«La tragédie de Carmen»: un drame intemporel percutant

UdeMNouvelles
Le 7 avril 2022

Les 12 et 13 avril, les solistes de l’Atelier d’opéra de l’UdeM et l’OUM, sous la direction de Jean-François Rivest, présentent «La tragédie de Carmen», dans une mise en scène de François Racine.

La tragédie de Carmen, que présenteront l'Atelier d'opéra de l'Université de Montréal et l'Orchestre de l'UdeM (OUM), est une adaptation de la nouvelle Carmen, de Prosper Mérimée, et de l’opéra de Georges Bizet réalisée par le metteur en scène Peter Brook, le compositeur Marius Constant et l’écrivain Jean-Claude Carrière. En empruntant des éléments à la trame narrative de Mérimée et de Meilhac et Halévy, les librettistes de Bizet, Brook et Carrière ont repensé et réorganisé l’histoire de Carmen. Quant à Constant, il a raccourci l’opéra, conservant les principaux airs et réagençant certaines mélodies. Il a réduit les effectifs vocal et instrumental, en plus de composer quelques intermèdes afin de rendre l’ensemble cohérent.

Cette relecture musicale et théâtrale de Carmen ramène l’action à l’essentiel, privilégiant ainsi le caractère tragique de l’intrigue. Débarrassée de tout artifice décoratif ou anecdotique, La tragédie de Carmen conduit le public au cœur même d’un drame passionnel et décuple l’intensité de la musique de Bizet en révélant toute sa profondeur.

Une mise en scène actualisée

François Racine signe ici sa troisième production de La tragédie de Carmen après avoir mis en scène à plusieurs reprises Carmen, de Georges Bizet. Tout en conservant la structure générale de Peter Brook, il a situé l’action dans le Mexique du 21^e siècle: le monde des contrebandiers décrit par Prosper Mérimée devient celui, plus violent et tragique, des trafiquants de drogue et Carmen se produit comme chanteuse dans le bar mal famé de Lilas Pastia. La mort, omniprésente dans l’adaptation de Brook, et la violence, sous-jacente chez Mérimée et Bizet, acquièrent ainsi une nouvelle dimension, amplifiant le côté dramatique et la densité de l’intrigue. La perspective proposée par Racine a incité les interprètes à réfléchir sur la portée du drame et à poser un nouveau regard sur les personnages du célèbre opéra de Bizet.

Au-delà du chant, le jeu scénique

La mise en scène joue sur deux dimensions temporelles et situationnelles, avec plusieurs retours en arrière, car à la veille de sa condamnation, don José se remémore les évènements qui l’ont conduit en prison. La difficulté pour les interprètes consistait à gérer ces transitions dans le temps et les lieux. Après avoir présenté sa vision de l’œuvre aux solistes de l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal, François Racine a amorcé le travail de mise en place. Mettre en scène une œuvre lyrique nécessite de tenir compte de l’aspect musical et de respecter le rituel propre aux opéras tout en exigeant des artistes un travail plus physique et mécanique, notamment dans des épisodes de danse ou de combat. Si ce travail représente parfois un défi pour les artistes lyriques, il leur permet d’élargir leur expérience du jeu dramatique.

Carmen: une héroïne intemporelle

En situant l’histoire dans notre siècle, le metteur en scène François Racine met en lumière l’intemporalité du mythe de Carmen, cette femme rebelle qui accepte sa destinée. La tragédie de Carmen adresse au public un message fort, percutant, et incite à se questionner sur le problème si préoccupant de la violence envers les femmes. Pour le public coutumier de l’opéra, La tragédie de Carmen offre une vision renouvelée de l’œuvre de Georges Bizet en évacuant certains clichés attachés aux protagonistes. Les amateurs de théâtre retrouveront la tragédie de Peter Brook actualisée. Quant à ceux qui ne sont pas familiarisés avec l’opéra, ils découvriront un drame dans lequel, comme au cinéma, la musique accompagne et soutient l’action. Dans tous les cas, de quoi piquer la curiosité!