Le chef Jean-François Rivest se joint à l’orchestre de chambre I Musici

Jean-François Rivest

Jean-François Rivest

Crédit : Amélie Philibert

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Pour Jean-François Rivest, professeur à la Faculté de musique de l’UdeM depuis 30 ans, sa nomination à la tête de l’ensemble à cordes I Musici de Montréal représente un heureux retour aux sources.

Le nouveau maestro ne cachait pas sa joie au lendemain de son premier concert avec l’orchestre de chambre I Musici de Montréal, donné le 13 mai devant public à la salle Pierre-Mercure. «Les gens étaient chaleureux et leur niveau d’attention élevé. Les musiciennes et musiciens ont la capacité de transformer la couleur du son instantanément, d’un simple mouvement de ma main. J’ai l’impression de conduire une Ferrari tout en souplesse!» nous confiait Jean-François Rivest en visioconférence.

En terrain connu

Cette «Ferrari», le chef a eu l’occasion de la conduire une fois, il y a longtemps, pour remplacer au pied levé le premier chef et fondateur d’I Musici, Yuli Turovsky. «On m’avait appelé en catastrophe parce que Yuli était malade. Autrement, il n’y a pas eu d’autres chefs invités.» Aussi, quelle ne fut pas sa surprise – et son bonheur – de se voir proposer la direction de l’ensemble pour succéder à Jean-Marie Zeitouni. Mais pour les membres de l’orchestre et la direction, c’était un secret de Polichinelle!

Il faut dire que Jean-François Rivest n’en est pas à sa première direction artistique, loin de là. Chef de l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM), qu’il a créé en 1993, le professeur de violon émérite s’est vu offrir tour à tour celle de l’Orchestre symphonique de Laval (de 1995 à 2005), de l’orchestre de chambre Thirteen Strings d’Ottawa (de 1999 à 2006), de l’Orchestre symphonique de Montréal comme second chef (de 2006 à 2009) et du Centre d’arts Orford (de 2009 à 2015). C’est sans compter ses innombrables prestations à titre de chef invité au Canada comme à l’étranger.

Un retour aux sources

Le maestro arrive ainsi en terrain ami. D’autant que la plupart des musiciennes et musiciens, il les connaît pour avoir joué avec eux, leur avoir enseigné à la Faculté de musique de l’UdeM ou les avoir dirigés à l’OUM ou ailleurs. Tous ces talents savent combien il est «énergique, incarné, viscéral et passionné» et aime faire appel à leur imaginaire: «Jouez un peu plus loin, dans la brume…» Ils savent aussi à quel point il est exigeant et fignole les œuvres jusque dans les moindres détails. «Mais je laisse place à l’imprévu, nuance-t-il. Je ne ferai jamais deux fois la même chose. Ça les porte à rester attentifs.»

Car la musique pour orchestres à cordes, «profonde et fondamentale», appelle une intensité psychologique et une variété de couleurs que seule une attention soutenue permet d’atteindre. «Tous les grands compositeurs – Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms, Tchaïkovski, Chostakovitch… – ont écrit des œuvres pour orchestres à cordes. Ce répertoire extraordinaire permet d’aller très loin sur le plan musical. En changeant simplement la pression de l’archet ou la longueur de certaines articulations, tout l’orchestre se met à sonner plus velouté, poétique ou belliqueux», fait remarquer Jean-François Rivest.

Une nouveauté et des projets pour la communauté

Une des premières choses que le nouveau chef a faites à son arrivée au sein d’I Musici, c’est de sonder les membres de l’ensemble sur leurs idées de programmation et d’activités. «J’en ai tenu compte dans mes choix, que je vous dévoilerai en septembre», précise-t-il en souriant.

Pour l’heure, ce qu’il s’autorise à dire, c’est que l’orchestre de chambre a désormais pignon sur rue à la salle Pierre-Mercure, dans le Quartier latin. «C’est la grande nouveauté! À l’origine, la salle avait été conçue pour I Musici. Elle a non seulement une qualité sonore exceptionnelle, mais avec ses 800 places, elle permet en outre de respecter la distanciation physique au besoin. De plus, le quartier est appelé à renaître.»

Le maestro insiste aussi sur le rôle de médiation ou de partage que l’orchestre est appelé à jouer dans la communauté montréalaise – en anglais community outreach. «I Musici de Montréal porte bien son nom. On a le devoir d’être présents à toutes sortes de paliers de la société. Certaines personnes sont intimidées par le fait de venir en salle. On veut créer des ponts avec des organisations, aller à la rencontre des gens et donner des concerts dans des parcs, des CHSLD, des écoles…» Il entend aussi poursuivre le Défi I Musici pour les jeunes artistes du primaire, du secondaire et du cégep. Bref, faire d’I Musici l’orchestre de chambre de toute la population montréalaise! «La musique est un plaisir simple, qui nous fait rire ou nous émeut. Je veux transmettre cette passion à tous les publics.»

Symphonie no. 3 de Mahler, 1er mouvement – Orchestre de l'Université de Montréal
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