La vaccination est notre planche de salut, assure Caroline Quach-Thanh
- UdeMNouvelles
Le 15 janvier 2021
- Mathieu-Robert Sauvé
La Dre Caroline Quach-Thanh présentait aux Belles Soirées de l’Université de Montréal une conférence sur les enjeux de la vaccination au 21e siècle.
Il y a actuellement 73 vaccins en phase d’expérimentation clinique ou approuvés contre le SRAS-CoV-2, à l’origine de la pandémie, dans 46 pays. Au Québec, la campagne de vaccination va bon train avec l’injection à des milliers de personnes de vaccins qui ont subi avec succès les étapes d’approbation par Santé Canada. «Plusieurs se demandent si l’on n’est pas allé trop vite, si l’on n’est pas en train de construire l’avion en vol; je leur réponds que je ne crois pas et que la situation le justifie. Les phases d’expérimentation ont été scrupuleusement suivies et l’on dispose de suffisamment d’information pour assurer la sécurité des gens», a dit l’infectiologue Caroline Quach-Thanh, professeure à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, à l’occasion d’une visioconférence publique des Belles Soirées le 11 janvier.
Présidente du Comité consultatif national de l’immunisation, qui conseille le gouvernement fédéral sur les stratégies de prévention, elle est une habituée des médias, où on la voit et l’entend régulièrement informer la population sur l’enjeu de l’heure. Elle a d’ailleurs été retenue par l’équipe de L’actualité comme l’une des personnalités de l’année 2020. Dans sa visioconférence de deux heures à laquelle 276 personnes étaient inscrites, elle a abordé l’histoire de la vaccination et résumé les principaux défis que pose la prophylaxie contre l’ennemi public numéro un.
«Nous disposons de vaccins qui protègent la population à un taux d’environ 95 %; c’est très bon comparativement au vaccin contre la grippe, qui a un taux d’efficacité de 40 à 60 %», a-t-elle lancé. Certaines questions se posent dans l’urgence; faut-il, par exemple, distribuer toutes les doses reçues ou en garder un certain nombre pour la seconde injection? Le Québec a choisi son camp: vacciner le plus possible et espérer que les livraisons suivantes seront reçues. Mais l’outil est entre les mains des épidémiologistes et, si tout va bien, on aura vacciné 85 % de la population québécoise d’ici le mois de septembre, ce qui assurera l’immunité collective.
Que répondre aux antivaccins?
Mme Quach-Thanh n’a pas esquivé le sujet des mouvements d’opposition à la vaccination, présents au Québec comme ailleurs. «Un certain nombre de personnes craignent les vaccins pour des raisons historiques, religieuses et culturelles. Je ne crois pas qu’elles soient très nombreuses. En réalité, la grande majorité de la population est prête à se faire vacciner.» Cela dit, il y aura certainement des gens qui, par «aversion contre l’ambiguïté» ou parce qu’ils s’attendent à un «risque zéro», échapperont aux campagnes de vaccination.
L’histoire de la vaccination est un des grands succès de la médecine, a-t-elle rappelé. Des maladies comme la variole, la poliomyélite et la rubéole ont disparu de nos salles des urgences. Quant à la rougeole et à la tuberculose, elles ont réapparu après avoir été presque éradiquées. «Dans ma pratique, je n’ai jamais vu de personnes atteintes de polio ou de rubéole, mais j’ai été témoin de quelques cas de rougeole et d’oreillons», a mentionné la médecin rattachée au CHU Sainte-Justine.
La vaccination contre le coronavirus a fait l’objet d’un effort mondial qui a porté ses fruits. Sur le plan scientifique, la grande innovation est venue d’un type de vaccin qui passe par l’ARN messager. Une première. C’est la piste qu’a suivie l’entreprise de Québec Medicago, dont le produit est actuellement testé dans des essais de phases II et III, qui prévoit livrer 76 millions de doses au pays dans un avenir proche.
Selon les données rapportées par la littérature scientifique, les effets secondaires sont bénins. Une douleur au bras, parfois des maux de tête. Certaines variables sont encore mystérieuses pour la science. Le système immunitaire des femmes, par exemple, réagit généralement un peu mieux que celui des hommes à la vaccination.
Un public intéressé
La conférence de la Dre Quach-Thanh était prévue en avril dernier devant public, mais elle a été reportée au 11 janvier pour éviter de favoriser un foyer d’infection dans une salle de l’Université de Montréal…
Le public virtuel n’a pas semblé s’en plaindre. La directrice des Belles Soirées, Helena Urfer, qui animait la rencontre, a transmis une dizaine de questions à la conférencière, qui y a répondu avec clarté et compétence.
Caroline Quach-Thanh a précisé, en réponse à un participant, que les cas de réinfection étaient rares mais réels. À quelques exceptions près, la maladie frappe beaucoup moins fort après une première infection.
Elle a conclu par une prédiction pessimiste. «Nous craignons que ce coronavirus devienne saisonnier, malheureusement. Un peu comme la grippe contre laquelle on doit mener des campagnes de vaccination annuelles.»