Facteur d’impact: l’UdeM signe la déclaration sur l’évaluation de la recherche

Crédit : Denis Farley

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En signant la déclaration sur l’évaluation de la recherche universitaire, l’UdeM souhaite encourager les meilleures pratiques en la matière.

Vincent Larivière

Crédit : Amélie Philibert

L’Université de Montréal fait désormais partie des quelque 21 000 signataires de la Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche. Cette initiative mondiale vise à rendre l’écosystème de la recherche plus équitable et inclusif, mais aussi à rappeler le rôle majeur que jouent les revues scientifiques dans la diffusion des résultats de recherche.

L’une des principales critiques formulées dans la Déclaration concerne l’importance accordée au facteur d’impact dans l’évaluation de la recherche. Pour mieux cerner cet enjeu, nous avons posé quelques questions à Vincent Larivière, professeur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal et vice-recteur associé à la planification et à la communication stratégiques.

Qu’est-ce que le facteur d’impact et pourquoi la Déclaration de San Francisco s’y attaque-t-elle? Quels sont ses effets pervers?

Le facteur d’impact est un indicateur de l’usage d’une revue savante basé sur le nombre de citations que la revue reçoit. Au départ, cet indicateur a été créé pour aider les bibliothèques à sélectionner les ressources documentaires auxquelles s’abonner. Toutefois, quand les revues électroniques sont arrivées, dans les années 90, et que les bibliothèques ont commencé à s’abonner à toutes les revues, le facteur d'impact a perdu de sa pertinence pour constituer les collections de périodiques scientifiques. La nature ayant horreur du vide, il a alors pris une place plus importante dans l’évaluation de la recherche.

Ainsi, on en est venu à considérer que, si vous publiez dans une revue avec un haut facteur d’impact, vos travaux de recherche sont de qualité. Essentiellement, on juge un article à la lumière de sa couverture. Cette conception a mené à certaines dérives au cours des 20 dernières années. D’une part, elle a renforcé le rôle de l’anglais dans le champ scientifique, puisque les revues avec les plus hauts facteurs d’impact sont dans cette langue. D’autre part, le facteur d’impact oriente les objets d’étude des chercheuses et des chercheurs: on priorise des thèmes plus à la mode au lieu du travail de fond que demande souvent la science. Certains pays ont même créé des primes à la publication basées sur le facteur d’impact, qui peuvent aller jusqu’à plus de 150 000 $ CA.

Existe-t-il d’autres mesures qui pourraient remplacer le facteur d’impact?

Le facteur d’impact est un très mauvais prédicteur de la portée des articles pris individuellement; on peut très bien publier dans une grande revue et voir son article tomber à plat. Les outils actuels permettent de mesurer la visibilité d’un article en particulier, que ce soit à partir des citations reçues ou de son écho dans les médias sociaux et dans différents quotidiens par exemple. Mentionnons toutefois que ces indicateurs ont également certaines limites et peuvent tout autant être influencés par des effets de mode ou de réputation. En somme, il importe de rappeler que la notion de «qualité de la recherche» demeure subjective – comme l’ont montré bon nombre d’études sur l’évaluation par les pairs – et que la meilleure façon d’évaluer un article est de se plonger dans son contenu… et de le lire!

Et pourquoi l’Université de Montréal a-t-elle décidé de signer la Déclaration?

Nous voulions faire partie de la solution et non pas du problème, il n'est jamais trop tard pour cela. L’UdeM a toujours eu des pratiques assez exemplaires du point de vue de l’évaluation de sa communauté de recherche. Il faut continuer à suivre les tendances les plus justes et équitables, qui préviennent les comportements déviants des chercheuses et des chercheurs, et prennent en compte les trajectoires de tous. Nous ne faisons pas de la recherche pour des scores, mais afin de faire avancer les connaissances et d’en faire bénéficier la société.

Nous espérons également que l’UdeM deviendra le porte-étendard de la Déclaration de San Francisco au sein de la Francophonie. En 2022, nous souhaitons relancer le mouvement et marteler l’importance de changer les mentalités, en plus de nous assurer que notre communauté est bien au fait des limites associées à l’usage d’indicateurs sur la recherche. En somme, nous voulons que l’UdeM soit partie prenante des discussions internationales relatives à l’évaluation de la recherche de façon que les avantages collectifs priment.

 

Pour plus d’informations sur le facteur d’impact et ses effets pervers, consultez cette synthèse rédigée par Vincent Larivière en 2018.

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