De grands investissements au campus de Saint-Hyacinthe

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Le gouvernement du Québec finance l’aménagement d’un centre de simulation vétérinaire, d’un centre de compétences cliniques et d’un refuge animalier au campus de Saint-Hyacinthe de l’UdeM.

Un financement de 101 M$ a été accordé par le gouvernement du Québec afin d’aménager un centre de simulation vétérinaire, un centre de compétences cliniques et un refuge animalier au campus de Saint-Hyacinthe de l’Université de Montréal.

Le Centre de simulation vétérinaire permettra aux étudiants et étudiantes d’apprendre à maîtriser certaines techniques sur des modèles, des simulateurs et à l’aide de la réalité virtuelle avant de les mettre en pratique sur des animaux vivants.

Christine Theoret, doyenne de la Faculté de médecine vétérinaire, donne l’exemple d’un bandage à faire sur la jambe d’un cheval. «Ce n’est pas une procédure difficile, mais il faut tout de même l’apprendre en appliquant la bonne technique et en ayant de la rétroaction pour corriger ses erreurs, dit-elle. Si l'on fait le bandage la première fois sur un cheval qui bouge parce qu’il est nerveux, ce n’est pas l’idéal ni pour l’étudiant ou l’étudiante ni pour l’animal. Mieux vaut apprendre la technique en toute sécurité d’abord dans un contexte de simulation pour gagner en confiance et, ensuite, l’appliquer sur un animal en vie, ce qui comporte d’autres défis.»

Aux yeux de la doyenne, c’est un grand pas pour la Faculté de médecine vétérinaire alors que d’autres programmes, par exemple en sciences infirmières et en médecine, utilisent déjà la simulation.

L’UdeM a pu acquérir des équipements spécialisés pour le Centre grâce à un don d’un million de dollars versé l’an dernier par la Fondation Molson. «Il reste maintenant à installer ces équipements dans un endroit fonctionnel et accueillant», ajoute-t-elle.

Le Centre de simulation vétérinaire, qui aura une superficie d’environ 600 m2, permettra aussi de répondre à des besoins d’autres programmes, notamment au collégial. On pourra aussi y réaliser des activités de formation continue.

Centre de compétences cliniques

Un nouveau pôle animalier – centre de compétences cliniques sera aussi aménagé dans un bâtiment qui sera construit sur le campus de Saint-Hyacinthe. Cet immeuble de près de 7000 m2 regroupera les laboratoires d’enseignement et les animaleries, dont celles utilisées par le Cégep de Saint-Hyacinthe pour son programme de techniques de santé animale et actuellement situées au Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV).

«Transporter les animaux d’un endroit à l’autre sur le campus pour permettre aux étudiants et aux étudiantes d’acquérir des compétences de base n’est pas ce qu’il y a de plus efficace ni de plus éthique parce que les déplacements stressent les chiens et les chats», explique Christine Theoret.

De plus, ce lieu polyvalent permettra de moderniser l’enseignement et de répondre aux exigences en matière d’installations de l’organisme d’agrément du programme de formation en médecine vétérinaire.

Il faut d’ailleurs mentionner que les locaux libérés au CHUV ne resteront pas inoccupés. «On a besoin de cet espace parce que les cohortes étudiantes seront augmentées de 26 % en comptant les personnes acceptées dans le programme décentralisé à Rimouski, indique la doyenne. Or, pour leur quatrième année, donc dès 2027, elles seront accueillies au campus de Saint-Hyacinthe et au CHUV. Il faut donc plus d’espace pour permettre la formation clinique de nos futurs et futures médecins vétérinaires.»

Le Refuge

Le Refuge de la Faculté de médecine vétérinaire bénéficiera également d’un nouvel emplacement, adjacent au Pôle animalier – Centre de compétences cliniques. «Le Refuge est actuellement situé dans un lieu très exigu et l’on souhaite l’agrandir et le moderniser», affirme Christine Theoret.

Le Refuge, en plus d’accueillir des animaux en attente d’adoption, permet aux étudiantes et étudiants en médecine vétérinaire de mettre à profit différents types d’expériences cliniques. «C’est certain que c’est un endroit extraordinaire pour les stages parce que plusieurs interventions peuvent y être effectuées, notamment des stérilisations», illustre la doyenne.

Mais le Refuge accueille aussi des bénévoles des différentes années du programme qui veulent en apprendre plus. «En étant sur place, ils et elles peuvent graduellement apprendre à maîtriser diverses techniques, ajoute-t-elle. Et se familiariser avec les maladies courantes, les façons de poser un diagnostic, de réaliser un plan de traitement et de l’administrer.»

Également, la présence de plusieurs animaux permet d’acquérir les bases en matière de salubrité pour éviter la transmission de maladies au sein du Refuge. «C’est vraiment un lieu qui offre une occasion d’apprentissage très riche et très tôt dans le parcours de formation», signale Christine Theoret.

En raison du peu d’espace disponible, le Refuge est dans l’obligation en ce moment de refuser des animaux et de limiter le nombre de personnes qui les côtoient. «Or, la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM est la seule au Québec qui assure aux étudiants et étudiantes un très haut standard de formation, dit la doyenne. Nous devons faire en sorte que notre formation atteint le niveau de qualité exigé par l’organisme d’agrément américain et que nous sommes toujours en processus d’amélioration. Le nouveau Refuge en sera un bel exemple.»

Répondre à la pénurie

Rehausser ses installations de façon à mieux former, et en plus grand nombre, les futurs et futures médecins vétérinaires québécois est aussi un moyen que prend la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM pour tenter de répondre à la pénurie de vétérinaires dans la province.

«La pénurie est devenue plus évidente pour le grand public pendant la pandémie en raison des besoins des animaux de compagnie, mais elle existait bien avant et c’est pourquoi nous avons mis différentes stratégies en place pour la pallier», affirme Christine Theoret.

C’est ainsi qu’est née l’idée d’offrir un programme décentralisé à Rimouski, la pénurie étant particulièrement criante en région et dans le domaine bioalimentaire, donc pour les animaux de la ferme. «Nous faisons le pari qu’en formant des étudiantes et des étudiants en région ils y resteront ensuite pour établir leur pratique», poursuit la doyenne.

Mais alors qu’une étude du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec prévoit que le tiers des vétérinaires pour les animaux de la ferme prendront leur retraite en 2027, il fallait faire plus. C’est pourquoi, depuis 2020, le programme de médecine vétérinaire réserve 15 places par année à ceux et celles qui se dirigeront vers cette pratique. Brandon O’Farrell est l’un d’eux. Originaire de Saint-Malachie, dans la MRC de Bellechasse, il obtiendra son diplôme en 2024-2025.

«J’ai toujours voulu travailler avec les grands animaux, déclare-t-il. Je viens de la production de bovins pour la boucherie: mon oncle a repris la ferme de mon grand-père et j’ai commencé à travailler avec lui très jeune auprès des animaux. J’ai toujours aimé donner des soins, m’assurer que tout se passe bien dans la production.»

Pour lui, devenir vétérinaire pour les grands animaux est donc un rêve qui est en train de devenir réalité. «À la ferme, on travaille beaucoup à l’extérieur, ça bouge tout le temps, on fait toutes sortes de choses différentes, dit-il. On travaille aussi en collaboration avec les producteurs, notamment pour faire de la prévention. C’est un mode de vie.»

Et où prévoit-il aller pratiquer une fois ses études terminées? «C’est certain que j’ai ma région tatouée sur le cœur et que je pense bien y retourner, mais on ne sait jamais, mentionne-t-il. Je pourrais aussi aller dans une autre région. Chose certaine, je travaillerai avec les animaux de la ferme.»

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