Infertilité masculine: branle-bas de combat scientifique

Par UdeMNouvelles
En 5 secondes Un groupe international de spécialistes formule 10 recommandations pour augmenter les chances des hommes de connaître les joies de la paternité.

Un couple sur six est touché par l’infertilité, selon l’Organisation mondiale de la santé. Dans la moitié des cas, les hommes sont en cause. Alors que l’infertilité masculine augmente dans le monde, la chercheuse Sarah Kimmins et 25 experts de plusieurs pays rappellent que les hommes ont droit à des diagnostics efficaces et à des traitements ciblés.

Dans la plupart des cas, ils sont malheureusement inexistants. 

Le manque de connaissances sur les causes de l’infertilité masculine, associé à des outils cliniques limités, a des conséquences. Son traitement passe par des interventions médicales sur les femmes: des techniques de procréation médicalement assistée invasives et risquées.

Dans un rapport de consensus publié dans la revue Nature Reviews Urology, un groupe de 25 scientifiques mené par Moira O’Bryan, doyenne de la faculté des sciences de l’Université de Melbourne, a formulé 10 recommandations susceptibles d’améliorer la santé des hommes et de leurs enfants, et de réduire la charge pesant sur leurs partenaires féminines.

Sarah Kimmins, professeure à l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHUM, a participé à la production du rapport en tant que première auteure et experte mondiale en matière de fertilité masculine et d’interactions gènes-environnement.

Mode de vie et environnement, des éléments clés

«Le déclin rapide de la fertilité masculine ne peut s’expliquer par la génétique seule. Des études indiquent que des facteurs environnementaux jouent un rôle déterminant, explique Sarah Kimmins. C’est le cas de l’exposition grandissante aux perturbateurs endocriniens, des produits chimiques avec lesquels nous sommes en contact au quotidien et qui persistent dans l’environnement.» 

«L’augmentation du nombre d’hommes en surpoids et obèses, une mauvaise alimentation, le stress, la consommation de cannabis, d’alcool, de tabac ou le vapotage sont autant d’autres facteurs à prendre en considération. Malheureusement, les hommes n’en sont généralement pas conscients», poursuit-elle.  

L’une des principales recommandations du rapport est d’ailleurs de sensibiliser le public, par le biais de campagnes de santé publique, à ces choix de vie qui mettent en péril la fertilité des hommes.  

«Comme il faut des mois pour fabriquer des spermatozoïdes, les hommes devraient envisager d’adopter un mode de vie sain bien avant de penser à fonder une famille», dit la Dre Jacquetta Trasler, coauteure de l’étude et chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

Un besoin urgent de meilleurs diagnostics et traitements

«La clinique est mal équipée pour diagnostiquer et traiter correctement la reproduction masculine. Les méthodes actuelles sont basées sur des techniques dépassées», mentionne Géraldine Delbès, coauteure de l’étude et chercheuse à l’Institut national de la recherche scientifique. 

Les hommes sont déclarés infertiles sur la base de leurs antécédents familiaux, d’un examen physique, de profils hormonaux et d’une simple analyse de sperme qui n’a pas changé depuis plus de 50 ans.

«En tant que professionnels de la santé, nous avons besoin d'un financement accru de la recherche qui nous permettra de proposer aux hommes des tests sensibles et précis évaluant la qualité du sperme», souligne la Dre Trasler.

La médecine personnalisée en ligne de mire

Sarah Kimmins et son équipe ont consacré des années de recherche à la mise au point d’un meilleur test diagnostique de la fertilité masculine.  

Avec HisTurn, le premier test diagnostique génomique offrant une approche médicale personnalisée de l’infertilité masculine, son laboratoire est en voie d’atteindre cet objectif.

HisTurn est en cours de validation clinique. Il pourrait être utilisé dans les cliniques de fertilité pour donner aux hommes un diagnostic précis et les guider ainsi vers le traitement le plus adapté.

Cela permettrait aussi aux couples et aux cliniques d’économiser du temps et de l’argent, et d’améliorer l’efficacité et le taux de réussite des traitements de fertilité. 

«La baisse de la qualité du sperme et l’augmentation de la fréquence du cancer du testicule et des anomalies congénitales du système urogénital indiquent que, globalement, la santé reproductive masculine s’est dégradée au cours des dernières décennies», fait observer Moira O’Bryan. 

Selon elle, entreprendre des recherches afin de comprendre pourquoi et comment cette tendance peut être inversée est essentiel tout comme la mise en œuvre urgente à l’échelle mondiale des recommandations du groupe d’experts qu’elle a mené.

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