Atténuer l’inflammation liée à l’âge

Des chercheurs ont découvert une nouvelle fonction accomplie par des protéines responsables de la réparation de l’ADN dans l’atténuation d’une réponse inflammatoire des cellules vieillissantes.

Des chercheurs ont découvert une nouvelle fonction accomplie par des protéines responsables de la réparation de l’ADN dans l’atténuation d’une réponse inflammatoire des cellules vieillissantes.

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En 5 secondes

Une équipe de chercheurs du CRCHUM découvre une nouvelle fonction de protéines responsables de la réparation de l’ADN, répondant ainsi à des questions datant de presque 10 ans.

Francis Rodier

Crédit : Bonesso-Dumas

Des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) ont découvert une nouvelle fonction accomplie par des protéines responsables de la réparation de l’ADN dans l’atténuation d’une réponse inflammatoire des cellules vieillissantes, aussi appelées cellules sénescentes, qui s’accumulent avec l’âge.

Selon les chercheurs, cette fonction permet de distinguer une cellule légèrement endommagée d’une cellule très malade ou vieillissante. Cette distinction pourrait permettre de réduire la réponse inflammatoire au bon moment pour améliorer le traitement des maladies associées au vieillissement.

Cette étude répond à des questions datant de presque 10 ans liant les dommages de l’ADN et l’inflammation chronique associée au vieillissement, aussi appelée inflammation liée à l’âge.

L’étude est publiée aujourd’hui dans le journal scientifique EMBO Reports. 

Nous en discutons avec le professeur Francis Rodier, du Département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire, chercheur au CRCHUM et à l’Institut du cancer de Montréal, qui a supervisé le travail de son postdoctorant Nicolas Malaquin, premier auteur de l’étude.

Votre percée est-elle importante pour comprendre les effets du vieillissement?

Tout à fait. Le vieillissement est accompagné d’une baisse de la santé globale, d’une baisse des fonctions normales des organes, mais aussi d’une augmentation des risques de souffrir de maladies telles que le cancer, l’athérosclérose, le diabète et l’alzheimer. Tout cela est provoqué par une inflammation chronique dite liée à l’âge. Nous savons que l’accumulation de cellules sénescentes ‒ ces cellules endommagées ne sont plus capables de proliférer ou de remplir correctement leur fonction, mais demeurent vivantes et actives dans l’organisme ‒ est responsable au moins en partie de ces problèmes.

C’est pourquoi il devient nécessaire de les maîtriser?

Exact. Les effets négatifs de cellules sénescentes sont principalement dus à la production d’une multitude de molécules pro-inflammatoires. Alors, il va de soi que cibler et chercher à atténuer cette inflammation ou simplement éliminer les cellules sénescentes sont des approches thérapeutiques prometteuses pour freiner les aspects néfastes du vieillissement et guérir les affections associées. Comprendre les mécanismes agissant sur cette inflammation paraît donc essentiel pour raffiner les approches thérapeutiques émergentes qui tentent d’améliorer la santé durant le vieillissement par la manipulation de la sénescence cellulaire.

Qu’est-ce que vous avez découvert dans votre laboratoire et est-ce porteur pour l’avenir?

Nous avons découvert un nouveau mécanisme qui permet de limiter l'aspect pro-inflammatoire des cellules sénescentes. Plus spécifiquement, nous avons mis en évidence une nouvelle fonction de protéines ‒ les protéines MRE11 et ATM ‒ connues pour leur rôle absolument essentiel dans la réparation de l’ADN. Enlever ces protéines ou inhiber leur action empêchent la production des molécules pro-inflammatoires par les cellules sénescentes. Notre étude permet de répondre à des questions laissées en suspens depuis près de 10 ans et ouvre des perspectives très intéressantes pour la suite de nos recherches. Il faut savoir que bien souvent trouver une réponse crée de nouvelles questions. Dans ce cas-ci, il faut maintenant trouver une façon d’interférer avec l’aspect pro-inflammatoire de ces protéines, sans les empêcher de réparer l’ADN correctement. Selon nos résultats, cela semble possible, donc les avenues de recherche sont déjà tracées.

À propos de l’étude

L’article «Non-canonical ATM/MRN activities temporally define the senescence secretory program», par Nicolas Malaquin et ses collaborateurs, a été publié dans la revue EMBO Reports le 12 août 2020.

À propos du Centre de recherche du CHUM

Le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) est l’un des principaux centres de recherche hospitaliers d’Amérique du Nord. Sa mission est d’améliorer la santé des adultes grâce à un continuum de recherche couvrant des disciplines telles que la science fondamentale, la recherche clinique et la santé des populations. Plus de 2150 personnes travaillent au CRCHUM, dont quelque 500 chercheuses et chercheurs et près de 650 étudiantes et étudiants et stagiaires postdoctorales et postdoctoraux. crchum.com

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