Démences et troubles du sommeil: une corrélation se dessine

En 5 secondes

Le vieillissement altère le sommeil. Avec l’âge, le sommeil devient plus léger, l’horaire se décale et les troubles s’accroissent. Et si, inversement, le sommeil influait aussi sur le vieillissement?

Près de 50 % de la population âgée de plus de 55 ans présente une apnée obstructive du sommeil (AOS) légère ou modérée. Caractérisée par des arrêts momentanés de la respiration nocturne, elle résulte d’une obstruction – partielle ou complète – des voies respiratoires. Ces épisodes peuvent arriver des centaines de fois par nuit et durer de 10 à 30 secondes, parfois une minute.

Conséquences: ronflements, fragmentation du sommeil, somnolence et diminution de la vigilance diurne, mais également perte d’oxygénation du sang, inflammation du cerveau, voire destruction de neurones.

En constatant la prévalence de l’AOS dans la population adulte et ses répercussions sur le cerveau, pourrait-on croire qu’il existe des liens entre les troubles du sommeil et une dégradation des fonctions cognitives?

Nadia Gosselin se penche sur cette question. Directrice scientifique du Centre d’études avancées en médecine du sommeil et professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal, elle s’intéresse particulièrement à la relation entre l’AOS et les risques de souffrir de démence, comme la maladie d’Alzheimer.

«Grâce à la neuro-imagerie, nous constatons que l’AOS crée beaucoup d’œdème dans les régions du cerveau très sensibles au développement de cette maladie, notamment le cortex entorhinal», indique la chercheuse titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les troubles du sommeil et la santé du cerveau.

Mais rassurez-vous. Un sommeil non réparateur ou l’AOS ne mènent pas directement à la maladie d’Alzheimer. Il s’agit plutôt d’un facteur de risque. D’où l’intérêt de le dépister tôt.

Des solutions encourageantes

Nadia Gosselin s’affaire à accroître la sensibilisation auprès des professionnels de la santé pour une prise en charge précoce de l’AOS. Elle tient à rappeler que ce trouble du sommeil se traite, principalement grâce à un appareil de ventilation à pression positive continue (appareil de VPPC), une machine qui envoie continuellement une pression d’air pour garder les voies respiratoires ouvertes.

Fait important: ce traitement pourrait ralentir significativement la progression de la maladie d’Alzheimer.

«Nous avons récemment observé dans une étude préliminaire que l’utilisation d’un appareil de VPPC vient normaliser les changements dans le cerveau, précise-t-elle. D’autres équipes ont montré que l’appareil permet de repousser de 10 ans l’apparition de la maladie d’Alzheimer.»

Sommeil et alzheimer

L’engouement pour l’étude du sommeil dans une perspective de santé cognitive remonte au début des années 2010. Des recherches ont alors démontré que le sommeil joue un rôle dans l’élimination de certains déchets métaboliques accumulés pendant la journée, dont les protéines bêta-amyloïde et tau, toutes deux associées à la maladie d’Alzheimer. Un sommeil perturbé élimine ainsi moins de protéines, qui finissent par s’accumuler et s’agréger, contribuant à détruire des neurones.

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