Le dialogue sur l’IA est ouvert!

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L’éthique des nouvelles technologies vous intéresse? Participez au dialogue ouvert sur l'intelligence artificielle au cours d’ateliers virtuels qui se tiendront partout au pays du 30 mars au 30 avril.

Marc-Antoine Dilhac

À quoi servent les technologies d'intelligence artificielle (IA)? Vous inspirent-elles confiance ou, au contraire, de la méfiance? Leur utilisation est-elle éthique ou pas? Voilà autant de questions qui seront posées à toute la population canadienne en lien avec des thèmes bien précis dans le cadre des ateliers Dialogue ouvert organisés par le Groupe de travail sur la sensibilisation du public du Conseil consultatif en matière d'intelligence artificielle du gouvernement du Canada, en partenariat avec CIFAR et l’Algora Lab de l’Université de Montréal. Mais à quoi donc serviront les données recueillies au cours des discussions? La parole est donnée à Marc-Antoine Dilhac, coprésident du groupe de travail, professeur d’éthique et de philosophie politique à l’UdeM et membre de Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle.

Pourquoi interroger le public sur ce qu’il pense de l’IA maintenant?

Parce qu’on est encore au début d’une révolution du numérique, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle qui transforme un bon nombre de métiers et de relations sociales – par exemple entre le patient et son médecin, les élèves et leurs enseignants. Ces changements qui touchent déjà beaucoup de monde nous amènent à nous interroger sur la meilleure façon de rendre ces technologies acceptables pour tous. Pour pouvoir organiser au mieux les transformations engendrées par l’IA – irréversibles dans certains domaines, comme en médecine –, il est important d’établir un dialogue ouvert avec la population. C’est à chacun de dire si tel type d’application va changer sa vie en mieux ou, au contraire, lui imposer de nouvelles contraintes.

 

 

Ainsi est née l’idée démocratique de sonder la population…

Tout à fait. Notre groupe de travail porte principalement sur la littératie numérique et sur la façon d’augmenter les connaissances du public par rapport à l’IA. Dans un premier temps, nous avons mené une consultation par sondage pour connaître la perception sociale de l’intelligence artificielle. Dans un deuxième temps, nous cherchons à savoir comment la population canadienne perçoit les conflits de valeurs, que ce soit entre la sécurité et la vie privée ou encore la santé et l’anonymisation des données. Ces enjeux sociétaux, éthiques et politiques seront discutés dans les ateliers Dialogue ouvert, qui visent à mieux comprendre ce que le public perçoit et attend de l’IA. L’UdeM a en quelque sorte ouvert la voie à ce dialogue inclusif avec la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l'intelligence artificielle, dont elle a jeté les bases en 2017.

Comment se dérouleront ces ateliers et sur quoi porteront les discussions?

Chaque rencontre tenue dans différentes régions du pays va se dérouler sur Zoom et accueillera un maximum de 100 personnes – inscrivez-vous sans tarder! Les participantes et participants recevront d’abord un guide de délibération et un livret de scénario pour leur permettre de se préparer à la discussion. Lors de l’atelier d’une durée de deux heures et demie, ils seront répartis dans des «salles» Zoom en groupes de 8 à 10 personnes pour réfléchir sur les enjeux éthiques et sociétaux d’un cas d’usage lié aux domaines de la santé, des transports, de l’éducation, des assurances, etc. On leur demandera ensuite de présenter des réponses concrètes et des recommandations pour arbitrer les conflits de valeurs. Des ateliers sont prévus pour les Autochtones, en respect des pratiques délibératives propres à leur culture, et les jeunes de 13 à 17 ans. Notre objectif est de faire participer à ces échanges plus de 1000 personnes au Canada.

Au final, que ferez-vous de toutes ces données?

Les réponses recueillies dans les ateliers serviront à formuler des recommandations au gouvernement du Canada pour qu’il puisse adapter sa stratégie de sensibilisation à l’intelligence artificielle et effectuer une «cartographie» des raisons qui rendent une application susceptible d’être acceptée et une autre d’être rejetée. ll y a implantation de l’IA dans la mesure où les technologies ont la confiance du public.

Inscrivez-vous aux ateliers Dialogue ouvert.

Le rapport du Groupe de travail sur la sensibilisation du public pourra être consulté dès cet été.