Politique de libre accès de l’UdeM: la recherche accessible à tous, sans frais

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Avec sa nouvelle politique, l’UdeM s’engage à rendre accessibles à tous les publications savantes de sa communauté.

Vincent Larivière

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Dès le début de la pandémie et d’une manière jusque-là jamais vue, les chercheurs de partout sur la planète ont concerté leurs efforts et partagé le fruit de leurs recherches. La mise au point d’un vaccin en un temps record met en lumière l’importance, pour les scientifiques, d’avoir accès aux résultats des recherches effectuées par leurs collègues. En cette période de partage des connaissances à l’échelle mondiale, l’Université de Montréal est fière de présenter sa nouvelle politique sur le libre accès aux publications savantes. Fruit d’un groupe de travail créé par le Comité de la recherche et le Comité consultatif sur les bibliothèques de l’UdeM, elle était adoptée par l’Assemblée universitaire en décembre 2019 sous les auspices favorables des groupes représentés.

L’Université de Montréal poursuit ainsi un engagement de plus de 15 ans quant à la diffusion de la recherche en libre accès. Elle appelle tous les auteurs de l’UdeM à déposer leurs articles, chapitres de livres et communications scientifiques dans Papyrus, le site institutionnel accessible à tous où sont diffusés, notamment, les thèses et les mémoires des étudiants et des étudiantes.

Les études démontrent que plus une publication est accessible, plus elle est consultée. La diffusion en libre accès contribue au rayonnement des publications des chercheurs et chercheuses et fait augmenter le nombre de fois où ils sont cités. — Vincent Larivière

Cette politique de libre accès a été pilotée par le Vice-rectorat à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation de l’Université, de concert avec les Bibliothèques, qui ont mis en ligne une foire aux questions pour expliquer aux personnels enseignant et de la recherche la position de l’UdeM sur le libre accès, le rôle et la portée de la Politique ainsi que la manière de s’y conformer. Des ateliers et des séances d’information auront lieu les jeudi 4 et mardi 9 février.

Entretien avec Vincent Larivière, professeur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante.

Quelle est la philosophie derrière le libre accès?

La science est un bien public, financé collectivement: grâce aux impôts, le gouvernement canadien verse chaque année plus de trois milliards de dollars aux trois organismes subventionnaires que sont les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Or, on sait que plus large est l’accès aux fruits de la recherche, plus grandes sont les avancées de la connaissance. Il est donc légitime de réclamer que les résultats de la recherche soient accessibles au plus grand nombre possible de chercheurs et chercheuses. Pas uniquement à eux, du reste. Le public aussi tire profit de cette accessibilité de manière indirecte: votre médecin de famille, par exemple, peut lire des articles dans le domaine médical, tout comme l’enseignant ou l’enseignante de votre enfant peut se référer à ceux du secteur de la pédagogie.

Est-ce que la publication en libre accès est chose courante?

En fait, plusieurs membres des corps enseignant et de la recherche de l’UdeM publient déjà dans des revues qui diffusent elles-mêmes leurs articles en libre accès. Le nombre de ces revues augmente d’ailleurs chaque année et l’on en compte aujourd’hui plus de 10 000. Toutefois, 15 % des revues scientifiques résistent toujours au mouvement et n’autorisent pas un tel accès à tous.

D’où la clause de désengagement qui permet à un chercheur ou une chercheuse de déroger à la Politique…

Tout à fait. Parce qu’il faut bien le dire: les universités souhaitent que leurs chercheurs publient dans les revues les plus prestigieuses. Or, certains de ces grands éditeurs ne permettent pas le libre accès, ce qui place les auteurs devant une contradiction difficile à soutenir. La possibilité de déroger à la Politique constitue une voie de contournement dans ces cas-là. De plus, on constate que, parmi les politiques de libre accès implantées par les universités, celles qui possèdent une telle clause de désengagement ont le plus grand taux d’adhésion. Et si notre communauté de recherche accueille la nouvelle politique de manière aussi favorable, je crois que c’est en partie grâce à cette option de désengagement.

Depuis la mise en œuvre des premières politiques de libre accès, qu’avons-nous appris?

Ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas! On s’aperçoit assez clairement que les éléments suivants sont essentiels: le suivi des articles publiés afin de s’assurer du respect de la Politique, la mise en œuvre de conséquences en cas de non-respect et une infrastructure associée, comme un dépôt officiel d’articles de recherche.

Depuis 2015, les trois organismes subventionnaires canadiens ont leur politique de libre accès. Qu’est-ce que celle de l’Université de Montréal apporte de plus?

Tout d’abord, la Politique couvre la recherche financée autrement que par les trois organismes subventionnaires. Ces recherches sont elles aussi rendues possibles grâce à des fonds publics, c’est donc la même logique d’accessibilité qui s’applique. La politique de l’UdeM permet aussi d’assurer une certaine cohérence dans l’ensemble du processus. Puisque les organismes subventionnaires n’ont pas de mécanismes de surveillance qui permettent de savoir si les recherches qu’ils financent sont bel et bien en libre accès, l’Université de Montréal vient s’assurer, avec sa propre politique, du respect des règles formulées par le gouvernement fédéral. La politique de l’UdeM va aussi plus loin que celle des conseils en ce qu’elle inclut les chapitres de livres, et pas seulement les articles, et elle touche les étudiants et étudiantes, chargés et chargées de cours et professionnels et professionnelles de la recherche; il n’y a pas que les professeurs et professeures qui sont soumis à la Politique.

Comment se compare la politique de l’UdeM avec celle des autres universités canadiennes?

On va beaucoup plus loin: aucune université du pays n’a adopté une politique avec autant de mordant. À l’étranger, cependant, certains vont encore plus loin. En Europe, par exemple, une coalition soutenue par les organismes subventionnaires de 12 pays souhaite mettre en œuvre le plan S, qui stipule que toute recherche financée doit être publiée en libre accès et sans embargo, tout en interdisant la publication dans les revues à but lucratif.

La Foire aux questions des Bibliothèques: un guide essentiel pour accompagner la communauté de l’UdeM

La politique de l’UdeM implique le dépôt dans Papyrus des articles, chapitres de livres et communications scientifiques dès leur publication. La diffusion en libre accès se fera automatiquement par Papyrus, au plus tard 12 mois après la date de publication, tenant compte de la politique de l’éditeur.

Consultez la Politique de l’Université de Montréal sur le libre accès aux publications savantes.

La Foire aux questions comporte plusieurs aspects pratiques de la mise en application de la Politique, tel le Guide du déposant, des informations au sujet de la clause de désengagement et du processus à suivre pour s’en prévaloir.

Pour toute question sur la politique de libre accès, écrivez-nous: libre-acces(at)umontreal.ca.