Les leçons de Guy Rousseau

Guy Rousseau

Guy Rousseau

Crédit : Yves St-Jean

En 5 secondes

Grâce aux nombreuses formations du Centre de pédagogie universitaire, le professeur Guy Rousseau, du Département de pharmacologie et physiologie, était prêt lorsque tout s’est transporté en ligne.

Comment s’est passée la transition, en pleine mi-session, vers l’enseignement en ligne?

Je suis des formations au Centre de pédagogie universitaire [CPU] depuis 20 ans. Je m’étais, par exemple, familiarisé avec le logiciel Scenari, qui permet de traduire ses présentations PowerPoint en cours presque en ligne, d’ajouter des vidéos, etc. Même si je n’avais pas l’expérience du cours en ligne, j’étais donc prêt. J’ai rapidement mis sur StudiUM tout le matériel ‒ PowerPoint commentés et Scenari ‒ pour permettre aux étudiants et étudiantes qui voulaient prendre de l’avance de le faire. Ils peuvent poser des questions sur StudiUM, et avec les collègues avec qui je donne les cours nous essayons d’y répondre le plus vite possible. Dans mon cours d’une vingtaine de personnes, j’ai fait une rencontre Zoom avant l’examen pour répondre aux questions.

À quelle occasion aviez-vous déjà expérimenté ces techniques?

À mes débuts comme professeur, je craignais de ne pas avoir toutes les compétences pour enseigner. J’ai demandé de l’aide à mes collègues et je me suis rapidement intéressé à la pédagogie et, de fil en aiguille, à la classe inversée, quand l’étudiant ou l’étudiante prend connaissance de la matière à la maison et que le temps en classe est réservé aux questions et à des activités collaboratives. Cette approche dynamise l’interaction en classe, elle permet de tenir plus d’activités, et c’est ce que je voulais faire. Un cours en ligne, c’est un peu un cours inversé, finalement.

Vous avez aussi fait passer un examen en ligne à 276 étudiants et étudiantes. Comment cela s’est-il passé?

Ç’a été le plus beau baptême que j’ai eu de ma vie! L’examen devait avoir lieu le 14 avril. Quand la pandémie s’est déclarée au Québec, j’ai voulu reporter l’examen pour donner une chance aux étudiants et étudiantes de s’habituer aux cours à distance. Mais comme plusieurs examens d’autres cours avaient été retardés, ma classe m’a demandé de maintenir la date du 14 avril. Je n’avais aucune expérience de l'évaluation en ligne et voilà qu’il me fallait préparer un examen pour 276 personnes! Avec l’aide de mes collègues, j’ai conçu un test à choix multiple, comme c’était prévu au plan de cours. Il reste toujours un stress: est-ce que ça va bien se passer? Va-t-il y avoir une panne d’électricité, des coupures d’Internet, un bogue informatique? À l’heure de l’examen, j’étais assis à mon ordinateur et je regardais le nombre de personnes qui étaient branchées. Quand j’ai vu que tout le monde l’était et que les réponses rentraient sans problème, j’ai été soulagé.

Quels enjeux soulève l’évaluation en ligne?

Il y a plusieurs façons de faire. J’aurais pu interdire les notes de cours, mais je sais très bien que je ne peux pas le vérifier. On peut bien sûr demander d’activer la vidéo, mais avec 276 personnes, ça ne se fait pas. J’ai finalement offert la possibilité de consulter ses notes de cours, mais j’ai adapté les questions en conséquence: elles étaient un peu plus recherchées et demandaient une réflexion. Nous avons aussi raccourci la durée de l’examen, qui est passée de trois à deux heures. J’étais conscient que ça créerait un stress pour les étudiants et étudiantes, mais c’était pour éviter qu’ils s’appellent pour comparer leurs réponses. Les questions étaient par ailleurs mélangées.

Quels ont été les défis dans cette transition soudaine?

Ma première crainte était que les étudiants et étudiantes n’aient pas accès à toute l’information nécessaire. Beaucoup d’entre eux sont en première année; si on ne leur donne pas toutes les informations utiles pour les années subséquentes, il y aura un manque à rattraper. La question de la motivation m’inquiétait également. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis dépêché de mettre les informations et les documents en ligne. Ainsi, ils pouvaient terminer le cours plus rapidement, mais ils pouvaient aussi garder le même horaire et donc la même routine. Ils avaient le choix.

Est-ce qu’il y a des enjeux particuliers liés à votre discipline?

Ce n’était pas un problème parce que mes cours n’étaient pas des laboratoires. Pour le cours de statistiques, il fallait par contre avoir un ordinateur et un accès au logiciel SPSS. Au début du confinement, j’ai écrit aux étudiants et étudiantes pour leur demander s’ils avaient tout ce qu’il fallait pour continuer le cours. Cela aurait pu être un enjeu, mais ça ne l’a pas été. Il n’y a pas eu de problème technique non plus et la plupart connaissaient Scenari.

Avez-vous des trucs à partager pour les professeures et professeurs moins habitués à l’enseignement à distance?

Suivre les formations du CPU ou toute autre formation du genre.  Se faire confiance. Se donner une chance de réussir. Et se donner le droit de se tromper. Par exemple, StudiUM permet de simuler un cours pour s’exercer et voir ce que l’étudiant ou l’étudiante voit. Je dirais aussi de ne pas se limiter à fournir une présentation PowerPoint commentée, d’y aller avec un peu de folie: vidéos sur YouTube qui bougent un peu plus, informations complémentaires en ligne, activités. Il y a tellement de possibilités.

Est-ce que des étudiants et étudiantes appréhendaient le passage en ligne?

Bien sûr, mais ce n’était pas les seuls! J’essaie d’encourager les étudiants et étudiantes, de leur donner beaucoup d’exercices, avec plus d’information que d’habitude, qui pourront leur montrer qu’ils ont compris. Et au trimestre de l’automne prochain, ceux et celles qui me connaissent pourront rassurer les autres.

Comment envisagez-vous la session d’automne?

J’ai entre autres un cours auquel sont inscrites 160 personnes; je vais probablement le commencer par une séance Zoom, si ça fonctionne, pour qu’elles posent des questions. Ensuite elles seront réparties dans des salles virtuelles et auront des exercices. Dans chaque salle virtuelle, un ou une auxiliaire d’enseignement sera là et je me promènerai d’une salle à l’autre pour répondre aux questions. Les cours en ligne sont intéressants pour les étudiants et étudiantes qui passent beaucoup de temps dans les transports pour assister à un cours de deux heures. Je pense que c’est une possibilité d’avoir quelques cours en ligne et des séances en présentiel à l’occasion. Cela pourrait être quelque chose d’intéressant.

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