Le printemps d’Annie: l’espoir d’un chez-soi

Le pavillon Patricia-Mackenzie de la Mission Old Brewery

Le pavillon Patricia-Mackenzie de la Mission Old Brewery

Crédit : Joëlle Simard-Lapointe

En 5 secondes

Annie revient de loin. Si elle a pu remonter la pente, c’est grâce au Programme de réaffiliation en itinérance et santé mentale, copiloté par la psychiatre Lison Gagné. Nous l’avons rencontrée.

Annie nous ouvre la porte en souriant, un éclair de fierté dans les yeux. L’appartement est vaste et lumineux, propre et bien rangé. Un beau logement au cœur du Plateau-Mont-Royal avec cuisine moderne et mur en brique, offert par le programme de logement transitoire. Ses trois colocataires s’affairent dans leur chambre. 

Cette ambiance de calme, de confort et de bien-être est essentielle à leur rétablissement. Car les quatre femmes reviennent de loin: de la rue et de l’errance. Des traumas et de la psychose. Des personnes comme vous et moi qui, un jour, ont vu le sol se dérober sous leurs pieds.

«Je ne savais plus comment avancer»

Chambre du pavillon Patricia-Mackenzie de la Mission Old Brewery

Crédit : Joëlle Simard-Lapointe

Annie n’avait jamais reçu de soins en psychiatrie avant d’être hébergée au pavillon Patricia-Mackenzie de la Mission Old Brewery, en décembre 2021. Si elle a pu remonter la pente, c’est grâce au Programme de réaffiliation en itinérance et santé mentale (PRISM), copiloté par la psychiatre Lison Gagné. Au fil de ses avancées, elle a pu bénéficier d’autres programmes spécialisés en santé mentale. Aujourd’hui, Annie est appuyée par l’équipe d’intensité variable, qui cible le développement des aptitudes individuelles pour favoriser l’intégration sociale.

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«Je n’aurais jamais pensé me retrouver dans cette situation. Je me suis toujours bien organisée», nous dit-elle de sa voix douce avant de revenir sur son parcours de vie et sa descente aux enfers. Un travail à temps plein comme éducatrice, un appartement, un bon réseau d’amis, des parents aimants et beaucoup d’activités. Un conjoint qu’elle aimait, aussi. Mais les déménagements successifs au gré des affectations de l’amoureux et sa rupture après 15 ans de vie commune, en pleine pandémie, auront porté un dur coup à sa santé mentale. 

«Après ma séparation, je me suis vraiment sentie perdue. Ç’a éclaté, je ne sais pas comment l’expliquer. Tous ces changements, ces déménagements, tu recommences tout le temps…», raconte-t-elle. En perte de sens et de repères, elle quitte Montréal pour l’Ouest canadien, d’où elle est originaire. Sans plan ni argent. Elle reste chez une amie quelque temps, puis chez une autre. «Je tournais en rond… Mon amie de Montréal m’a dit de revenir, elle voulait m’aider», poursuit-elle. À son retour, son ange gardienne la conduit à l'urgence de l’Hôpital Notre-Dame. 

Annie est dans un état psychotique, mais refuse d'être hospitalisée. Comme elle n’a plus de logement, on la dirige vers la Mission Old Brewery, où elle demeurera pendant cinq mois. L’équipe du PRISM la prend sous son aile, crée un lien de confiance avec elle, lui offre une petite chambre et un traitement qu’elle accepte de plein gré. Dès lors, son état s'améliore rapidement. Les intervenantes l’assistent dans ses demandes d'aide sociale et lui trouvent ce bel appartement au cœur du Plateau. 

«Aujourd’hui, ça va super bien. Je suis en train de me rebâtir. Je vais à la bibliothèque, je fais de la lecture, je suis des cours de mandala. Mon ciel s’éclaircit. Je veux refaire ma vie, travailler, avoir un copain. Ça fait son chemin, tranquillement pas vite», conclut-elle.