Optimiser la surveillance de la rage chez les animaux sauvages

Début avril, une hausse du nombre de cas de rage du raton laveur a été constatée au Vermont, dont un cas recensé à 10 km de la frontière avec le Québec.

Début avril, une hausse du nombre de cas de rage du raton laveur a été constatée au Vermont, dont un cas recensé à 10 km de la frontière avec le Québec.

Crédit : Getty

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Des scientifiques québécois, canadiens et américains se réunissent à l’UdeM, du 22 au 24 mai, pour optimiser la vaccination des animaux sauvages afin de les prémunir contre le virus de la rage.

Début avril, une hausse du nombre de cas de rage du raton laveur a été constatée au Vermont, dont un cas recensé à 10 km de la frontière avec le Québec. 

Pour éviter que la maladie se répande au nord de la frontière américaine, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a épandu plus de 46 000 appâts vaccinaux dans 17 municipalités de l’Estrie et de la Montérégie.

L’annonce faite par le ministère, le 14 avril, décrit une opération menée sur un territoire de près de 660 km2. L’opération manuelle visait notamment les zones boisées, les berges des cours d’eau, les pourtours des champs agricoles et les abords de poubelles. 

C’est dans ce contexte que se déroule jusqu’au 24 mai à l’Université de Montréal un atelier de travail organisé par Timothée Poisot, professeur au Département de sciences biologiques de l’UdeM, réunissant des chercheuses et des chercheurs de l’Agence de la santé publique du Canada, du MELCCFP, du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, du département de l’Agriculture des États-Unis et du Service d’inspection sanitaire des animaux et des plantes (États-Unis).

Mieux circonscrire les zones d’incertitude

Timothée Poisot

Organisée avec le concours de la postdoctorante Emily Beasley et du professeur Patrick Leighton, de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université, cette rencontre vise à «harmoniser les données afin de faciliter le partage d’informations entre les différents partenaires, de même que les modèles de vaccination, pour éventuellement élaborer des tableaux de bord qui nous permettront de suivre les efforts de vaccination», explique Timothée Poisot. 

Selon celui qui est aussi chercheur au Centre de la science de la biodiversité du Québec, une partie du problème actuel relève de la planification et du suivi des interventions, qui ne sont pas les mêmes entre les partenaires québécois, ontariens, canadiens et américains.  

«Les modèles de suivi sont différents de sorte que les données ne sont pas toujours comparables entre elles, indique-t-il. Toutes les stratégies de vaccination sont basées sur des modélisations, mais il nous manque une meilleure compréhension de l’incertitude pour mieux harmoniser les efforts de surveillance et de vaccination.» 

Cela signifie que lorsque les scientifiques créent un modèle, celui-ci produit des résultats qui donnent une idée du risque de propagation de la rage sur une partie de territoire donnée. «Or, il suffit qu’un seul cas survienne pour que le virus se propage, et nous souhaitons pouvoir mieux adapter nos modèles pour mieux cibler ces zones d’incertitude», dit Timothée Poisot.

Éviter que la rage du raton laveur monte au nord

La rage du raton laveur est celle qui est la moins répandue chez les animaux sauvages au Canada. 

L’an dernier au Québec, aucun cas n’a été détecté sur 1200 spécimens capturés. Aussi, les cas recensés récemment au Vermont font craindre que la rage du raton laveur franchisse un jour la frontière québécoise. 

«D’où l’importance de mieux harmoniser nos efforts de surveillance», conclut Timothée Poisot.

Que faire si vous avez été mordu ou griffé par un animal?

La rage est une maladie contagieuse et mortelle touchant tous les mammifères. Elle peut donc se transmettre d'un animal infecté à l'humain. Outre la rage du raton laveur, d'autres variants de la rage circulent au Québec, notamment chez les chauves-souris et, dans le nord du Québec, chez les renards. La prudence est donc de mise en tout temps et avec toutes les espèces de mammifères. 

La rage peut être évitée en adoptant des comportements sécuritaires: 

  • Si vous avez été mordu ou griffé par un animal ou si vous avez été en contact avec sa salive, nettoyez la plaie avec de l'eau et du savon pendant 10 à 15 minutes même si la plaie est en apparence mineure. Communiquez rapidement avec Info-Santé 811 afin d'obtenir le suivi médical adéquat. 
  • N'approchez jamais d'un animal inconnu, sauvage ou domestique, même s'il a l'air inoffensif. 
  • Ne touchez jamais la carcasse d'un animal sauvage à mains nues. 
  • Prenez des mesures pour ne pas attirer d'animaux sauvages sur votre propriété (par exemple, rangez vos poubelles extérieures hors de la portée des animaux et évitez de nourrir les animaux domestiques à l'extérieur). 
  • Signalez les ratons laveurs, les mouffettes et les renards des régions de l'Estrie et de la Montérégie qui semblent malades, désorientés, anormalement agressifs, paralysés ou qui sont retrouvés morts en composant le 1 877 346-6763 ou en remplissant le formulaire de signalement. 

Source: ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.