L’historien Frantz Voltaire en conférence dans le vestiaire

Crédit : Carabins de l’Université de Montréal

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Les Carabins ont invité l’historien Frantz Voltaire à donner une conférence dans un de leurs vestiaires le 21 février, à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs.

Frantz Voltaire

Crédit : Enviro photo

Frantz Voltaire, historien, documentariste et directeur du Centre international de documentation et d’information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne, a été invité à prononcer le 21 février une conférence-midi dans un vestiaire des Carabins de l’Université de Montréal. Frantz Saintellemy, chancelier de l’UdeM, sera présent pour lui poser des questions sur l’immigration des communautés noires au Québec.

Joueur de soccer lorsqu’il était jeune, Frantz Voltaire est emballé à l’idée de donner cette conférence. «Le sport, c’est un lieu de contact entre les immigrants et la société d’accueil, affirme-t-il. Il facilite l’intégration et avec ses champions, c’est aussi quelque chose de très visible. Il permet également à des talents naturels de briller et à des jeunes de quartiers difficiles de s’en sortir.»

Frantz Voltaire s’intéresse énormément à l’histoire de l’immigration haïtienne au Québec, particulièrement forte à la suite de l’instauration du régime répressif de François Duvalier, en 1957. La dictature a fait fuir plusieurs intellectuels, activistes politiques, artistes et professionnels, dont plusieurs sont venus au Québec alors que se mettaient en place les systèmes publics de santé et d’éducation. Est ensuite venue dans les années 1970 la deuxième vague d’immigration, puis le séisme de 2010 a suscité un élan de solidarité au Québec qui s’est traduit par l’accueil de plusieurs personnes en provenance d’Haïti.

Si, bien sûr, il reste des obstacles à l’intégration au Québec, l’historien voit de grandes avancées. «Il y a davantage de diversité dans les universités québécoises qu’il y a 20 ans. Si l’on regarde la composition du conseil municipal de Montréal, elle est diversifiée en termes non seulement d’origine ethnique, mais aussi de genre.»

Toutefois, avant de pouvoir crier victoire, il attend un grand moment: celui où la société réalisera à quel point la diversité est un atout. «Montréal est d’ailleurs une société diversifiée qui a le potentiel d’être, en la matière, une ville modèle.»

Les Carabins en constante amélioration

Plusieurs organisations sportives sont en questionnement à l’heure actuelle sur leurs pratiques associées à la diversité. La NFL (la ligue nationale de football américain) est d’ailleurs en eaux troubles depuis que l’entraîneur noir licencié des Dolphins de Miami, Brian Flores, a déposé un recours collectif contre l’organisation, qui compte un seul entraîneur noir pour 32 équipes composées à 70 % de joueurs afro-américains.

«Il y a déjà une belle diversité chez les Carabins, dans certaines équipes plus que dans d’autres, ce qui reflète que la pratique sportive varie d’une communauté à l’autre et nous continuerons à faire progresser les choses», dit Jean-Pierre Chancy, consultant chez les Carabins depuis qu’il a pris sa retraite comme coordonnateur du sport d’excellence. Ce rôle lui a permis de participer à une multitude de projets pour développer le programme des Carabins et de mettre en place des initiatives en lien avec l’équité raciale.

Il constate depuis environ deux ans, et surtout depuis la mort de George Floyd, que la société, dont fait partie la population étudiante, est sensibilisée à la question de l’équité raciale. «Il y a eu un éveil de conscience, du moins en Amérique du Nord, mentionne M. Chancy. Les gens ne veulent plus rester passifs sur ces questions et c’est très marqué chez les Carabins.»

Il a donc reçu le mandat de soutenir les équipes des Bleus dans la réalisation de différents projets. L’été dernier, c’était l’étudiante-athlète Ngalula Fuamba, joueuse de rugby, qui a voulu organiser une journée d’accueil au CEPSUM pour des jeunes du secondaire des communautés noires et autochtones. «C’est une journée qui contribuait à la promotion de la persévérance scolaire auprès des populations vulnérables, indique M. Chancy. Les membres des Carabins représentent des modèles pour les jeunes en milieu scolaire, alors c’est un type d’intervention qu’on privilégie.»

Le comité des étudiants-athlètes et étudiantes-athlètes a aussi créé un chandail qui montre la diversité comme une force et qui a été distribué à l’ensemble des Carabins.

Des actions qui sont tout à fait cohérentes avec le plan d’action Pour l’équité et l’inclusion 2020-2023 de l’Université. Il a comme objectifs, notamment, de désigner et de contrer les obstacles à un accès équitable à l’enseignement supérieur auxquels se heurtent les étudiants et étudiantes de groupes sous-représentés à l’Université ou dans certaines disciplines. Aussi, de faire de l’Université un milieu de vie inclusif, exempt de discrimination et représentatif de la diversité de sa communauté. «Nous avons été heureux, souligne M. Chancy, de voir que nos actions vont dans le même sens que ce qui se trouve dans ce plan.»

L’organisation de la conférence pour le Mois de l’histoire des Noirs, une idée de l’entraîneur de la ligne défensive de l’équipe de football Gladymir Charmant, d’origine haïtienne, a été appuyée par le Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux.

«La venue de Frantz Voltaire pour cette conférence qui sera animée par Frantz Saintellemy, deux personnes dont le parcours a d’ailleurs été marqué par le sport, suscite déjà de l’intérêt, notamment auprès des étudiantes-athlètes et des étudiants-athlètes, conclut M. Chancy. Et pour cette raison, on peut déjà dire que c’est un succès.»

Voir ou revoir la conférence sur l’histoire des Noirs
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