L’histoire de la Faculté de médecine de 1843 à aujourd’hui

De gauche à droite: création de l’École de médecine et de chirurgie de Montréal en 1843; la succursale de l’Université Laval, château Ramesay, en 1878; création de l’hôpital Notre-Dame en 1880; la Faculté de médecine en 1920; le laboratoire de bactériologie de la Faculté de médecine en 1934; Victorien Fredette au laboratoire d’anaérobies en 1947; Rachel Beaudoin (à droite), directrice, avec des étudiantes; création du Centre de recherche en sciences neurologiques en 1970; Roger Guillemin, Prix Nobel de médecine; pavillons de l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal, autrefois dénommé Hôpital des convalescents de Montréal, en 1938.

De gauche à droite: création de l’École de médecine et de chirurgie de Montréal en 1843; la succursale de l’Université Laval, château Ramesay, en 1878; création de l’hôpital Notre-Dame en 1880; la Faculté de médecine en 1920; le laboratoire de bactériologie de la Faculté de médecine en 1934; Victorien Fredette au laboratoire d’anaérobies en 1947; Rachel Beaudoin (à droite), directrice, avec des étudiantes; création du Centre de recherche en sciences neurologiques en 1970; Roger Guillemin, Prix Nobel de médecine; pavillons de l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal, autrefois dénommé Hôpital des convalescents de Montréal, en 1938.

Crédit : Faculté de médecine, Université de Montréal

En 5 secondes

La Faculté de médecine publie un livre historique sous la plume de Denis Goulet, un expert de l’histoire de la médecine au Québec.

Denis Goulet

Denis Goulet

Crédit : Courtoisie

L’ouvrage La Faculté de médecine de l’Université de Montréal, 1843-2023: 180 ans à bâtir un avenir en santé fait suite à celui paru en 1993 du même auteur.

Dans cette version-ci, Denis Goulet accorde davantage de place à l’histoire récente de la faculté. Comme l’illustrent les photos en page couverture, il insiste sur l’incroyable évolution de la faculté en matière d’équité et de diversité: on est passé du boy’s club aux cohortes inclusives!

Mais revenons un peu en arrière…

Il y a un siècle, la Faculté de médecine ajoutait une dimension sociale à son rôle d’établissement d’enseignement et de recherche. Mais la marche était haute sur le plan de l’équité! À preuve, le parcours semé d’embûches de Marthe Pelland, première Québécoise francophone admise en médecine en 1924…

Marthe Pelland a eu un parcours fascinant. Et même si son admission a soulevé l’opposition, elle a réussi à faire tomber les préjugés. On croyait, par exemple, que les femmes étaient trop sensibles pour supporter les séances de dissection, qu'elles manqueraient de concentration lors de leurs menstruations…

Sur le plan scolaire, Marthe Pelland a remporté tous les prix, année après année. Et au terme de ses études, en 1930, elle a terminé en tête de sa promotion avec la mention Très grande distinction, devant Armand Frappier et Jean Panet-Raymond, deux finissants appelés à devenir de grandes figures de la médecine québécoise.

En somme, Marthe Pelland a démontré que les femmes pouvaient non seulement étudier la médecine, mais aussi bien réussir. Par la suite, elle va obtenir une bourse et faire sa spécialisation en neurologie à Paris de 1930 à 1933. Dès lors, les femmes vont entrer peu à peu dans les facultés de médecine au Québec, se dirigeant essentiellement vers la pédiatrie, l’obstétrique et la gynécologie. Il faudra attendre les années 1970 pour assister à une véritable révolution tranquille due en partie à l'ouverture des cégeps et au champ des sciences de la santé. Aujourd’hui, la clientèle féminine domine ces secteurs!

Votre livre fait état d’un certain laxisme par rapport au développement de la recherche. Ainsi, en 1948, aucun chercheur ne s’était manifesté lorsque les gouvernements fédéral et provincial avaient débloqué des fonds… sauf Hans Selye. Comment s’est structurée la recherche à la faculté jusqu’au formidable essor d’une communauté scientifique?

Le spécialiste en endocrinologie Hans Selye a été l’un des premiers à se consacrer à temps plein à la recherche fondamentale à la fin des années 1940. Il s’agissait d’un coup de maître pour la Faculté de médecine, où il se faisait très peu de recherche fondamentale. C’est qu’à l'époque le revenu de professeur était très bas, les médecins préférant se consacrer à la clinique.

Hans Selye va ouvrir la voie. Par la qualité de ses travaux et sa réputation, il va entraîner des disciples dans son sillage et créer une émulation chez les jeunes, parmi lesquels Roger Guillemin, qui obtiendra un prix Nobel de médecine. Et peu à peu, des activités de recherche fondamentale vont se mettre en place à la Faculté de médecine, notamment en neurosciences avec Jean-Pierre Cordeau. Une autre révolution tranquille s'opère ainsi dans les années 1970, avec une expansion de la recherche jusqu'à nos jours.

Dans les années 1940, la faculté intègre graduellement les sciences de la santé et s’ouvre plus facilement aux candidatures féminines. Mais cette transition ne se fait pas sans heurts, la faculté tenant à conserver un certain contrôle sur ces nouvelles unités…

Il est vrai qu’au début les unités de sciences de la santé étaient dirigées par des médecins. C’était alors le doyen qui présidait l’École de réadaptation et des professeurs de la faculté qui siégeaient au comité de gestion… Mais progressivement, grâce à l'embauche de jeunes femmes très bien formées, comme Rachel Beaudoin à l'Institut de nutrition, les sciences de la santé vont obtenir davantage d’autonomie et de pouvoir.

Pour contribuer au développement des soins de santé, la faculté a voulu mettre sur pied un centre médical universitaire à même son campus de la montagne. Au-delà de cette saga qui s’est terminée par la construction du CHUM au centre-ville, quels sont les faits marquants de l’histoire récente de la Faculté de médecine?

À partir des années 1980, on assure le développement d'une autocritique de la part des autorités de la faculté, qui va en quelque sorte marquer sa volonté d'amélioration continue tant sur le plan de la formation que sur celui de la recherche et des soins. Ce mouvement va se perpétuer jusqu’à aujourd’hui. Autre aspect important: la délocalisation des activités de médecine, avec l’aménagement du campus de la Mauricie en vue d’améliorer la rétention des futurs diplômés et diplômées en région.

Aussi: l'augmentation et la diversification des cohortes étudiantes; la nomination de la doyenne Hélène Boisjoly, première femme à occuper ce poste; l'inscription de la responsabilité sociale au cœur de la mission de la faculté; le renforcement des sciences de la santé avec la création d’un vice-décanat; la création du Département de neurosciences, qui est l’un des facteurs de la croissance fulgurante de la recherche biomédicale avec, à la clé, l'interdisciplinarité et des réseaux de recherche extrêmement performants liés au recrutement de jeunes chercheuses et chercheurs de talent. Enfin, la construction du CHUM et bientôt une clinique médicale digne des activités et du développement de la faculté.

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