Nathalie Grandvaux et les médias sociaux: favoriser l’adhésion aux mesures sanitaires

Nathalie Grandvaux

Nathalie Grandvaux

Crédit : CHUM

En 5 secondes

Professeure au Département de biochimie et médecine moléculaire de l’UdeM, Nathalie Grandvaux est présente depuis mars 2020 sur les réseaux sociaux pour favoriser l’adhésion aux mesures sanitaires.

C’est en constatant que certains de ses proches manquaient d’information pour comprendre ce qui se passait au moment où la pandémie a atteint le Québec, en mars 2020, que Nathalie Grandvaux a pris son clavier à deux mains pour informer, par l’entremise des réseaux sociaux, le public sur le SRAS-CoV-2 et la maladie qu’il provoquait.

Spécialiste des infections virales respiratoires, Mme Grandvaux s’est alors donné comme mission d’expliquer en quoi les mesures sanitaires mises en place par le gouvernement étaient nécessaires afin de freiner la déferlante de COVID-19.

Ses interventions sur les réseaux sociaux ont aussi attiré l’attention des journalistes des médias traditionnels, auxquels elle a accordé un nombre incalculable d’entrevues, en plus de participer à différentes émissions scientifiques, dont Les années lumière, Carbone et Moteur de recherche.

Directrice adjointe scientifique des affaires étudiantes et postdoctorales du Centre de recherche du CHUM, où elle dirige également le laboratoire de recherche sur la réponse de l'hôte aux infections virales, Nathalie Grandvaux compte plus de 3700 abonnés sur Twitter.

Pour la suivre, il suffit de cliquer sur @NGrandvaux.

Pourquoi était-ce important pour vous de participer aux discussions sur les tenants et aboutissants de la pandémie?

J’ai ressenti le besoin d’expliquer les risques que posait – et pose toujours – cette maladie infectieuse, de même que les concepts de l’infection et des réponses inflammatoires et antivirales, qui sont mes sujets de recherche. La réaction du public a été très positive, ce qui a renforcé l’idée que je pouvais aider à la compréhension de la situation et à une meilleure gestion individuelle du risque en mettant en lumière les effets protecteurs des mesures sanitaires et leur adhésion par le plus grand nombre. Les réseaux sociaux sont alors devenus une porte de communication vers un plus large public.

Quel objectif poursuivez-vous en intervenant sur les réseaux sociaux?

Je crois que les gens informés par des données probantes et communiquées de manière vulgarisée gèrent mieux la situation. Cette pandémie est invisible pour plusieurs. C’était certainement le cas pendant les premières vagues. Peu de personnes connaissaient quelqu’un qui avait eu la COVID-19 et le virus est invisible tant qu’il ne touche pas un proche. Avoir de l’information précise basée sur la science est important afin de comprendre quel est le risque pour soi et pour les autres, et pour comprendre les mesures de santé publique. Par ailleurs, beaucoup de désinformation est apparue, surtout par les réseaux sociaux, et il m’a semblé crucial de contribuer à ce que l’information scientifique vérifiée soit prépondérante dans la société.

Les désinformateurs font-ils partie des personnes que vous cherchez à joindre?

Je ne m’adresse pas aux désinformateurs, qui sont malheureusement très peu ouverts à la discussion. J’aime débattre des idées, mais il n’y a souvent pas de place pour la discussion avec la désinformation. J’essaie de fournir la meilleure information, la plus documentée possible dans le respect des autres opinions. Je crois que la grande majorité des gens savent reconnaître une information de qualité.

Craignez-vous que les messages des désinformateurs fassent tache d’huile?

Ils le font très certainement et on le voit sur les réseaux sociaux. Des gens adhèrent à leurs discours pour de multiples raisons. Ma vision est de ne surtout pas abdiquer en leur laissant toute la place. Il faut un contrepoids bien présent avec une information vérifiée et de qualité.

Quand quelqu’un répond négativement ou agressivement à vos propos, comment réagissez-vous?

L’avantage des réseaux sociaux et des courriels, c’est qu’on a le temps de la réflexion avant de répondre. Il m’arrive d’écrire une réponse impulsive, histoire de ventiler, mais cette réponse n’est jamais envoyée. Si la réaction est agressive, je ne réponds pas, je l’ignore. Je ne tolère pas l’agressivité. Si la personne n’est pas d’accord et avance des arguments, je vais discuter. Je suis assez redoutable quand il s’agit d’argumenter: je suis capable de m’acharner longtemps si je suis convaincue que je suis face à de la désinformation!

Quels conseils prodigueriez-vous à vos collègues qui pourraient intervenir à leur tour sur les réseaux sociaux?

Mon principal conseil est certainement de se limiter à donner de l’information basée sur des données probantes et d’éviter le plus possible les discours d’opinion, même si les journalistes nous poussent parfois dans cette direction. L’autre point important est d’éviter les attaques personnelles. Les réseaux sociaux sont un terrain propice aux commentaires directs sur des personnes, mais il faut absolument éviter cette voie. Il vaut mieux critiquer les idées: fournir des contre-arguments devrait être l’arme utilisée contre la désinformation et pour une information de qualité.