Le futur de l’IA sera robuste, raisonnant et responsable

Crédit : Getty

En 5 secondes

Avec le projet IAR3, l’UdeM et IVADO promettent de révolutionner l’essor de l’intelligence artificielle. Un désir utopique? Plutôt une perspective de développement qui mise sur des assises solides.

Au printemps dernier, l’Université de Montréal recevait une subvention de 124,5 M$ du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada afin de changer le visage de l’intelligence artificielle (IA). Rien de moins. Ce défi de taille s’incarne dans le projet IAR3, axé sur une IA plus robuste, raisonnante et responsable (les trois «R»).

L’objectif: mieux répondre aux besoins des collectivités par une réduction de l’écart entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine en tablant sur des équipes de recherche interdisciplinaires.

Cette initiative d’envergure est portée par l’UdeM en partenariat avec Polytechnique Montréal, HEC Montréal, l’Université Laval et l’Université McGill, toutes unies sous la bannière d’IVADO, un consortium de recherche, de formation et de mobilisation des connaissances en intelligence artificielle.

Luc Vinet, directeur général d’IVADO, brosse un tableau de ce projet élaboré avec son complice Yoshua Bengio, directeur scientifique d’IVADO et professeur au Département d’informatique et de recherche opérationnelle de l’UdeM, qui est actuellement l’un des scientifiques les plus influents au monde.

Concrètement, qu’est-ce que le projet IAR3?

En gros, le projet se décompose en trois parties. La première, appelée «Sciences pour l’IA», vise à rapprocher l’intelligence artificielle de l’intelligence humaine, accroître le pouvoir prédictif des situations d’entraînement, intégrer la causalité et arriver à des systèmes plus modulaires, évolués et explicables. Le tout en incluant à l’étape de leur design les enjeux humains afin de prévenir les dérives potentielles de l’IA attribuables aux biais par exemple.

La seconde partie, intitulée «L’IA pour la science», concerne l’utilisation des systèmes d’intelligence artificielle pour accélérer les découvertes. Quatre grands secteurs ont été désignés pour commencer: la mise au jour de nouvelles molécules, le traitement des urgences environnementales, la mise en place de systèmes de santé apprenants et la gestion des chaînes d’approvisionnement en contexte d’incertitude.

Le dernier volet du projet a pour nom «IA pour la société» et cherche à favoriser une adoption large de l’IA et faire en sorte que toutes ces avancées scientifiques et technologiques profitent à la société. Cette portion repose pour une large part sur des projets de recherche collaborative avec nos nombreux partenaires organisationnels et s’appuiera sur des travaux menés en innovation responsable et en science de l’implantation.

Justement, quels sont les partenaires de ce vaste chantier?

D’abord, nous avons rassemblé plusieurs équipes de recherche parmi les meilleures au monde dans de nombreuses disciplines. Ensuite, 48 professeures et professeurs – dont 28 à l’UdeM – seront embauchés de façon stratégique pour doter IAR3 d’une concentration de talents tout à fait unique à laquelle s’ajouteront des étudiants et étudiantes ainsi que des chercheurs postdoctoraux et chercheuses postdoctorales qui nous viennent du monde entier.

IVADO tire aussi profit de la collaboration de quelque 150 partenaires: industries, gouvernements, organisations non gouvernementales, centres de recherche, tous très engagés dans le projet.

Avez-vous bon espoir que le projet IAR3, lancé par la subvention Apogée, mène réellement à une «meilleure» intelligence artificielle?

C’est un projet très ambitieux, car il cible les principaux enjeux de cette science de rupture qu’est l’intelligence artificielle et a pour but d’élargir son adoption à tous les secteurs d’activité ‒ technologies, santé, éducation, organisation sociale, etc. L’actualité nous montre à quel point ce programme est en résonance avec des réflexions mondiales et préoccupantes sur le développement responsable de l’IA.

Je crois vraiment que la subvention Apogée va permettre d’engendrer ce changement de paradigme, surtout grâce à la concertation pleinement multisectorielle du projet, qui intègre véritablement sciences humaines et sociales, sciences de la santé, sciences naturelles et génie.

Et l’Université de Montréal et IVADO sont justement les terreaux fertiles nécessaires à la synergie des connaissances avec leur présence dans toutes les sphères du savoir. Dans le projet IAR3, cette diversité conduira à la création de plusieurs regroupements de recherche, notamment l’IA et les neurosciences, l’apprentissage automatique, l’environnement, le traitement du langage naturel, les molécules, la santé, l’équité, la diversité et l’inclusion ainsi que les chaînes d’approvisionnement.

L’intelligence artificielle aura de grandes répercussions dans une quantité de domaines et façonnera notre avenir. Le projet IAR3 est l’expression d’une responsabilité assumée d’agir de manière citoyenne et inclusive dans ce grand champ.

À propos d’IVADO

IVADO est un consortium interdisciplinaire et intersectoriel de recherche, de formation et de mobilisation des connaissances qui a pour mission de bâtir et de promouvoir une intelligence artificielle robuste, raisonnante et responsable. Piloté par l’Université de Montréal, avec quatre partenaires universitaires (Polytechnique Montréal, HEC Montréal, l’Université Laval et l’Université McGill), IVADO rassemble des centres de recherche, des organismes gouvernementaux, communautaires et industriels pour coconstruire des initiatives intersectorielles ambitieuses favorisant un changement de paradigme de l’IA et de son adoption.