La main de Leonardo DiCaprio doublée par un diplômé
- UdeMNouvelles
Le 18 janvier 2022
- Virginie Soffer
Un diplômé de l’UdeM en astrophysique a été engagé dans la comédie scientifique «Déni cosmique» pour doubler Leonardo DiCaprio lorsqu’il écrivait des équations.
Une nouvelle comète est découverte par la doctorante Kate Dibiasky. Pour établir sa trajectoire, le professeur Randall Mindy se lance dans de savants calculs. Vous avez peut-être vu cette scène interprétée par Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio par laquelle commence la comédie d’Adam McKay Déni cosmique, actuellement disponible sur Netflix.
Les complexes équations n’ont pas été écrites sur le tableau blanc par la main de Leonardo DiCaprio, mais par celle d’un spécialiste des astéroïdes et des petits corps célestes qui a été engagé spécialement pour cette scène. Il s’agit de Michaël Marsset, diplômé en physique de l’Université de Montréal et présentement postdoctorant à l’Observatoire européen austral. Nous nous sommes entretenus avec lui.
Être la doublure de la main de Leonardo DiCaprio, ce n’est pas courant! Comment avez-vous entendu parler de cette offre d’emploi?
En novembre 2020, la production a contacté le directeur du département d’astrophysique du MIT [Massachusetts Institute of Technology], où j’étudiais, en disant qu’elle recherchait une doublure pour la main de Leonardo DiCaprio. Le directeur a alors fait suivre ce courriel à mon superviseur, qui me l’a transmis à son tour. J’ai d’abord cru à une blague. Puis, je me suis dit que c’était une fabuleuse occasion, donc j’ai postulé.
J’ai ensuite été mis en contact avec la directrice de la distribution pour les doublures et les figurants. Elle m’a demandé de lui faire parvenir différentes photos de mes mains ainsi qu’une vidéo où j’écrivais sur un tableau. J’ai envoyé une vidéo amusante où je rédige une équation sur un tableau et où un astéroïde me tombe dessus.
Qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris que vous aviez été sélectionné?
J’étais tellement content!
Pour moi, Leonardo DiCaprio est un des plus grands acteurs de sa génération. J’étais ravi d’avoir la chance de pouvoir le rencontrer.
Comment s’est déroulé le tournage?
J’ai passé quatre jours sur les plateaux du tournage, près de Boston. Je me suis retrouvé à côté d’une réplique, presque grandeur nature, du gigantesque télescope japonais Subaru, qui se trouve à Hawaii. C’était très impressionnant.
C’est très intéressant d’observer le déroulement d’un tournage. C’est un processus extrêmement long, les mêmes scènes sont répétées avec des caméras qui filment sous différents angles. Le réalisateur qui donne des instructions à toute son équipe apparaît alors comme un peintre faisant une toile de maître.
Dans la scène que vous doublez, que représentent les équations que vous avez écrites au tableau?
Ce sont des équations qui permettent de calculer la trajectoire tridimensionnelle d’un objet du système solaire à partir d’un certain nombre d’images. Elles sont issues d’une publication scientifique de l’astronome britannique Brian G. Marsden.
Ces équations sont normalement produites par ordinateur. Pour un plus grand effet cinématographique, le réalisateur a choisi de montrer le professeur Mindy en train de les écrire sur un tableau.
La consultante scientifique du film, l’astronome et professeure au Lunar and Planetary Laboratory de l’Université de l’Arizona Amy Mainzer, a proposé, pour plus de réalisme dans cette scène, que le professeur s’adresse à ses étudiants pour leur montrer comment effectuer ce calcul.
Est-ce réaliste qu’une comète atteigne la Terre comme le montre «Déni cosmique»?
Heureusement, c’est extrêmement peu probable! Une comète d’un diamètre de 10 km qui frapperait la Terre est un évènement qui se passe en moyenne tous les 50 millions d’années. La dernière fois, c’était du temps des dinosaures!
La NASA a répertorié tous les objets de plus d’un kilomètre de diamètre qui pourraient potentiellement entrer en collision avec la Terre et à ce jour il n’y a pas de problèmes connus.
Il faut peut-être s’inquiéter des plus petits astéroïdes. Les scientifiques de la NASA et d’autres astronomes recherchent actuellement des objets de plus de 140 m de diamètre qui pourraient produire des dommages à l’échelle régionale. Tous les objets qui mesurent au-dessous de 20 m de diamètre environ sont moins problématiques, car ils se désagrègent complètement dans l’atmosphère terrestre. Cependant, même dans ce cas-là, l’onde de choc engendrée par l'entrée de ces objets dans l’atmosphère de la Terre peut être dangereuse.
En 2013, une météorite est tombée dans la ville de Tcheliabinsk, en Russie. Lorsqu’elle est rentrée dans l’atmosphère, la friction a créé tellement de lumière que les habitants se sont rués aux fenêtres pour voir ce qui se passait. Le son se déplaçant moins vite que la lumière, ce n’est que par la suite que les vitres ont explosé et ont fait de nombreux blessés. Un tel évènement dans une ville comme New York pourrait causer beaucoup de dégâts. C’est peut-être le danger auquel on est le plus exposé.
Le véritable enjeu que soulève le film, de manière à peine voilée, est celui du déni du réchauffement climatique face aux cris d’alarme lancés par la communauté scientifique.
Sorti le 24 décembre, «Déni cosmique» compte déjà plus de 321 millions d’heures de visionnement. Est-ce là une bonne occasion d’écouter la parole des scientifiques?
C’est le message du film et je l’espère! Si l’on ne parle pas de la fin de l’humanité, on parle de la possibilité de la fin du monde tel qu’on le connaît. Je me réjouis qu’une superproduction puisse conscientiser une grande partie de la population sur la nécessité de prendre soin de notre planète.