Le vœu de Rocket, le raton laveur des résidences universitaires de l’UdeM

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Le troisième prix du Concours de contes de Noël de l’UdeM a été remis à deux personnes, dont l’étudiant Salim el Rhilani.

Il était une fois un petit raton laveur doté de petits yeux curieux, masqués de noir, avec un beau pelage poivre et sel, teinté de roux, et une grande queue gris-brun. Il vivait paisiblement dans le creux d’un arbre, autour des ZUM. Il aurait bien voulu avoir aussi un bail de huit mois, chauffé, meublé, éclairé et connecté, mais malgré son esprit et son cœur grands ouverts, les ZUM ne pouvaient pas l’accepter. Ce qui l’attristait particulièrement.  

Tout de même, Rocket ne se plaignait pas trop: de sa tanière, il assistait gratuitement aux matchs des Carabins, en particulier aux rencontres de soccer, qu’il affectionnait particulièrement. Il se demandait même s’il ne pourrait pas organiser une partie sur le grand terrain gazonné, avec ses copains du mont Royal, un soir de pleine lune. Il aimait également se prélasser, incognito, la nuit, dans la piscine du CEPSUM. Rocket était un excellent nageur et un bon grimpeur. Il faisait aussi de longues promenades sur Édouard-Montpetit, dans l’espoir, il est vrai, de rencontrer une madame Rocket et de meubler ainsi ses longs moments de solitude. Pour manger, il vivait de la générosité des étudiants, sinon des poubelles bien remplies étaient à sa disposition, même s’il fallait éventrer quelques sacs. Bref, la vie était belle…  

Toutefois, le soleil qui illuminait sa tanière commençait à se raréfier, les premiers flocons étaient déjà là. Rocket n’avait pas de réserves de nourriture pour l’hiver. Il ne pouvait pas affronter le grand froid, il fallait qu’il cesse ses activités habituelles pour se terrer dans son antre. De plus, Noël approchait et alors il n’y aurait bientôt presque plus personne dans les résidences et donc plus d’approvisionnement. Rocket en avait assez de cette routine, de devoir se cacher l’hiver et de ne plus sortir…  

Il avait bien un cousin, Rufus, en Floride, à Deltona. Celui-ci était célèbre d’ailleurs pour avoir été pris la patte dans le sac dans un distributeur automatique de barres de céréales. Le rêve de Rocket était d’aller le rejoindre pour les fêtes: le soleil, la plage, peut-être de futures madames Rocket et bien sûr plein de distributeurs automatiques… Il fallait vivre dignement, les poubelles, ce n’était plus son truc. De plus, ces derniers temps, il préférait manger bio, juste des fruits secs et des glands, qu’il allait glaner dans le bois. Et puis devoir dépendre éternellement de la charité des autres heurtait quelque peu sa sensibilité. Il voulait fonder une famille et élever ses petits dans le respect et la dignité. Il souhaitait commencer une nouvelle vie. 

Le fameux cousin avait bien un courriel, mais Rocket ne captait plus le Wi-Fi des ZUM. Il se disait que Rufus l’hébergerait dans son terrier communautaire près de la plage.  

Triste et perdu dans ses pensées, Rocket n’entendit pas la petite voix. C’était une petite fée accrochée à une branche voisine qui lui parlait de sa voix mélodieuse:  

– Rocket, veux-tu que je t’aide à aller rejoindre ton cousin? 

Surpris, Rocket leva le museau vers la voix. 

– Qui es-tu, petite créature, comment peux-tu réaliser mon rêve? 

– Je suis la fée protectrice des ratons laveurs et je peux exaucer leurs vœux grâce à ma baguette magique. 

Émerveillé, Rocket lui dit: 

– Petite fée, je te serais éternellement redevable si tu pouvais me téléporter chez mon cousin. 

– C’est entendu, mais réfléchis bien, tu n’as droit qu’à un seul vœu, il n’y aura donc pas de retour possible ici. Tu me donneras ta réponse demain matin, le 24 décembre. 

Rocket passa la nuit dans un état euphorique, à s’imaginer en train de se baigner dans les vagues, se dorer au soleil, boire des mojitos accompagné des ratonnes de la côte. Adieu le froid, la neige, les batailles de boules de neige… Attendez, adieu les batailles de boules de neige? La patinoire du mont Royal? Les matchs de soccer des Carabins? Les promenades sur Édouard-Montpetit? Les compétitions avec ses chums du mont Royal? Les restes de poutine laissés par les étudiants? JAMAIS. 

Le matin du 24 décembre, Rocket avait pris sa décision et s’apprêtait à quitter sa tanière pour en informer la fée lorsqu’il entendit du bruit au pied de son arbre. 

– Joyeux Noël, Rocket!» Un groupe d’étudiants des ZUM déposa un grand sac rempli de victuailles et partit en chantant. Rocket, les yeux remplis de larmes, se félicita encore d’avoir pris la décision de rester près des ZUM, dans son Québec natal.  

 

 

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