Le leadership de Mike Sapieha récompensé

Mike Sapieha

Mike Sapieha

En 5 secondes

Le travail du professeur Mike Sapieha a été mis à l’honneur par la prestigieuse University College de Londres le 15 juin.

La University College de Londres, qui abrite l’un des centres de recherche en ophtalmologie les plus importants d’Europe, a reconnu la contribution exceptionnelle au domaine de l’ophtalmologie et de la science de la vision de Przemyslaw (Mike) Sapieha, professeur titulaire au Département d’ophtalmologie de l’Université de Montréal et professeur adjoint au Département de biochimie et médecine moléculaire de l’UdeM. «Je me sens à la fois très humble et honoré d’avoir reçu ce témoignage», confie celui qui a prononcé à cette occasion une conférence le 15 juin dans la capitale anglaise.

De l’industrie…

Mike Sapieha ne souhaitait pourtant pas marcher sur les traces de ses parents, tous deux chercheurs universitaires: «Adolescent et jeune adulte, j’explorais des options de carrière en science, en droit et en musique.» Les sciences de la vie le passionnent dès son jeune âge, mais c’est un cours de biologie au cégep qui lui donne la véritable piqûre. «On nous avait montré les structures moléculaires de l’estradiol et de la testostérone, qui sont essentiellement identiques, sauf pour un simple groupe chimique. Ça m’avait fasciné de voir à quel point de si petites différences étaient responsables d’une grande partie de la vie sur terre», se souvient-il.

Après des études de biochimie, il entame une carrière dans l’industrie des biotechnologies, plus précisément dans le domaine des médicaments contre le cancer. Il étudie les mécanismes de méthylation de l’ADN qui, dans certains gènes associés aux cancers, sont déréglés. Il participera ainsi à la mise en essai clinique d’un inhibiteur de la méthyltransférase, l’enzyme qui régule l’expression de ces gènes. Bien que ces essais n’aient pas abouti à un traitement clinique, ce côté pratique de la recherche reste au cœur des préoccupations de Mike Sapieha: «J’ai toujours voulu que mes recherches aient des fins applicables et utiles», dit-il.

… au monde universitaire

Après quelques années passées dans l’industrie, Mike Sapieha décide de se tourner vers le milieu universitaire et fait un doctorat à l’Université de Montréal. Inspiré par les travaux sur la régulation génique qu’il avait entrepris en industrie, il s’intéresse à la thérapie génique, qui recourt à un virus pour livrer un gène à l’intérieur de la cellule. L’œil s’avérant le meilleur organe pour cette livraison, Mike Sapieha s’oriente vers l’ophtalmologie. «Mon intérêt pour l’œil n’avait rien de poétique, j’utilisais l’œil comme modèle. Ça m’aura pris cinq ans pour véritablement développer une passion pour cet organe doté d’une biologie fascinante, et plus particulièrement pour la rétine, qui est le prolongement de notre cerveau», raconte-t-il.

Dès lors, il fait de l’œil et de la rétine son objet de recherche de prédilection. «À partir de là, j’ai décidé de consacrer le restant de ma vie à ces 400 micromètres de notre corps», poursuit-il. Il fait ensuite deux postdoctorats en biologie vasculaire, l’un à l’Université McGill et l’autre à l’école de médecine de l’Université Harvard.

Insuffler de l’espoir

À son arrivée à l’Université de Montréal, en 2010, il aménage un laboratoire spécialisé en science de la vision au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (CRHMR). Fidèle à sa volonté de travailler sur des recherches utiles à la population, Mike Sapieha s’attèle à l’étude des vaisseaux sanguins et plus précisément aux mécanismes et à l’origine d’une famille de maladies qui atteignent les vaisseaux sanguins et qui sont fortement répandues: la rétinopathie diabétique et la dégénérescence maculaire liée à l’âge, les deux principales causes de cécité dans le monde industriel.

Pour aider à les traiter, Mike Sapieha cherche à stimuler la croissance des vaisseaux sanguins dans les parties saines de l’œil, plutôt que de détruire les vaisseaux anarchiques qu’engendre la maladie, comme la plupart des médicaments le font présentement. Avec ses collaborateurs, il désigne deux mécanismes distincts à cibler pour mettre au point des médicaments qui favorisent la croissance de vaisseaux sanguins en santé. «À l’heure actuelle, les traitements pour les rétinopathies préviennent la croissance de tous les vaisseaux sanguins, même ceux en santé qui sont essentiels pour livrer l’oxygène et les nutriments à l’œil. Nous proposons une nouvelle façon d’aborder la maladie», souligne le professeur.

Afin de poursuivre le développement de ces médicaments, il fonde une compagnie. En 2021, la pharmaceutique multinationale Roche signe une entente avec cette compagnie pour obtenir les droits sur ces nouvelles molécules créées dans le laboratoire de Mike Sapieha au CRHMR. C’est l’amorce d’une longue collaboration qui réussira, espère-t-on, à mener ces médicaments sur le marché. Parallèlement à ces travaux, Mike Sapieha se penche sur un autre mécanisme moléculaire aussi découvert avec un collaborateur au CRHMR et qui permet à la rétine de se régénérer. Il travaille ici avec une société de la Silicon Valley dont il est devenu le chef scientifique. Les essais cliniques dans divers centres aux États-Unis et au Canada pour le traitement de la rétinopathie diabétique et de la dégénérescence maculaire liée à l’âge sont en cours.

Dans l’avenir, le chercheur souhaite continuer sa quête de nouveaux médicaments par exemple pour la forme sèche de la dégénérescence maculaire, de loin la forme la plus fréquente de la maladie (de 85 à 90 % des cas). Chose certaine, Mike Sapieha gardera un pied dans la recherche et l’autre dans l’industrie. «J’aime l’aspect créatif du milieu universitaire et l’aspect concret du développement du médicament dans l’industrie», conclut-il.