Elizabeth Mantha, l’ex-défenseuse des Carabins devenue arbitre aux JO

Elizabeth Mantha

Elizabeth Mantha

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Pionnière dans le monde du hockey féminin, l’ancienne défenseuse des Carabins Elizabeth Mantha s’apprête à arbitrer aux Jeux olympiques de Beijing.

Elizabeth Mantha brise les plafonds de verre comme elle s’est emparée des victoires lorsqu’elle était dans l’uniforme des Carabins de l’Université de Montréal: inlassablement.

Il faut savoir qu’elle est la première femme à se joindre au groupe d’arbitres de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, l’une des premières à travailler à titre d’officielle en chef pour un championnat mondial de hockey et la première ancienne du programme de hockey des Carabins à participer aux Jeux olympiques.

Ayant porté le numéro 15 des Carabins de 2011 à 2015, la Longueuilloise de 31 ans fait partie des 48 arbitres et juges de ligne qui viennent de débarquer à Beijing.

Celle qui laissera sa trace dans le livre d’histoire des Carabins, mais aussi dans celui du hockey féminin, se replonge dans ses souvenirs chez les Bleus et parle de sa fébrilité à la veille de son arrivée dans la capitale chinoise.

Qu’est-ce que vous retenez de votre passage à l’UdeM?

J’en garde un excellent souvenir. J’ai vraiment aimé tous mes cours – j’ai obtenu un baccalauréat par cumul en faisant trois certificats [criminologie, droit et relations industrielles].

Mais le plus marquant reste évidemment le hockey avec les Carabins, auxquels était rattaché mon principal cercle d’amis. L’ambiance était vraiment spéciale. Durant toute ma carrière de joueuse, les filles se sont suivies. Nous avons eu de très belles années, nous avons gagné plusieurs championnats québécois et canadiens. Pendant mes quatre années avec l’équipe, nous avons gagné quatre médailles aux championnats canadiens.

Les relations entre les joueuses étaient chaleureuses et, encore aujourd’hui, ce sont de très bonnes amies. Même chose pour les entraîneuses, Isabelle Leclaire et Danièle Sauvageau, qui nous ont transmis des valeurs qui vont au-delà du hockey. Ce sont de véritables mentores. Elles savaient que c’était une chose d’exiger de leurs étudiantes-athlètes qu'elles performent dans le sport, mais elles comprenaient que les études et nos aspirations étaient aussi importantes. Par exemple, quand j’ai eu l’occasion d’arbitrer, Isabelle m’a encouragée à la saisir, et ce ne sont pas tous les entraîneurs qui auraient accepté que j’arbitre en même temps que je jouais. Mais grâce à elle, j’ai pu progresser dans ma carrière d’arbitre.

Avez-vous encore un sentiment d’appartenance aux Carabins?

Oui, vraiment! Mais bien sûr, je reste neutre quand j’arbitre leurs matchs; de toute façon, je ne connais plus personnellement de membres de l’équipe. Il reste que les Carabins, c’est une famille et je vais toujours en faire partie.

Par exemple, quand les anciennes sont conviées aux matchs de début de saison, nous essayons toutes d’y aller, de garder le contact. D’ailleurs, pendant la pandémie, je continuais à m’entraîner au CEPSUM, Isabelle me laissait patiner selon les horaires des filles.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans l’arbitrage?

Au départ, c’est l’entraîneur des défenseurs des Carabins, Pascal Daoust, qui m’a donné l’occasion d’arbitrer dans les ligues de garage de l’UdeM le soir après nos entraînements ou la fin de semaine. Cela me permettait de gagner un peu d’argent.

Je me rappelle que, pendant que je jouais, je me mettais à observer de plus en plus les arbitres, j’essayais d’en apprendre davantage, cela captait mon attention. Au point où, un jour, Pascal m’a rencontrée pour me dire que je ne me concentrais plus sur les matchs! J’aime l’équité, quand les choses sont égales pour tous et j’aime faire partie de la solution.

Après toutes mes années de sport-études [cinq ans au secondaire, trois au cégep et cinq à l’université], j’avais fait le tour du jardin et j’étais rendue là dans mes choix de carrière.

Comment entrevoyez-vous les Jeux olympiques?

Je vis un mélange de stress et d’excitation. Le contexte sanitaire et politique, qui n’est pas simple, m’inquiète un peu. Mais j’ai très hâte, j’attends ce moment depuis plusieurs années et là, enfin, j’y suis.

Maintenant que vous avez atteint votre objectif, quelle sera la suite?

Avant je visais les Jeux olympiques de 2022, me disant que j’aurais alors 31 ans et qu’après je prendrais ma retraite pour fonder une famille. Pourtant, nous sommes en 2022 et je ne suis pas prête à m’arrêter!

L’été dernier, je ne savais pas que toutes ces nominations allaient arriver cette année, alors peut-être que l’avenir me réserve encore d’autres belles surprises. Je vais continuer à arbitrer et je vais voir où la vie me mène.

Justement, ces nominations brisent de nombreux plafonds de verre dans le monde du sport et particulièrement celui du hockey féminin. Êtes-vous fière de devenir un modèle pour bien des jeunes filles?

Je ne réalisais pas au départ que je pouvais avoir cette influence. J’apprends à aimer ce rôle et à vouloir en faire plus pour que les jeunes filles aient encore plus de possibilités. L’attention médiatique aide aussi, comme pour tous les autres sports. Les circonstances sont actuellement favorables afin de démocratiser le sport féminin pour les générations futures.

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