Une grande conférence pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs

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L’UdeM célèbre le Mois de l’histoire des Noirs avec une série d'activités, dont une conférence grand public le 22 février pour réfléchir aux conditions d’un futur équitable pour tous.

Pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs, qui se déroule en février, des activités seront organisées à l’Université de Montréal. «C’est un moment important dans l’année pour célébrer ce que nous sommes, rappeler les obstacles franchis afin de ne pas les oublier et voir ensemble comment nous pouvons surmonter les défis à venir pour créer une société plus équitable pour tout le monde», indique Amissi Manirabona, professeur de droit et coprésident du Caucus des employées et des employés noirs de l’Université de Montréal (CEENUM).

Communautés noires en 2023: où en sommes-nous?

Frantz Voltaire, Me Tamara Thermitus, Martine St-Victor, Emilie Nicolas

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Les conditions nécessaires pour bâtir un avenir plus juste sont d’ailleurs le thème de la conférence grand public «Communautés noires en 2023: où en sommes-nous?», mise sur pied en collaboration avec le Centre culturel afro-canadien de Montréal. Elle réunira des personnes qui en ont long à dire sur le sujet.  

Comme Frantz Voltaire, président fondateur du Centre international de documentation et d’information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne. Ce documentariste, auteur et historien est spécialiste de l’histoire de l’immigration haïtienne au Québec, particulièrement importante à la suite de l’instauration du régime répressif de François Duvalier en 1957. Il s’intéresse aussi plus largement à l’histoire des communautés noires au Canada.

Me Tamara Thermitus, chercheuse invitée au McGill Centre for Human Rights and Legal Pluralism, a été directrice des politiques et de la planification stratégique du Bureau de règlement des pensionnats indiens (2004-2006) et négociatrice en chef pour le gouvernement fédéral du mandat de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Elle est l’instigatrice de nombreux projets visant à rendre la justice plus accessible aux personnes historiquement exclues. Décorée de la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012), elle a reçu de nombreux prix dont le Mérite du Barreau du Québec (2011), devenant ainsi la première avocate noire à obtenir cette marque de reconnaissance. 

Stratège en communication, Martine St-Victor est directrice du bureau de Montréal de l’agence Edelman. Très engagée dans sa communauté, elle siège aux conseils d'administration de la Fondation du Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, de l'Institut de recherche en politiques publiques, de l’Institut de cardiologie de Montréal, de la Fondation KANPE et de Plus1. Elle est par ailleurs émissaire de la diversité et de l’inclusion du Start-Up Festival, membre de l’International Women’s Forum et membre fondatrice du Black Opportunity Fund. Passionnée des médias, elle contribue régulièrement à La Presse, Montreal Gazette, Radio-Canada et CBC. Née au Québec, Mme St-Victor reste très attachée à ses racines haïtiennes. C’est une proximité qui nourrit plusieurs de ses engagements. 

Et Emilie Nicolas, chroniqueuse pour les quotidiens Le Devoir et Libération et conférencière sur les questions notamment d’équité, de droits de la personne, de racisme et de genre.

Les invités amèneront le public à réfléchir à la continuité des injustices et iniquités raciales pour ensuite désigner des conditions nécessaires en vue de construire un futur équitable pour tous et toutes. Parce que s’il y a eu une mobilisation et une conscientisation quant aux droits des personnes noires dans les dernières années avec le mouvement Black Lives Matter et la mort de George Floyd, Emilie Nicolas constate que, depuis, il y a eu un ressac.

«Il y a maintenant une plus grande polarisation, remarque-t-elle: d’un côté, les gens qui ont sincèrement envie de travailler à réduire les inégalités sociales et raciales et, de l’autre, les gens qui se sont braqués face à ce changement rapide des mentalités. On le voit avec le débat sur le mot en n et le mouvement anti-Woke.»

Mais Emilie Nicolas, diplômée de l’UdeM en littérature comparée, demeure optimiste. «Bâtir un futur plus équitable reste possible et, pour avancer, il faut travailler avec les personnes et les organisations de bonne foi, précise-t-elle. Il faut aussi aller parler aux gens sur le terrain pour avoir des conversations soutenues et des interactions humaines de qualité. C’est ainsi qu’on peut arriver à se comprendre. Surtout, il faut éviter de rester dans les caricatures et les étiquettes sur les réseaux sociaux.»

Table ronde, parcours inspirants et exposition

D’autres activités sont prévues à l’UdeM pour célébrer le Mois de l’histoire des Noirs. Le Réseau des diplômés et des donateurs présentera sa prochaine rencontre des Rendez-vous inspirants le 8 février sur le thème de l’inclusion et de la diversité. On pourra y entendre Édouard Kouassi, pharmacien à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal et professeur de clinique au Département de médecine de l’UdeM. Nadine Belony, infirmière praticienne spécialisée, et Agathe Tupula Kabola, orthophoniste, chroniqueuse et chargée de cours et de clinique à l’UdeM, raconteront aussi leur parcours.

Une table ronde intitulée «La justice criminelle et les communautés noires du Québec», organisée par le CEENUM, aura lieu le 16 février à 17h. Amissi Manirabona, qui est également chercheur en droit criminel canadien et droit criminel international ainsi que codirecteur du Centre de justice pour les victimes d’actes criminels, y prendra la parole. Il sera accompagné d’Alain-Guy Sipowo, professeur à l’École de criminologie de l’UdeM et chercheur en justice criminelle et en droit des victimes.

Le midi-conférence «Parcours inspirants en santé», aussi organisé par le CEENUM, se déroulera le 24 février à 11h30. Il présentera Stéphanie Bumba, infirmière clinicienne au Centre universitaire de santé McGill et auteure de la websérie Ces afroscientifiques d’hier à aujourd’hui, ainsi que Wolf Thyma, médecin résident en psychiatrie à l’UdeM et lauréat de la Médaille du Lieutenant-gouverneur du Québec et du prix Personnalité par excellence du Gala Forces Avenir.

Enfin, une exposition des œuvres de Stanley Février, Les vies possibles / Menm vye tintin (remix), est présentée jusqu’au 1er avril au Centre d’exposition de l’Université de Montréal. Il s’agit d’œuvres qu’on a pu voir récemment au Musée national des beaux-arts du Québec et au Musée d’art contemporain des Laurentides. Artiste né à Port-au-Prince et chargé de cours à l’UdeM, Stanley Février critique dans son travail le milieu culturel et les relations de pouvoir qui le construisent.