Trois astrophysiciennes qui font rayonner la science à travers l’iREx

De gauche à droite: Marie-Eve Naud, Frédérique Baron et Nathalie Ouellette.

De gauche à droite: Marie-Eve Naud, Frédérique Baron et Nathalie Ouellette.

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

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Les astrophysiciennes Marie-Eve Naud, Frédérique Baron et Nathalie Ouellette sont au cœur du rayonnement de l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes auprès des jeunes et des moins jeunes.

Qu’il s’agisse de vulgariser l’astronomie auprès des enfants ou de faire connaître les découvertes auxquelles participent ses équipes de recherche, l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes (iREx) de l’Université de Montréal compte dans ses rangs trois astrophysiciennes qui éveillent l’intérêt du grand public et des jeunes pour la culture scientifique et qui transmettent leur passion de scruter l’Univers dans son immensité.

Marie-Eve Naud, Frédérique Baron et Nathalie Ouellette occupent des fonctions stratégiques importantes à l’iREx, qui regroupe les meilleurs chercheurs et chercheuses et leurs étudiants et étudiantes qui ont pour objectif ultime de trouver de la vie ailleurs.

Coordonnatrice des activités de communication et d’éducation scientifiques à l’iREx, Marie-Eve Naud travaille à l’Institut depuis 2017.

Arrivée peu de temps après, Frédérique Baron est médiatrice scientifique à l’Observatoire du Mont-Mégantic (OMM) et à l’iREx, où elle est également responsable de projets d’instrumentation astronomique au Laboratoire d’astrophysique expérimentale.

Coordonnatrice de l’Institut depuis 2018, Nathalie Ouellette assume désormais la fonction de directrice adjointe de l’iREx et de l’OMM. Elle agit aussi à titre de scientifique chargée des communications pour le télescope spatial James-Webb, en collaboration avec l’Agence spatiale canadienne.

Titulaires d’un doctorat en astrophysique, les trois femmes nous parlent de leur parcours et des aspirations qu’elles nourrissent pour l’avenir de l’iREx.

À quel moment de votre vie avez-vous eu la piqûre pour les sciences et pour l’astrophysique en particulier?

Marie-Eve Naud: Je n’étais pas passionnée par l’astronomie quand j’étais petite, mais j’étais très curieuse de tout et je levais ma main trop souvent en classe! En fait, ce sont les grandes questions philosophiques qui se sont d’abord imposées à moi: j’étais fascinée par la question «Sommes-nous seuls dans l’Univers?» Je n’étais pas particulièrement bonne en physique, mais au fil du temps, je me suis rendu compte que mes questionnements trouvaient un écho dans les réponses que la science pouvait apporter. Après avoir interviewé Robert Lamontagne et René Doyon dans le cadre d’un projet intégrateur au cégep, j’ai trouvé ma voie et je me suis lancée avec passion dans des études en astrophysique et en astrobiologie, avec un fort penchant pour la vulgarisation scientifique.

Frédérique Baron: Je ne suis pas de celles et ceux qui sont devenus astrophysiciens parce qu’ils aimaient regarder le ciel et les étoiles quand ils étaient enfants… Vraiment pas! Par contre, j’avais un intérêt très marqué pour la science, je lisais assidûment le magazine Les Débrouillards et j’aimais ramasser des roches – et encore aujourd’hui, j’en ai toute une collection! Je n’ai pas aimé la physique au secondaire, mais j’ai étudié les sciences pures au cégep en m’orientant vers la géologie et j’ai alors vraiment découvert la physique. Mes professeurs m’ont encouragée à poursuivre mes études à l’université, où j’ai d’abord été attirée par la matière condensée, puis je me suis intéressée à l’astronomie et plus particulièrement aux exoplanètes.

Nathalie Ouellette: Mon profil est plus stéréotypé que celui de mes collègues! Enfant, j’avais deux modèles scientifiques à la maison: mes parents étaient ingénieurs, et ma mère, immigrante vietnamienne, construit des avions depuis que je suis née et elle est mon modèle féminin. Aussi, vers l’âge de neuf ans, j’ai vu la comète Hale-Bopp et j’ai ressenti beaucoup de magie! Comme j’étais une enfant plutôt solitaire à l’époque, je me suis bâti un petit monde intérieur et j’essayais de comprendre la magie créée par la nature, comme les nuages, les étoiles et, plus tard, les galaxies et les nébuleuses, qui sont devenues l’objet de mes recherches doctorales.

Quels sont les éléments de votre travail qui vous motivent le plus?

Marie-Eve Naud: Au cours de la dernière décennie, les changements climatiques ont pris une grande importance. Ils nous amènent à tenter de mieux comprendre la Terre à travers les recherches que l’iREx effectue par rapport à ce qui se passe ailleurs dans notre système solaire et dans l’Univers: notre vision d’astronomes nous permet de voir notre planète de loin, de constater que nous vivons sur un petit vaisseau spatial unique qu’il faut protéger et je souhaite pouvoir transmettre cette vision pour nous permettre collectivement de nous engager à protéger notre vie sur Terre.

Frédérique Baron: C’est de montrer que les scientifiques sont des gens normaux et accessibles, comme les autres: même avant l’arrivée de la pandémie, il y avait une érosion de la confiance à l’égard de la science qui s’est accentuée par la suite au point de polariser une grande partie de la population. Selon moi, l’astrophysique est une science extraordinaire parce qu’elle a le potentiel de réunir les gens à travers leurs différences et de contribuer à maintenir le dialogue: la Lune est là, Jupiter est très visible ces temps-ci, les étoiles sont tout autour de nous… Ce sont là des faits vérifiés que tout le monde peut observer et dont on peut parler!

Nathalie Ouellette: C’est la vocation sociale de l’iREx qui me motive le plus. La crise de confiance d’une partie du public à l’endroit de la science est inquiétante et, en tant qu’astrophysiciennes et astrophysiciens, nous avons la responsabilité de promouvoir la connaissance scientifique, de la partager. En général, l’astrophysique suscite la confiance des gens et je veux leur permettre de comprendre les processus qui mènent aux découvertes, montrer que c’est accessible afin que toutes et tous aient une meilleure culture scientifique.

Que souhaitez-vous réaliser au sein de l’iREx au cours des prochaines années?

Marie-Eve Naud: Nous faisons partie de la génération de scientifiques qui ont réalisé des pas de géant dans la recherche des exoplanètes et de la vie extraterrestre et nous obtiendrons encore plus de réponses avec le télescope James-Webb. Et l’iREx – qui est un milieu de travail effervescent et très accueillant, au point que je le considère comme ma deuxième famille – possède une expertise en cette matière. Notre volet éducatif nous permet de transmettre le savoir et d’accentuer le dialogue avec les jeunes et les moins jeunes tout en contribuant à accroître leur sentiment de compétence et d’appartenance vis-à-vis des connaissances scientifiques. Je veux continuer à jouer ce rôle de communication active qui me permet aussi de continuer à apprendre des personnes qui nous accueillent.

Frédérique Baron: L’iREx est une belle machine de création de connaissances pour faire la conversation avec les petits comme les grands et j’entends continuer à rendre ces connaissances accessibles, à planter une petite graine dans la tête des enfants, de leurs parents et de leurs proches pour qu’ils s’éveillent à la culture scientifique et s’intéressent à la façon dont on conçoit les instruments qui permettent de voir les exoplanètes. Et je caresse le rêve que l’iREx contribue à la mise au point des instruments du futur qui conduiront à de nouvelles découvertes!

Nathalie Ouellette: J’aime apprendre et enseigner et je souhaite continuer à le faire au sein de l’iREx. L’accès privilégié que nous avons aux chercheurs et aux chercheuses nous aide à communiquer l’objet de leurs quêtes. Je souhaite aussi que le Canada continue de rayonner en astrophysique et l’iREx est bien placé pour favoriser ce rayonnement: c’est un partenaire de choix pour la communauté scientifique internationale et notre équipe l’a bien démontré au cours des dernières décennies en prenant part aux travaux qui ont permis – de concert avec la NASA, l’Agence spatiale canadienne et d’autres collaborateurs – de créer et de lancer le télescope James-Webb. Notre objectif est de faire en sorte que l’iREx participe de nouveau à l’élaboration des prochains grands télescopes.

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