Alexandre David: «D’une place à une autre»
- UdeMNouvelles
Le 4 septembre 2024
- Virginie Soffer
Présentée cet automne à Montréal et à Québec, une triple exposition d'Alexandre David revisite trois décennies de création à travers de monumentales installations immersives.
Cet automne, D’une place à une autre, une exposition majeure du travail d'Alexandre David, est présentée simultanément à la Galerie de l’Université de Montréal, à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval et à Criterium à Québec.
Pensée et commissariée par le directeur de la Galerie de l’Université de Montréal, Laurent Vernet, cette exposition allie de nouvelles créations et une rétrospective des 30 années de carrière d’Alexandre David, proposant ainsi une immersion totale dans l'univers de l’artiste.
Un triptyque d’installations
Cette exposition se distingue par son caractère tripartite. Chaque lieu d’exposition accueille une installation unique, conçue selon la spécificité de l'endroit. La Galerie de l’Université de Montréal a été transformée sous l’impulsion d’Alexandre David, qui a créé un parcours immersif tout à la fois déroutant et étrangement familier. «J'aime cette pente-là, mais qu'arriverait-il si j'en avais deux, dont l’une dans l'autre sens?» s'est interrogé l'artiste. Cette réflexion l’a accompagné dans le processus de création de son installation à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval. Le professeur de l’École d’art de l’établissement y a exploré de nouvelles configurations spatiales. Quant à Criterium, l’artiste en arts visuels a joué avec le lieu et sa vitrine, offrant une expérience différente.
Une invitation à se réapproprier l’espace
L'une des caractéristiques marquantes du travail d'Alexandre David est sa capacité à inviter les visiteurs à se réapproprier les lieux où il passe. «Il travaille toujours les lieux qu'on lui propose pour en révéler d'autres expériences», explique Laurent Vernet. L’artiste précise: «Ce sont des endroits faits pour que quiconque se les attribue, je ne détermine pas leur usage. Je parle d’usage informel, mais c’est à chacun de décider.» Ainsi, qu'il s'agisse de flâner, de lire un livre ou de s’asseoir pour discuter, Alexandre David privilégie une approche où l'interaction avec ses œuvres reste libre et spontanée.
«Je n'aime pas l'idée d’établir des usages trop précis, ajoute l’artiste. Il n'y a rien de prescriptif là-dedans et je ne veux pas le faire dans une perspective politique ou critique. Mon travail se lie à la dimension ordinaire de la vie et j'aime qu'on puisse en faire un usage distrait.» Cette approche permet au public de se sentir à l'aise dans l’espace créé, sans la pression de devoir comprendre ou interpréter de manière spécifique les œuvres exposées. «Je trouve que, lorsqu’on se rend dans une galerie, on est toujours conditionné. On est devant quelque chose qui est censé être important. On se dit alors qu’on doit se mettre dans un état d'esprit particulier. Mais j'aime qu'on puisse à la fois faire l'expérience d'un objet un peu énigmatique et se l’approprier de façon tout à fait ordinaire et que ça rejoigne le quotidien», mentionne Alexandre David.
Une expérience immersive et ludique
En entrant dans la Galerie de l’Université de Montréal, les visiteurs se trouvent immédiatement face à une vaste paroi de 1,52 m de haut en contreplaqué, les empêchant de voir la totalité de l'œuvre. Ils doivent alors se déplacer et s’en approcher pour découvrir une nouvelle configuration de la Galerie. Cette approche encourage une réappropriation ludique de l'espace, chaque visiteur attribuant comme il le souhaite un sens aux formes singulières proposées par l’artiste.
«C’est une expérience immersive forte, un véritable terrain de jeu auquel le public est invité à donner vie», déclare le commissaire de l’exposition. La lumière blanche, produite par des néons, contribue à cette immersion, créant un espace presque sans ombre, en rupture avec l'éclairage tamisé traditionnellement utilisé dans les galeries. «Dans les galeries, on recourt souvent à un éclairage qui n’est justifié que pour des œuvres très fragiles. Si l’on exposait des peintures de Rembrandt, on mettrait un éclairage très tamisé pour ne pas que la lumière endommage les tableaux. Mais on a reproduit ce type d'éclairage dans toutes les galeries. Dans mes œuvres, il n’y a rien de précieux. J’emploie des matériaux de construction. Ils vont être défaits, puis réutilisés dans d'autres projets», indique Alexandre David.
Une rétrospective de 30 ans de carrière
En complément des installations, l'exposition propose une rétrospective du parcours d’Alexandre David. Une salle de la Galerie de l'Université de Montréal présente des dessins, photos, maquettes et autres documents retraçant la carrière de l’artiste.
«Au fil des années, j'ai réalisé de nombreux projets dans des galeries avec des structures variées: des pentes bombées, des arcs, des courbes», dit-il. Les trois installations actuelles synthétisent cette diversité, illustrant aussi les différentes façons dont il traite les structures: «À Criterium, la structure est complètement apparente; à l'Université Laval, elle ne l'est pas du tout; et à Montréal, elle est presque invisible.»
Cette exposition rétrospective, qui a obtenu le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec, met en lumière les œuvres monumentales et éphémères d’Alexandre David, dont il ne restera que la documentation. Une fois l’exposition finie, ses œuvres en contreplaqué seront démontées et les morceaux de bois finement agencés seront réutilisés pour un prochain projet.
Informations pratiques
Galerie de l’Université de Montréal
Du 3 septembre au 16 novembre
Pavillon de la Faculté de l’aménagement
2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, à Montréal
Galerie des arts visuels de l’Université Laval
Du 12 septembre au 20 octobre
Édifice La Fabrique
295, boulevard Charest Est, à Québec
Criterium
Du 10 au 29 septembre
371, rue du Pont, à Québec
Vernissages
Mercredi 11 septembre: Galerie de l’Université de Montréal
Jeudi 12 septembre: Galerie des arts visuels de l’Université Laval
Vendredi 13 septembre: Criterium