Des médicaments plus chers pour les personnes assurées au privé

Au Québec, une personne couverte par une assurance médicaments privée paie, en moyenne, 9,35 $ de plus pour le même médicament prescrit qu’une personne assurée par la Régie de l’assurance maladie du Québec, une différence de 17,6 %.

Au Québec, une personne couverte par une assurance médicaments privée paie, en moyenne, 9,35 $ de plus pour le même médicament prescrit qu’une personne assurée par la Régie de l’assurance maladie du Québec, une différence de 17,6 %.

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En moyenne, un médicament prescrit coûte 17,6 % plus cher aux Québécois couverts par une assurance médicaments au privé, comparativement aux personnes qui sont assurées par le régime public.

Au Québec, une personne qui est couverte par une assurance médicaments privée paie, en moyenne, 9,35 $ de plus pour le même médicament prescrit qu’une personne assurée par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), soit une différence de 17,6 %.

C’est ce qui ressort d’une recherche effectuée par Michel Chamoun dans le cadre de son mémoire de maîtrise, sous la direction de la professeure Lucie Blais, de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.

Pour arriver à cette conclusion, M. Chamoun a analysé près de 39 000 catégories de médicaments à partir des données de réclamations de médicaments de 2015 à 2019 contenues dans la base de données reMed, conçue et administrée par l’équipe de recherche de Lucie Blais.

L’échantillon portait sur les réclamations soumises par près de 2300 personnes assurées par la RAMQ et quelque 9000 personnes ayant une assurance médicaments au privé. Les femmes représentaient 70 % des individus assurés dans les deux groupes.

Cibler l’influence du type d’assurance sur le coût des médicaments

Michel Chamoun

Michel Chamoun

Crédit : Photo de courtoisie

«Des études antérieures menées aux États-Unis et au Canada indiquaient que le coût moyen des médicaments pouvait être de 13 à 70 % supérieur pour les personnes assurées au privé, mais ces études comportaient certaines limites méthodologiques», écrit le diplômé de l’UdeM dans son étude, publiée récemment dans la revue BMC Health Services Research.

Il a donc élaboré un devis de recherche novateur afin de pouvoir comparer des molécules pharmaceutiques identiques, selon la même formulation en laboratoire, le même numéro d’identification de médicament (DIN) de Santé Canada, le même dosage et pour la même durée de traitement.

«La force de cette étude est qu’elle a permis de cerner très précisément l’influence du type d’assurance médicaments – privée ou publique – sur le prix d’un médicament prescrit», ajoute Lucie Blais.

Médicaments génériques plus chers que les originaux

Globalement, les 162 019 réclamations de l’étude se rapportaient à 12 570 patients québécois et l’analyse a porté sur 363 molécules pharmaceutiques et 1637 médicaments homologués par un DIN.

Michel Chamoun a observé que le coût moyen réclamé pour un médicament prescrit était de 62,34 $ chez les assureurs privés, comparativement à 52,99 $ au régime public d’assurance médicaments de la RAMQ, soit une différence de 9,35 $, équivalant à un coût 17,6 % plus élevé dans le privé.

«Nous avons aussi constaté que, dans le cas des médicaments génériques, les réclamations pour des prescriptions identiques étaient 27,8 % plus élevées au privé qu’au public, mentionne le chercheur. Par comparaison, cette différence était moindre pour les prescriptions de médicaments d’origine, soit 15 %.»

De même, parmi les 10 médicaments les plus prescrits, ceux destinés à traiter les maladies pulmonaires obstructives affichaient le plus grand écart de coût entre les régimes privés et public, soit 52,51 $.

Une différence qui n’est pas anodine

Lucie Blais

Lucie Blais

Crédit : Gilles Dubé

«Au Québec, le coût d’un médicament dépend de trois composantes: le prix des ingrédients, la marge du distributeur et les honoraires du pharmacien, explique Michel Chamoun. Ceux-ci sont fixés par la RAMQ dans le cas du régime public d’assurance médicaments, tandis que, dans le cas des assurances privées, ils sont déterminés librement par les pharmaciens propriétaires.»

Pour leur part, les assureurs privés sont de plus en plus nombreux à fixer un seuil au-delà duquel les honoraires du pharmacien ne sont pas remboursés et les portions résiduelles sont assumées entièrement par les assurés.

«Bien qu’il soit tout à fait légal pour les pharmaciens propriétaires de fixer leurs honoraires, nos résultats soulèvent la question de l’iniquité pour les consommateurs assurés au privé, souligne la professeure Blais. La différence moyenne de 9,35 $ peut sembler anodine à première vue, mais il s’agit d’une moyenne… et si une personne a sept ou huit médicaments à prendre chaque mois, ça peut représenter une somme importante.»

L’étude de Michel Chamoun soulève aussi la question de la rémunération des pharmaciens lorsqu’ils préparent des prescriptions couvertes par le régime public, selon Mme Blais.

«Préparer, distribuer et faire le suivi thérapeutique d’un médicament de médecine spécialisée qui coûte 1000 $ par mois – par exemple un médicament biologique – par rapport à un médicament de médecine générale qui ne vaut que quelques dollars ne représente pas nécessairement le même travail et les mêmes frais d’entreposage, mais les honoraires du régime public sont les mêmes pour le pharmacien, conclut-elle. On peut se demander si celui-ci est, dans ce cas, rémunéré à sa juste valeur, considérant qu’il doit voir à la rentabilité de sa pharmacie.»

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