«Souffle de lumières», une rétrospective de l’œuvre de Lyse Charland Favretti

«Souffle de lumières», une rétrospective de l’œuvre de Lyse Charland Favretti

«Souffle de lumières», une rétrospective de l’œuvre de Lyse Charland Favretti

Crédit : Paul Fayad

En 5 secondes

Le travail éblouissant de l’artiste verrière Lyse Charland Favretti est mis en lumière par Franck Calard, doctorant en histoire de l’art. Une exposition à voir au MUMAQ jusqu’au 3 septembre.

Franck Calard, commissaire de l'exposition "Souffle de lumières"

Franck Calard, commissaire de l'exposition «Souffle de lumières»

Frank Calard, doctorant en histoire de l’art à l’Université de Montréal, a commissarié l’exposition Lyse Charland Favretti: souffle de lumières, présentée au Musée des métiers d’art du Québec (MUMAQ) jusqu’au 3 septembre.

Cette rétrospective fait découvrir l’œuvre lumineuse de l’artiste verrière de ses débuts, durant ses années de formation à l’École des beaux-arts de Montréal, jusqu’à ses créations contemporaines en passant par les pièces monumentales qu’elle a réalisées pour le métro ou de nombreux bâtiments publics dans tout le Canada. Après un passage dans un wagon de la Société de transport de Montréal, où l’on peut visualiser l’ensemble de son travail, la visite se clôt par une immersion intime dans l’atelier de la créatrice.

Les commencements d’une artiste plasticienne

Un jeu de carte illustré par Lyse Charland Favretti

Un jeu de cartes illustré par Lyse Charland Favretti

Crédit : Musée des métiers d’art du Québec (MUMAQ)

L’exposition s’ouvre sur le début de la carrière de Lyse Charland Favretti. «Son premier amour était la sculpture. Enceinte, elle s’est réorientée vers l’estampe, car ses professeurs aux beaux-arts ont craint que les vibrations du compresseur produites lors des découpes nuisent à sa grossesse», raconte Franck Calard.

Sont ainsi présentées une sélection variée d’estampes de celle qui est reconnue comme une artiste prometteuse de sa génération: estampe figurative toute douce de sa chatte, eau-forte plus abstraite comme Pôle Nord, où l’on ne sait pas si l’on voit un lac d’eau gelée bleu-vert ou une étendue plus vaste de la région arctique, ou encore gravure plus pop tout en courbes représentant sa maternité. À côté d’autres dessins au feutre ou à l’encre, on aperçoit de rares exemplaires de cartes à jouer qu’elle a illustrées et vendues en début de carrière.

Après la mort brutale de son mari et pour pouvoir assumer seule la charge de sa fille, elle s’est tournée vers le vitrail, un art plus rentable. Réputée pour son travail du dessin, elle est entrée au prestigieux atelier du verre de Pierre Osterrath. L’exposition présente ses premiers pas à l’atelier.

Une virtuose du vitrail

"Écoulement d’air". Vitrail en laminage à l’époxy de verres antiques sur un verre clair de base

«Écoulement d’air». Vitrail en laminage à l’époxy de verre antique sur un verre clair de base.

Crédit : Musée des métiers d’art du Québec (MUMAQ)

Devenue rapidement experte dans l’art du vitrail, Lyse Charland Favretti réalise des œuvres commandées par des particuliers et des organisations publiques et pour des bâtiments religieux. L’exposition montre la multiplicité des techniques qu’elle maîtrise: épaisses dalles de verre méticuleusement coupées pour La montagne, vitrail en laminage à l’époxy de verre pour Écoulement d’air ou encore vitrail en plomb et verre antique pour Le requin bleu.

Son travail méticuleux tout en délicatesse, son jeu raffiné de courbes et de contre-courbes déjà présent dans ses estampes et ses aquarelles se retrouve dans ses vitraux. Ses lignes minces et sinueuses apparaissent par exemple dans Au-delà de l’espace et du temps, l’inconnu se dévoile, qu’elle a conçue pour l’Institut de statistique de l’UNESCO, initialement situé dans les locaux de l’UdeM et qui se trouve maintenant au centre-ville. La maquette orangée lumineuse de cette œuvre est exposée.

Si certaines de ses créations ont voyagé jusqu’en Arabie saoudite, plusieurs sont proches du MUMAQ, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, comme les verrières qu’elle a réalisées pour le Collège Vanier. «Les critiques de l’époque ont dit que c’était uniquement les verrières de Lyse Charland Favretti qui ont permis de réchauffer l’atmosphère du bâtiment en brique», déclare Franck Calard.

De la complexité d’exposer des vitraux

Crédit : Paul Fayad

Exposer des vitraux dans un établissement muséal a été tout un défi pour Franck Calard, qui fait sa thèse sur l’histoire du vitrail au Canada de 1855 à 1965 sous la direction de Louise Vigneault et d’Emmanuel Château-Dutier, professeurs au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal.

«Le vitrail étant un art in situ, c’est difficile d’enlever des verrières! On a dû trouver des solutions qui ont été utilisées dans d’autres musées, notamment en Europe, et l’on a mis de l’avant des maquettes», explique le jeune commissaire, qui a mis plus de deux années à monter cette première exposition d’envergure consacrée à Lyse Charland Favretti.

Les vitraux de l'église Saint-François-d'Assise, qu’elle a réalisés entre 2004 et 2007, sont plutôt représentés par des maquettes qui montraient aux commanditaires à quoi le produit fini ressemblerait. Différents échantillons leur avaient également été présentés.

Idem pour les verrières qu’elle a produites pour la station de métro Du Collège. L’exposition comporte toutefois une chose rare: deux gigantesques cartons des verrières à échelle réelle où l’on aperçoit toute la finesse du travail de l’artiste. «Avoir des cartons originaux des verrières est presque impossible. Souvent les maîtres verriers les mettent à la poubelle, car ce sont des travaux d’étape qui prennent énormément de place. Lyse Charland Favretti a gardé les deux cartons de la station Du Collège ainsi que des maquettes qui avaient été réalisées à l’époque, ce qui est assez extraordinaire», mentionne Franck Calard.

Une visite intime de son atelier

Pour finir, le visiteur est invité à rentrer dans l’atelier de l’artiste. «J’ai fouillé dans ses boîtes pour voir ce qu’il restait. Le but de cette exposition était de mettre en lumière le travail personnel de cette artiste», indique le commissaire.

À côté d’une bibliothèque abritant divers types de verre, on découvre de nombreux outils de l’artiste comme des coupe-verres et des blaireaux pour travailler la peinture. On voit aussi un grand calice doré, que l’artiste avait trouvé dans une brocante, dans lequel elle mettait ses pinceaux à tremper lorsqu’elle faisait de l’aquarelle!

Un travail en cours de réalisation, où différents morceaux ont été découpés et apposés sur des calibres, permet de comprendre comment une verrière est réalisée. S’il y avait un décalage dans la pose de pièces, ce serait tout le vitrail qui serait décalé dans ce travail complexe.

L’exposition s’accompagne d’un catalogue produit par le MUMAQ et rédigé par Franck Calard.

  • Crédit : Paul Fayad
  • Exposition "Souffle de lumières"

    L'exposition «Souffle de lumières»

    Crédit : Paul Fayad
  •  Aquarelle et vitraux en epoxy de Lyse Charland Favretti.

    Aquarelles et vitraux en époxy de Lyse Charland Favretti

    Crédit : Paul Fayad
  • Dans un wagon de la Société de transport de Montréal, on peut visualiser l’ensemble de l'oeuvre de Lyse Charland Favretti.

    Dans un wagon de métro de la Société de transport de Montréal, on peut visualiser l’ensemble de l'œuvre de Lyse Charland Favretti.

    Crédit : Paul Fayad

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