Pandémie, enfants et école: comment faire mieux?

Selon les auteurs du rapport, la situation actuelle exige une intervention rapide pour atténuer les dommages potentiels causés par les perturbations qu’a vécues le système d’éducation.

Selon les auteurs du rapport, la situation actuelle exige une intervention rapide pour atténuer les dommages potentiels causés par les perturbations qu’a vécues le système d’éducation.

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Une professeure de l’UdeM a participé à l’élaboration d’un rapport visant à offrir des solutions pour atténuer les préjudices subis par les enfants et les jeunes durant la pandémie.

«Donner la priorité à la réouverture sécuritaire de toutes les écoles au Canada et faire en sorte qu’elles restent ouvertes. Les écoles doivent être les premiers lieux à ouvrir et les derniers à fermer.» 

Tel est le constat principal qui se dégage du rapport commandé par la Société royale du Canada pour connaître les effets de la pandémie de COVID-19 sur les enfants et les jeunes Canadiens dans le contexte scolaire.

Intitulé Les enfants et l’école pendant la COVID 19 et par la suite: offrir des occasions qui favorisent les interactions et suscitent l’intérêt des jeunes, le rapport a réuni une quinzaine de spécialistes du pays en éducation, neuropsychologie, psychologie et pédiatrie afin d’offrir aux décideurs politiques des recommandations pour une relance postpandémique en matière d’éducation.

«Avec ce rapport, nous espérons attirer l’attention sur les menaces réelles qui pèsent sur le bien-être, la réussite scolaire et le développement sain des enfants, en plus de proposer certaines pistes de solution», affirme Miriam Beauchamp, professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, qui a participé à l’élaboration du rapport.

«À l’aube d’une catastrophe générationnelle»

Miriam Beauchamp

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Selon les auteurs du rapport, la situation actuelle exige une intervention rapide pour atténuer les dommages potentiels causés par les perturbations qu’a vécues le système d’éducation. Une offensive qui commence par le maintien des écoles ouvertes dans des circonstances sécuritaires.

«Beaucoup d’enfants canadiens ont connu un désengagement quant à leur scolarité, des problèmes d’assiduité, une baisse des résultats scolaires, énumère Miriam Beauchamp. À ces indicateurs éducatifs traditionnels s’ajoutent des considérations liées à la sécurité alimentaire et physique, aux interactions sociales, aux services offerts en milieu scolaire.»

À ce chapitre, la chercheuse en neuropsychologie développementale rappelle que les écoles n’ont jamais été des lieux exclusivement d’enseignement. Elles fournissent des ressources alimentaires aux jeunes dans le besoin, des services à ceux en difficulté d’apprentissage, un cadre pour les signalements de violence et de négligence, elles sont un lieu propice pour développer la compétence sociale et un premier point de contact pour la prestation des services de santé mentale.

Levée de drapeaux rouges pour les jeunes vulnérables

Le rapport signale l’importance de prendre en considération l’influence plus profonde d’une pandémie sur les populations préalablement à risque.

«Il faut tout d’abord penser les vulnérabilités au sens large du terme: autant celles socioéconomiques qui sont souvent synonymes d’accès réduit aux ressources technologiques, de stress lié à l’emploi pour les parents notamment, que celles individuelles en lien avec la santé physique, mentale et cognitive», précise Miriam Beauchamp. La chercheuse fait ici référence à des problèmes d’apprentissage, au trouble du spectre de l’autisme ou encore à des déficits de l’attention par exemple.

«L’inquiétude est donc plus vive chez ces groupes, pour qui la fermeture des écoles signifie oui à l’apprentissage à distance autonome, mais également interruption de services essentiels à leur développement», poursuit-elle. 

Recommandations variées et critiques constructives

Outre la priorité de garder les écoles ouvertes et de prendre des mesures pour réduire les inégalités, le rapport aborde la mise en œuvre de mesures de prévention et de contrôle des infections dans les écoles, l’implantation d’une stratégie nationale en matière de santé mentale des jeunes, l’amélioration de l’accès à Internet et aux services numériques ou encore la priorisation de la récréation et des autres formes de pauses.

L’une des recommandations concerne l’amélioration de l’expertise des enseignants et enseignantes et l’appui à l’enseignement en tant que travail essentiel. Pas tout à fait une critique, mais plutôt une main tendue, tient à souligner Miriam Beauchamp.

«Les personnels enseignant et de soutien et les directions d’école ont dû adapter leurs environnements d’apprentissage dans l’urgence, se conformer aux directives changeantes de la Santé publique tout en essayant de maintenir l’intérêt et la motivation des jeunes. Ils ont déployé des efforts énormes, il faut le reconnaître et le valoriser. Notre rapport ne cherche donc pas à les critiquer, mais plutôt à voir comment nous pouvons tous nous améliorer et mieux les appuyer dans leur mission», conclut la chercheuse.

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