Nathalie Grandvaux s’attaque à la COVID-19 sur plusieurs fronts

  • Forum
  • Le 13 janvier 2021

  • Mathieu-Robert Sauvé
La professeure Nathalie Grandvaux a obtenu plus d’un demi-million de dollars de la Fondation canadienne pour l’innovation afin d’adapter le laboratoire du Centre de recherche du CHUM au «niveau de confinement 3», ce qui permet la manipulation de virus extrêmement dangereux comme le SRAS-CoV-2.

La professeure Nathalie Grandvaux a obtenu plus d’un demi-million de dollars de la Fondation canadienne pour l’innovation afin d’adapter le laboratoire du Centre de recherche du CHUM au «niveau de confinement 3», ce qui permet la manipulation de virus extrêmement dangereux comme le SRAS-CoV-2.

Crédit : CHUM

En 5 secondes

Formée en tant qu’ingénieure, la professeure de biochimie Nathalie Grandvaux est engagée dans la lutte contre la COVID-19 à plusieurs titres. Elle a même eu l’idée d’imprimer des écouvillons…

Nathalie Grandvaux

La pandémie actuelle n’est pas la première à frapper l’humanité «et ce n’est pas la dernière», lance l’ingénieure de formation et professeure de biochimie Nathalie Grandvaux, de l’Université de Montréal, qui propose dans ses recherches des angles d’attaque pour se préparer à faire face aux maladies infectieuses touchant les voies respiratoires. «Je me réjouis de constater que la communauté scientifique internationale a pu mettre à la disposition des populations des vaccins en un temps record. Dans mon laboratoire, nous visons une autre voie, celle de la guérison lorsque les gens sont infectés», dit-elle au cours d’un entretien par vidéoconférence.

Il y a quelques semaines, la professeure Grandvaux a obtenu plus d’un demi-million de dollars de la Fondation canadienne pour l’innovation afin d’adapter le laboratoire du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) au «niveau de confinement 3», ce qui permet la manipulation de virus extrêmement dangereux comme le SRAS-CoV-2. L’accès à ces pathogènes est essentiel pour pouvoir mieux les comprendre; le laboratoire du CRCHUM est le 5e au Québec (14e au Canada) à obtenir la certification de niveau 3 grâce à laquelle il est possible de travailler avec des virus respiratoires.

En plus de ses activités de recherche, Nathalie Grandvaux dirige le Réseau québécois COVID ‒ Pandémie avec Vincent Dumez, codirecteur du Centre d’excellence sur le partenariat avec les patients et le public de l’Université de Montréal, et le DFrançois Lamontagne, professeur et chercheur à l’Université de Sherbrooke. Mme Grandvaux coordonne les initiatives de recherche dans la lutte contre le coronavirus au Québec, qui visent à déterminer les meilleures façons d’atténuer les effets de la maladie contagieuse. C’est en raison de ce rôle, entre autres, qu’elle a été invitée sur le plateau de Tout le monde en parle en compagnie du journaliste Yanick Villedieu, le 15 novembre dernier, pour faire le point sur les vaccins contre la COVID-19.

Maillages

Le Réseau a été créé pour «trouver des réponses à la gestion de la COVID-19», mais il sert aussi à établir des liens entre les spécialistes. «C’est très important de mettre les gens en contact les uns avec les autres. Ces maillages font naître de nouvelles collaborations», indique Nathalie Grandvaux. La codirectrice est particulièrement fière de pouvoir compter sur un collègue comme Vincent Dumez. Atteint de trois maladies chroniques qui l’ont mené à fréquenter régulièrement les hôpitaux, ce dernier a acquis une compétence originale, celle du «patient expert». En 2010, M. Dumez a fondé le programme de patient partenaire de la Faculté de médecine de l’UdeM, qu’il dirige depuis.

Avant d’être cette figure de proue du mouvement scientifique québécois engagé dans la lutte contre la pandémie, la professeure Grandvaux s’est fait connaître par ses travaux sur les antiviraux. Elle compte actuellement 66 articles indexés dans le répertoire PubMed. «Les principales recherches dans mon domaine consistent à mettre au point des antiviraux qui ciblent l’hôte, en tant que solution aux antiviraux traditionnels qui favorisent l’apparition de virus résistants. Dans mon laboratoire, nous cherchons à comprendre l’interaction entre un virus et les cellules de l’hôte pour désigner les mécanismes qui pourraient être ciblés afin de concevoir de nouveaux antiviraux», dit-elle.

Dans le passé, elle s’était intéressée aux virus causant des problèmes respiratoires comme le virus respiratoire syncytial et elle s’apprêtait à se pencher sur le métapneumovirus quand la COVID-19 a frappé. Elle s’est aussitôt tournée vers ce nouveau pathogène. Ses protocoles s’appliquent à différents modèles in vitro et elle se concentre sur la recherche fondamentale. Mais c’est en comprenant mieux les mécanismes d’action des virus à l’échelle microscopique qu’on peut découvrir des cibles dans le métabolisme animal, y compris chez l’humain.

Elle persiste à penser que de nouveaux virus émergeront dans les prochaines années et qu’il faut s’y préparer le mieux possible. «Je crois que nous avons sous-estimé les risques quant aux pandémies comme celle que nous subissons aujourd’hui. Espérons que la crise actuelle nous donnera l’occasion de mieux planifier les stratégies de santé publique.»

Imprimer des écouvillons

Écouvillons

C’est à l’Institut national des sciences appliquées de Lyon que Nathalie Grandvaux a mené ses études d’ingénieure en biochimie et reçu un diplôme d’études approfondies en recherche en biochimie (maîtrise). Elle obtient en 1999 un doctorat de l’Université de Grenoble, puis s’attaque à un postdoctorat à l’Université McGill qu’elle termine en 2004. Elle est ensuite recrutée par le Département de biochimie de l’Université de Montréal et le Centre de recherche du CHUM. Adepte du travail collaboratif, elle a stimulé la participation de plusieurs chercheurs à différents projets.

C’est ainsi qu’elle a eu l’idée, avec d’autres, d’utiliser la technologie de l’impression 3D pour créer des écouvillons de prélèvement nasal «maison». Les prototypes, en cours de tests cliniques, sont très semblables à ceux qu’on utilise déjà en milieu hospitalier pour recueillir des échantillons nasopharyngés et révéler la présence du coronavirus.

«Notre projet consiste à permettre au personnel hospitalier de produire des écouvillons selon les besoins de leurs unités. Ça ne remplace pas l’approvisionnement industriel, mais ils peuvent servir à pallier les pénuries», commente-t-elle en montrant un prototype. Ces écouvillons peuvent être produits à peu de frais dans des endroits où l’approvisionnement peut poser problème.

Elle souligne que cette idée est née de la convergence de plusieurs objets d’étude en recherche et des besoins du milieu clinique. «Je crois que ma formation d’ingénieure y est aussi pour quelque chose…»

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