Menstruations et ménopause: zoom sur le rôle des acides gras

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Une nouvelle étude dirigée par la Dre Despoina Manousaki montre que le métabolisme des acides gras aurait un rôle à jouer pour déterminer l’âge des premières règles et de la ménopause.

Qu’est-ce qui détermine l’âge des premières règles et de la ménopause chez les femmes? Selon une nouvelle étude dirigée par la Dre Despoina Manousaki, endocrinologue et chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, une partie de la réponse se trouverait du côté du métabolisme des acides gras, notamment les oméga-3 et les oméga-6 et la phosphatidylcholine.  

L’analyse, qui s’est appuyée sur des bases de données comportant les génomes de plusieurs centaines de milliers d’individus, montre effectivement que le niveau sanguin de ces substances produites par le métabolisme (ou métabolites) joue un rôle causal dans la détermination de la longévité reproductive, tel l’âge des premières règles et de la ménopause. Toutefois, d’autres facteurs qui influencent le profil lipidique, comme l’indice de masse corporelle (IMC), peuvent modifier cet effet sur l’âge des premières menstruations.  

De nouveaux biomarqueurs mis au jour

La Dre Despoina Manousaki, à droite, accompagnée de son associée de recherche Isabel Gamache

La Dre Despoina Manousaki, à droite, accompagnée de son associée de recherche Isabel Gamache

Crédit : CHU Sainte-Justine (Véronique Lavoie)

Jusqu’à présent, on en savait encore peu sur le rôle du métabolisme et des métabolites dans la détermination de l’âge des premières règles et de la fin de la période reproductive. Or, compte tenu des répercussions de ces évènements sur la santé des femmes, il est crucial de mieux comprendre les processus à l’œuvre.  

«Notre objectif était d’identifier de nouveaux biomarqueurs, explique la Dre Manousaki. Nous avons donc testé plusieurs centaines de métabolites sur des bases de données pangénomiques de filles et de femmes pour voir s’il existe une relation de causalité entre ces substances et l’âge de la ménarche et de la ménopause. Nos analyses ont révélé que c’est le cas des acides gras tels que certaines phosphatidylcholines ainsi que les oméga-3 et oméga-6.»  

Par ailleurs, comme l’âge des premières règles tend à diminuer chez les filles avec un excès de poids et qu’il existe des liens entre l’obésité et la ménopause précoce, la Dre Manousaki et son équipe ont également voulu vérifier l’incidence de l’IMC comme facteur intermédiaire. En utilisant des bases de données pangénomiques et des mesures directes des métabolites sanguins chez les filles et les femmes d’une cohorte britannique, la chercheuse et ses collègues ont constaté que l’effet des oméga-3 et des oméga-6 reste important sur l’âge de la ménopause, peu importe l’IMC. Toutefois, l’influence de certains acides gras sur l’âge des premières menstruations disparaît quand on tient compte de ce facteur, ce qui renforce l’hypothèse de l’association entre obésité et puberté précoce. Malgré tout, il est possible que d’autres facteurs liés au style de vie non considérés dans l’étude, comme l’activité physique ou le régime alimentaire, agissent aussi comme facteurs intermédiaires.  

Une cible thérapeutique à explorer

Une meilleure compréhension du rôle que jouent les lipides dans la longévité reproductive des femmes pourrait permettre leur utilisation à des fins thérapeutiques ou préventives. Bien que les mécanismes d’action des lipides sur la longévité reproductive demeurent inconnus, on peut penser qu’ils sont attribuables au moins en partie aux propriétés anti-inflammatoires des lipides. Est-ce à dire que toutes les filles et les femmes devraient prendre, par exemple, des suppléments d’acides gras oméga-3 et oméga-6?  

«Notre étude démontre que ces acides gras sont des biomarqueurs liés à l’âge des premières règles et de la ménopause, mais leur utilité thérapeutique doit être vérifiée au moyen d’essais cliniques, précise Isabel Gamache, associée de recherche et coauteure de l’étude. D’autres recherches seront donc nécessaires pour déterminer l’implication clinique de notre découverte, entre autres si l’on devrait mesurer le niveau de ces métabolites dans le sang par des tests de routine, comme on le fait pour certaines vitamines ou certains minéraux.»

À propos de l’étude

L’article «Metabolome-wide Mendelian randomization for age at menarche and age at natural menopause», par Mojgan Yazdanpanah, Nahid Yazdanpanah, Isabel Gamache, Ken Ong, John R. B. Perry et Despoina Manousaki, a été publié dans Genome Medicine. 

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