Mathieu Nadeau-Vallée: de TikTok à Twitter pour contrer la désinformation auprès des jeunes et des moins jeunes
- UdeMNouvelles
Le 4 mars 2022
- Martin LaSalle
«Antidésinformateur» de premier plan, Mathieu Nadeau-Vallée est l’un des scientifiques québécois les plus influents auprès des jeunes et des moins jeunes sur les réseaux sociaux.
La rigueur scientifique dont fait preuve Mathieu Nadeau-Vallée sur les réseaux sociaux en a fait un influenceur québécois de premier plan auprès des jeunes et des moins jeunes.
Pour preuve, son compte TikTok – sur lequel il a publié des centaines de vidéos – totalise plus de 75 000 abonnées, tandis que 21 000 personnes le suivent sur son compte Twitter!
Titulaire d’un doctorat de l’Université de Montréal en pharmacologie et médecin résident en anesthésie, Mathieu Nadeau-Vallée se décrit comme un «antidésinformation» et les arguments qu’il met de l’avant incitent même des personnes indécises à relever une de leurs manches pour se faire vacciner afin d’être prémunies contre les effets délétères de la COVID-19.
Qu’est-ce qui vous a incité à utiliser les réseaux sociaux à titre de scientifique?
Le peu de gens qu’il y avait pour défendre la science sur les réseaux sociaux, en particulier lorsqu’une publication constituait de la désinformation. Comme j’étais déjà actif sur TikTok, j’ai constaté que c’était surtout les jeunes qui étaient ciblés par la désinformation, une tranche d’âge qui, au début de la campagne de vaccination, n’était que faiblement vaccinée. Je me suis inspiré de comptes créés par des scientifiques et médecins qui publient des capsules dans lesquelles ils répondent à des vidéos virales de désinformation par la présentation d’articles scientifiques rétablissant ainsi les faits. Le compte le plus inspirant selon moi est celui d’une professeure retraitée d’immunologie, @scitimewithtracy.
Quel objectif poursuivez-vous en intervenant sur les réseaux sociaux?
Je désire mettre à la disposition du public la bonne information et ainsi lui permettre de prendre une décision éclairée concernant la vaccination. Pour paraphraser les propos de Christie Wilcox, écrivaine et blogueuse scientifique, les médias sociaux sont des plateformes sur lesquelles les gens partagent et obtiennent de l’information. Il est donc primordial qu’il y ait une présence scientifique afin de rétablir les faits lorsque des informations incorrectes sont diffusées.
Quel est le public que vous visez en priorité?
Les personnes susceptibles de croire en la désinformation, ce qui constitue une population assez large qui inclut même des experts! La désinformation est de plus en plus organisée en cette période de pandémie et de plus en plus dangereuse. Parfois, elle est même propagée par des professionnels de la santé et des scientifiques… Il devient difficile pour beaucoup de gens de faire la part des choses.
Craignez-vous que les messages des désinformateurs fassent tache d’huile?
Oui. La désinformation se propage plus rapidement que l’information véridique, puisqu’elle est plus accessible et parfois plus simple et exagérément simplifiée, qu’elle peut comporter une charge émotive et qu’elle vient parfois répondre à des interrogations profondes que la plupart des gens ont.
En plus de se transmettre rapidement, même lorsqu’elle est démentie scientifiquement, elle est à l’occasion très difficile à taire. L’étude d’Andrew Wakefield en est un exemple: cette fraude scientifique laissait entendre qu’il y avait un lien entre le vaccin RRO [contre la rougeole, la rubéole et les oreillons] et l’autisme. Plus de 20 ans après, des gens y croient toujours, bien que plusieurs études aient invalidé ce lien depuis longtemps.
Quelle stratégie adoptez-vous pour éviter de vous faire aspirer par la controverse?
J’essaie de demeurer calme et neutre, de toujours appuyer mes propos par la littérature scientifique et de citer mes sources, de demeurer cordial dans mes échanges et de bloquer les utilisateurs irrespectueux ou mal intentionnés. J’emploie aussi l’humour pour alléger l’atmosphère.
Lorsque quelqu’un répond négativement, voire agressivement, à vos propos, comment réagissez-vous?
Je bloque toute personne irrespectueuse ou agressive. Les menaces sérieuses sont acheminées à la Sûreté du Québec.
Quels conseils prodigueriez-vous à vos collègues qui pourraient intervenir à leur tour sur les réseaux sociaux?
De bien s’entourer de pairs qui font la même chose qu’eux, de se constituer une équipe de modérateurs pour gérer leurs comptes et, surtout, de prendre des pauses de temps en temps!