Les étudiants préféreraient des cours hybrides à des simulations virtuelles

Crédit : Courtoisie

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Une étude en sciences infirmières révèle la préférence des étudiants et des étudiantes pour les interactions humaines dans leurs modalités d’apprentissage.

Patrick Lavoie

Patrick Lavoie

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Caroline, 22 ans, veut prendre un rendez-vous de suivi pour Malika, son bébé de six mois atteint de fibrose kystique. Vous êtes infirmier ou infirmière et devez examiner l’enfant, faire un bilan de santé complet et proposer un plan de suivi. Tel est le scénario qui a été soumis à des étudiants et des étudiantes de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal dans un cours de soins de première ligne. 

Si la mère a pu être jouée par une comédienne, il aurait été difficile de faire venir un véritable nourrisson pour cette étude de cas. Il a été remplacé par un simulateur qui reproduit l’anatomie, la physiologie et les réactions d’un bébé de façon réaliste. L’apprentissage s’est donc effectué en format hybride, avec comédienne et simulateur.  

Depuis 2017, des simulations en réalité virtuelle sont offertes à la Faculté des sciences infirmières de l’UdeM. Ce même scénario a ainsi pu être proposé entièrement dans ce format. Qu’en ont pensé les étudiantes et étudiants? Ont-ils préféré cette nouvelle modalité d’apprentissage?  

Pour le savoir, 179 personnes d’un cours de soins de première ligne ont participé à une étude. Soixante-trois d’entre elles sont intervenues dans ce scénario en réalité virtuelle. Cent seize ont interagi avec une comédienne et un simulateur. 

Les résultats de cette étude seront présentés le 16 mai à l’occasion du 91e Congrès de l’Acfas par Patrick Lavoie, professeur à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, accompagné d’Alexandra Lapierre, titulaire d’un doctorat en sciences infirmières de l’UdeM, Marc-André Maheu-Cadotte, conseiller principal en recherche à la Faculté des sciences infirmières, Louise-Andrée Brien, professeure à la faculté, Isabelle Ledoux, professeure agrégée à l’École des sciences infirmières de l’Université de Sherbrooke, et Émilie Gosselin, professeure adjointe à cette même école. 

Le manque de présence humaine: une limite pour la réalité virtuelle

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Les participants à l’étude étaient en moyenne âgés de 23 ans. L’équipe de recherche s’attendait à ce que la réalité virtuelle enthousiasme cette génération habituée aux technologies. Pourtant, les étudiantes et les étudiants ont préféré la simulation proposée avec comédienne et mannequin, qui favorise des interactions naturelles ainsi que la présence humaine. L’interaction moins fluide et moins naturelle ainsi que le manque de réalisme sur le plan des réactions, des émotions et des intonations des personnages sont des aspects de la réalité virtuelle qui ont été soulignés. 

«Même si l’on observe une légère préférence pour le format hybride, les apprentissages réalisés dans les deux modalités sont équivalents», note Patrick Lavoie. 

Une préférence pour l’apprentissage en simulation hybride

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«Pour la réalité virtuelle, on a rajouté une composante technologique. Les étudiants et les étudiantes doivent apprendre à manipuler les manettes et se familiariser avec un nouvel environnement virtuel. On leur proposait des tutoriels à cette fin. Par exemple, ouvrir un tiroir dans cet environnement virtuel nécessite une manipulation particulière qui doit être apprise», explique Patrick Lavoie. 

Si la réalité virtuelle demande quelques nouveaux apprentissages, les étudiantes et étudiants ont préféré les simulations hybrides, qui offrent des possibilités, pour le moment, plus étendues. 

«Ainsi, deux étudiants pourraient interagir avec la comédienne dans la simulation hybride. En revanche, le logiciel de réalité virtuelle utilisé ne permet pas cette double interaction. Une personne porte le casque et interagit avec la mère et son bébé, tandis que l’autre, sur un écran séparé, observe ce que voit la première et lui fait des suggestions, mais sans être activement engagée dans l’environnement virtuel», poursuit Patrick Lavoie. 

Au rythme où se développe la réalité virtuelle, ces différences pourraient s’amoindrir au cours des prochaines années, remarque le professeur. 

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