Des étudiants et des aînés vont réaliser des zines écologiques ensemble

L'artiste Mathilde Benignus présente un zine

L'artiste Mathilde Benignus présente un zine

Crédit : Antonin Monmart

En 5 secondes

Le projet intergénérationnel «Mains d’herbes» vise à reconnecter les habitants de Parc-Extension avec la nature. Le tout en partageant de précieux savoirs sur les plantes et les espaces verts.

«Le seul parc qu’on a dans Parc-Extension, c’est dans le nom!», plaisante une personne interrogée par l’artiste Mathilde Benignus. Mais où sont les espaces verts à Parc-Extension? Sur les balcons des résidents? Dans leurs jardins? Pour en savoir plus, l’artiste multidisciplinaire va sonder cet été des personnes âgées demeurant dans le quartier ainsi que la communauté étudiante du campus MIL de l’Université de Montréal. Invitée par la Galerie de l’UdeM et par l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, l’artiste va organiser des séances de co-création avec ces deux publics dans le cadre du projet «Mains d’herbes».  

Les participantes et participants réaliseront ensemble des zines, de petits livres d’artistes réalisés de façon artisanale. Ces zines permettront ainsi de transmettre des idées sur des thèmes socioscientifiques et écologiques, en soulignant le rapport des participantes et participants avec la nature en ville. À la fin de l’été, ces zines seront disséminés dans le quartier. 

Réfléchir sur l’accessibilité aux espaces verts de Parc-Extension

Selon Mathilde Benignus, Parc-Extension est un quartier densément peuplé avec peu de verdure publique, hormis le parc Jarry. Cependant, la végétation se retrouve dans les jardins des arrière-cours, les balcons et les ruelles où les habitants cultivent des plantes pour leur usage personnel. Pourtant, l’accès aux espaces verts publics reste limité. 

Sur le site du campus MIL, la partie verte se trouve à Outremont, aux Projets éphémères. Bien que le campus MIL dispose d’un bel espace vert dans Parc-Extension, celui-ci est vitré et inaccessible aux étudiantes et étudiants. À partir de cette observation, Mathilde Benignus a souhaité réfléchir à l’accessibilité des espaces verts pour les étudiants du campus. Elle s’est aussi interrogée sur les espaces verts disponibles pour les personnes âgées vivant en résidence non loin de là. 

Échanger sur les espaces verts entre aînés et étudiants

L’artiste est convaincue que le partage d’expériences intergénérationnel entre les personnes âgées et la communauté étudiante concernant les espaces verts peut être extrêmement bénéfique. Ayant elle-même beaucoup appris de ses grands-mères sur la manière de travailler avec les plantes, elle souhaite encourager ce type d’échange. «L’une de mes grands-mères habitait en face d’une forêt, qui était son garde-manger et son herboristerie. L’autre a vécu dans des pays très chauds et, plus tard, elle a pris soin de plantes sur son balcon en résidence», se souvient Mathilde. Ces expériences l’ont profondément inspirée. «Ces deux femmes ont trouvé leur chemin et m’ont transmis l’importance de prendre soin de la nature, même quand elle est rare. Prendre soin de soi et de la nature va de pair; c’est thérapeutique et essentiel à notre bien-être.» 

L’artiste ajoute: «Parfois en tant que personne étudiante, on achète des plantes et on les laisse mourir, faute d’avoir eu le temps de récupérer pendant la session. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas la main verte, mais plutôt que nous avons perdu cette habitude de vie qui était de prendre soin de façon quotidienne des plantes, d’être à l’écoute de ce dont elles ont besoin. C’est beau parce que si nous les écoutons, elles nous parlent. Elles nous disent alors qu’elles ont besoin d’une quantité d’eau qui n’est pas la même selon chacune, d’une quantité de soleil, d’une quantité d’ombre, de bruit aussi qui leur est propre. Elles ont besoin d’amour. Ce ne sont pas des savoirs de sorcières (quoique!), mais des pratiques que nous pouvons réintégrer à notre vie.» Elle souligne l’importance de ce lien sensible avec les plantes, qui peut également influencer la manière dont nous prenons soin des parcs et des arbres autour de nous.  

Création de zines écologiques

Crédit : Antonin Monmart

Les zines, ces petits livres en marge qui ne nécessitent aucune autorisation pour être édités, sont un moyen d’expression libre et créatif. Mathilde Benignus a donc choisi ce support pour que les participantes et participants puissent s’exprimer sans censure. «Les zines sont comme des graines sauvages qui poussent sans autorisation dès qu’elles trouvent un peu de terreau fertile.» 

Ces zines permettront de soulever des points critiques et d’amener des débats et des idées nouvelles. «Il sera intéressant de s’interroger à nouveau sur ces sujets sans validation extérieure. Ces zines contiendront des paroles transcrites des participants, qui pourront s’exprimer librement sous forme de textes, croquis, dessins, plans, etc.», explique l’artiste. 

Les participantes et participants qui le souhaitent disperseront ces zines dans leur quartier. Ils pourront les déposer discrètement dans des endroits de passage comme des dépanneurs, restaurants, boulangeries, etc.  

Cette démarche vise à faire part du contenu des rencontres et des réflexions sur l’accès aux espaces verts. «Peut-être que des aînés seront heureux de raconter leur trajet jusqu’aux jardins d’une voisine. C’est un savoir diffusé différemment, un savoir sensible qui vient du cœur, un savoir différent des connaissances universitaires», conclut l’artiste. 

  • Crédit : Antonin Monmart
  • Crédit : Antonin Monmart
  • Crédit : Mathilde Benignus

Participer au projet "Mains d’herbes"

Si vous êtes une personne aînée habitant Parc-Extension ou que vous êtes une personne étudiant préférablement sur le campus MIL et que vous souhaitez participer, vous devez remplir ce formulaire avant le 5 août. 

Une première rencontre entre les personnes participantes et l’artiste médiatrice aura lieu le 9 août. 

Pour toute question sur le projet, écrivez à mediationculturelle.vsp@gmail.com.