 se concentre sur le cancer du sein afin d'examiner si l'exposition professionnelle à des perturbateurs endocriniens et à des facteurs génétiques prédisposant aux effets de ces substances chimiques peut augmenter le risque. Enfin, le projet 3 adopte une approche plus mécaniste pour établir le lien entre l'exposition professionnelle aux perturbateurs endocriniens et les taux d'hormones sexuelles mesurés dans le sang.»

Trouve-t-on plus de travailleurs exposés aux perturbateurs endocriniens et atteints d’un cancer? Cette association est-elle observée chez les hommes et chez les femmes? L'exposition professionnelle aux perturbateurs endocriniens influe-t-elle sur le taux d’hormones sexuelles? C’est ce que permettront de découvrir les recherches de Vikki Ho.

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