La profession enseignante sous les projecteurs

Crédit : Cindy Boyce

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Les professeurs et chercheurs de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal prennent la parole à l’occasion de la Semaine des enseignantes et des enseignants.

À l’occasion de la Semaine des enseignantes et des enseignants, du 5 au 11 février, les professeurs et professeures ainsi que les chercheurs et chercheuses de la Faculté des sciences de l’éducation (FSE) de l’Université de Montréal s’expriment sur l’avenir du milieu de l’éducation. Leurs témoignages se greffent à ceux destinés à revaloriser cette profession, que plusieurs qualifient toujours de plus beau métier du monde.

«J’admire les personnes enseignantes. Leur présence compétente et rassurante mérite qu’on leur offre tout notre soutien et notre reconnaissance», dit Mélanie Paré, professeure au baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire.

Les enseignants agissent à la base de notre société et préparent nos enfants au monde de demain, ces adultes bâtisseurs d’avenir. Leur prise de parole mérite toute notre attention.

L’enseignement, une profession noble

Certains métiers sont les piliers d’une société et la profession enseignante en fait partie. Isabelle Vivegnis, professeure au Département de psychopédagogie et d'andragogie de la FSE, constate que la profession enseignante demande une qualification de plus en plus élevée.

«La valorisation de la profession passe par la reconnaissance qu’on doit aux enseignants, qui forment les citoyens de demain. Enseigner, ce n’est pas juste “aimer les enfants” ou posséder de nombreux savoirs! L’enseignant se doit d’être un pédagogue, soit quelqu’un qui maîtrise l’art d’enseigner, d’éduquer et qui a les qualités essentielles pour expliquer, motiver ses élèves et leur apprendre à apprendre», déclare la professeure.

Elle ajoute que cette palette d’exigences demande qu’on rende à l’enseignement ses lettres de noblesse sans tarder!

Cultiver la créativité et valoriser l’innovation

Pour Anne-Marie Émond, professeure au Département de didactique, l'un des défis de l'éducation au 21e siècle est de fournir les conditions requises pour permettre à la société d'agir dans un monde en constante transformation. Dans ses cours d’éducation artistique, elle aime présenter les recherches de Bronwen Wade-Leeuwen à ses classes afin de discuter de sa proposition «de former des enseignants flexibles et créatifs, capables de s'adapter aux aléas de la vie».

«Pour beaucoup, il s'agit de considérer la nécessité de créer, dans le cadre de nos cours, des situations où nous offrons la possibilité d'explorer leur capacité à tolérer l'ambigüité et l'incertitude tout en proposant des avenues innovantes. L’avenir dans la formation des enseignants en éducation, c'est d’encourager la pratique de la pensée divergente, c’est incontournable», précise-t-elle.

Mettant de l’avant, lui aussi, l’importance de la créativité et de l’innovation, Normand Roy, professeur au Département de psychopédagogie et d'andragogie, rappelle qu’il ne faut pas oublier que «l’innovation passe d’abord et avant tout par les personnes enseignantes, qui demeurent les fondations de notre système éducatif».

Afin de valoriser cette profession, il suggère d’ouvrir davantage les portes des écoles et de mettre en vedette les réalisations des élèves et pas seulement les défis et les difficultés. «Le potentiel des technologies éducatives permet d’envisager un avenir riche. Elles permettront d’ouvrir les classes sur le monde», affirme-t-il.

Pour une société juste et bienveillante

Les écoles et les enseignants jouent de plus en plus un rôle clé dans la promotion du bien-être des jeunes et du vivre-ensemble dans le contexte actuel d’incertitudes et de transformations rapides. Les guerres, l’augmentation des flux migratoires, les changements climatiques, la pandémie de COVID-19 et la crise économique ne sont que des exemples des défis importants auxquels les jeunes doivent faire face dans nos sociétés mondialisées.

Diana Miconi et Garine Papazian-Zohrabian, professeures au Département de psychopédagogie et d'andragogie, constatent que les milieux éducatifs ne sont pas épargnés par ce climat de polarisation sociale: «Les enjeux de discrimination et de racisme viennent s'ajouter aux enjeux non résolus du passé. Il est important d’aider les jeunes enseignants et enseignantes à naviguer dans l’incertitude de ce monde complexe pour qu’ils puissent faire évoluer les choses et inspirer les nouvelles générations désireuses de contribuer à la création d’une société plus juste», notent les chercheuses.

Favoriser l’égalité des chances constitue un enjeu de taille en éducation. Marie-Odile Magnan, professeure au Département d'administration et fondements de l’éducation, propose quelques pistes en ce sens: «Intensifier la formation des enseignants et des directions d’établissement à l’équité et la justice sociale, allouer des ressources humaines dans les écoles pour épauler les enseignants dans leur lutte contre les iniquités, encourager la collaboration entre les écoles, les familles et les communautés et revoir l’école à trois vitesses – les écoles privées, les écoles publiques ordinaires et les écoles publiques avec projets sélectifs –, cela mènera à quelques changements structurels vers la justice sociale.»

L’école, le laboratoire de la socialisation

«L’école et la classe sont des lieux essentiels pour soutenir les apprentissages socioémotionnels et favoriser le bien-être des élèves, comme les conséquences de la récente pandémie nous l’ont démontré», souligne François Bowen, professeur au Département de psychopédagogie et d'andragogie. Ces apprentissages tels que la capacité à exprimer et à reconnaître ses émotions, les habiletés à coopérer et à s’affirmer positivement, à communiquer socialement ainsi qu’à résoudre pacifiquement les conflits sont autant de dimensions clés de la réussite scolaire des élèves.

Pour le chercheur, la socialisation demeure indéniablement l’une des grandes missions de notre système d’éducation: «Les enseignants peuvent influer sur le développement socioaffectif d’un jeune et ils y parviendront d’autant plus que cette mission éducative sera réalisée en collégialité avec toute l’équipe-école.»

Le français et les mathématiques, des défis de taille

Rachel Berthiaume et Daniel Daigle, professeurs du Département de didactique, rappellent que l’objectif premier de l’enseignement n’est pas d’enseigner, mais bien de faire apprendre. «La maîtrise de la lecture et de l’écriture demeure un enjeu de société majeur qui requiert de poursuivre une réflexion collective sur les moyens à mettre en place pour accompagner les élèves vers la réussite», disent-ils.

Les mathématiques étant un autre objet d’enseignement qui présente sa part de défis pour les enseignants et les élèves, Geneviève Barabé, Nathalie Bisaillon et Sarah Dufour, trois jeunes professeures du Département de didactique, invitent à soutenir les démarches des enseignants qui peuvent parfois se distinguer des expériences vécues et des idées préconçues.

«Les enseignants sont des professionnels formés et compétents pour réfléchir et choisir les approches d’enseignement. Ce sont des passionnés qui travaillent jour après jour à développer le génie mathématique de nos jeunes, dans le plaisir et au bénéfice de tous, mentionnent-elles. Accordons notre confiance aux enseignants qui travaillent fort à faire comprendre et aimer cette matière qui est si chère à notre société!»

  • Première rangée, assis, de gauche à droite: Nathalie Loye, vice-doyenne au développement et à la formation continue; Ahlem Ammar, doyenne; et David D’Arrisso, vice-doyen aux affaires professorales et secrétaire de faculté. Deuxième rangée, debout, de gauche à droite: Sarah Dufour, professeure au Département de didactique; Marie-Odile Magnan, professeure au Département d'administration et fondements de l'éducation; Daniel Daigle, Anne-Marie Émond et Rachel Berthiaume, professeurs au Département de didactique; Josianne Robert, vice-doyenne aux études de premier cycle; Diana Miconi, professeure au Département de psychopédagogie et d'andragogie; Nathalie Bisaillon, professeure au Département de didactique; et Annie Malo, directrice au Centre de formation initiale des maîtres.

    Crédit : Cindy Boyce

En savoir plus

Prenez part aux activités de la Faculté des sciences de l’éducation à l’occasion de la Semaine des enseignantes et des enseignants:

Mardi 7 février, de 17 h à 19 h, à l'atrium du campus MIL
Lancement de la série «Les grands entretiens de la FSE» avec des personnalités influentes qui ont à cœur l’éducation. Les invités: Frantz Saintellemy, chancelier de l’UdeM, Marie-Andrée Chouinard, rédactrice en chef du Devoir, Luc Sirois, innovateur en chef du Québec, et Pascale Lefrançois, vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études de l’UdeM.

Pour s’inscrire

Jeudi 9 février, de 16 h à 18 h, à la bibliothèque du pavillon Marie-Victorin et en direct sur Zoom
Table ronde «Comment prévenir le décrochage chez nos jeunes enseignantes et enseignants?». En collaboration avec le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante.

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