Rhita Harim, la bachelière en droit en quête de justice sociale

Rhita Harim

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Crédit : Photo de courtoisie

En 5 secondes

La diplômée en droit Rhita Harim a fait de son parcours universitaire un instrument pour s’attaquer aux enjeux de société.

Profilage ethnique, condition féminine, représentativité des femmes racisées, parité dans les structures décisionnelles: autant d’enjeux qui préoccupent Rhita Harim, fraîchement émoulue du baccalauréat en droit de l’Université de Montréal.

Fille d’une mère immigrante de première génération et ayant grandi dans le quartier Saint-Michel à Montréal, Rhita Harim a fait face très tôt aux défis liés à l’immigration, à l’accès au logement et à l’éducation ainsi qu’au racisme systémique. Rapidement, elle suit les pas de sa mère, très active dans la communauté.

Elle bénéficie du soutien d’intervenants communautaires qui l’incitent à s’inscrire dans une école internationale et à cultiver son intérêt pour la justice sociale et le droit. Rhita Harim participe alors, par l’entremise du Forum jeunesse de Saint-Michel, à la vie démocratique du quartier, en plus de s’engager auprès du collectif MTL sans profilage.

Elle devient ensuite bénévole à la Clinique juridique Saint-Michel (CJSM) pour permettre un meilleur accès à la justice, combattre le profilage racial et prêter main-forte aux résidants de son quartier en leur donnant notamment de l’information juridique. Puis elle entre au baccalauréat en droit et ses horizons s’élargissent davantage.

Le droit, «un levier incroyable»

En commençant ses études, Rhita Harim réalise qu’elle deviendra encore plus outillée pour contribuer à changer la société, un désir qui l’habite depuis qu’elle est petite.

«Apprendre le droit, c’est comme apprendre une nouvelle langue, croit l’étudiante. C’est comme si l’on avait de nouvelles lunettes grâce auxquelles on peut mieux comprendre la société et ses règles, surtout quand on prend conscience que tous les rapports qui régissent la société sont juridiques. C’est un énorme privilège d’avoir accès à toutes ces informations.»

Et ce savoir, Rhita Harim veut le partager. Bien vite, elle obtient une première subvention pour la CJSM et devient coordonnatrice et directrice générale de l’organisme. Appuyée par ses collègues, elle met sur pied le projet Accès à la profession, qui vise à valoriser les professions juridiques auprès des jeunes du quartier Saint-Michel, particulièrement ceux appartenant aux minorités visibles. «C’est important d’incarner un modèle de réussite et de montrer que des études en droit ou en médecine sont accessibles, et d’être le visage de la diversité», dit-elle.

Au chapitre des enjeux raciaux, Rhita Harim est également l’instigatrice, en collaboration avec Me Fernando Belton, d’un cours universitaire sur le profilage racial, le premier du genre au Canada. Donnée pour la première fois à l’été 2021 à l’Université d’Ottawa, la formation sera offerte à l’Université de Montréal cet hiver.

Pour son indéfectible engagement à promouvoir l’égalité et l’équité, il n’est pas surprenant que la bachelière ait reçu cette année le prix Rosalie-Silberman-Abella, décerné par la Société royale du Canada.

Et la suite?

Son diplôme en poche, Rhita Harim est loin de s’asseoir sur ses lauriers. «Quand la justice sociale fait partie de votre identité, c’est impossible de vous arrêter, affirme-t-elle. Je suis tellement reconnaissante de ce que mon quartier m’a apporté que je veux continuer à redonner toute ma vie.»

C’est pour cette raison qu’elle siégera au conseil d’administration de la CJSM alors qu’elle fait actuellement son barreau, que les examens sont à venir, qu’elle effectuera un stage au réputé cabinet Norton Rose Fulbright, qu’elle prévoit s’inscrire au programme Juris Doctor et que des projets de stages humanitaires germent dans son esprit plus qu’allumé.

Bref, son avenir semble se dessiner à l’image de son parcours universitaire: aux multiples facettes et marqué par le don de soi.