Voir à la santé animale en région par un programme délocalisé de médecine vétérinaire à Rimouski

David Francoz

David Francoz

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

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Le doyen de la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM, David Francoz, parle du programme délocalisé de formation en médecine vétérinaire, qui accueille sa première cohorte à Rimouski.

Dans un contexte où l'accessibilité des soins vétérinaires en région est un souci grandissant, l'Université de Montréal a innové en implantant un programme délocalisé de formation en médecine vétérinaire à Rimouski, en collaboration avec l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Ce programme, qui accueille cette semaine sa première cohorte de 24 étudiantes et étudiants, vise à former une génération de vétérinaires polyvalents, capables de répondre aux besoins variés des communautés où ils exerceront.

Devenu doyen de la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM en juin 2023, le Dr David Francoz nous parle de l’origine de ce projet et de sa vision ainsi que des défis qu’il comporte.

D’où vient l’idée d’offrir un programme délocalisé en médecine vétérinaire?

En 2018, la Dre Christine Theoret entrait en fonction à titre de doyenne de la faculté et, à ce moment-là, la question de l’accessibilité des soins en médecine vétérinaire se posait déjà, particulièrement en région. C’était d’ailleurs une préoccupation qui dépassait les frontières du Québec et du Canada.

Cet été-là, elle conduisait sa fille à Saguenay, où celle-ci allait suivre un programme délocalisé de deuxième cycle en physiothérapie de l’Université McGill en partenariat avec l’Université du Québec à Chicoutimi. La Dre Theoret a été à même de constater le fonctionnement – et le succès! – de ce partenariat en sciences de la santé, elle s’est alors dit qu’il pourrait en être de même pour la médecine vétérinaire à l’UdeM.

Elle en a parlé avec le recteur de l’époque, Guy Breton, ainsi qu’avec les responsables du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, le MAPAQ, qui se sont montrés très réceptifs à l’idée.

Pour la petite histoire, la fille de la Dre Theoret a terminé ses études de physiothérapie et elle a décidé de s’établir dans la région de Saguenay pour pratiquer sa profession. C’est une illustration que la délocalisation de programmes universitaires peut contribuer à renforcer les régions!

Comment ce partenariat s’est-il dessiné et pourquoi avoir choisi l’UQAR?

Notre objectif était de répondre à des besoins en soins vétérinaires en région et, au cours de la même période, le MAPAQ travaillait à désigner les régions critiques en termes d’accessibilité des soins vétérinaires pour les animaux de la ferme.

Pour délocaliser notre programme, nous devions nous assurer que notre communauté étudiante – et aussi l’ensemble de notre communauté facultaire – aurait à sa disposition un certain nombre de services, ce qui est une exigence de l’organisme d’agrément. Dans cette optique, il nous semblait essentiel de nous associer à une structure universitaire.

Et comme la région du Bas-Saint-Laurent est une région agricole importante et qu’elle abrite aussi le Cégep de La Pocatière, qui se trouve non loin de Rimouski, nous y avons vu un potentiel de collaborations futures en matière de recherche et de partage d’expertises. C’est donc tout naturellement que le rapprochement avec l’UQAR s’est fait.

La formation des futurs vétérinaires issus de Rimouski sera donc surtout orientée vers les animaux de la ferme?

Il importe de noter que, en 2018, la question de l’accès aux soins pour les animaux de la ferme était dominante, mais aujourd’hui, les problèmes d’accès sont étendus aux petits animaux et c’est particulièrement vrai en région.

C’est pourquoi nous misons sur une formation plus polyvalente. Ainsi, à Rimouski, 12 places sont réservées aux admissions orientées vers les animaux de la ferme, tandis que les 12 autres découlent d’une admission générale.

Pour répondre aux besoins de la société, notamment en région, nous nous devons d’assurer aussi la formation de médecins vétérinaires aux profils mixtes, possédant des compétences ou un intérêt pour soigner plus qu’une espèce animale. Cela vise à favoriser l’accès aux soins de même que la résilience dans la profession et la continuité des services.

Pour les étudiants et étudiantes de Rimouski qui viennent des régions, il y a une bonification de la cote R, en fonction des régions fragiles déterminées par le MAPAQ.

L’enseignement sera-t-il prodigué exclusivement par des professeures et professeurs de l’UdeM ou certains cours seront-ils donnés par ceux de l’UQAR?

Puisqu’il s’agit du programme de doctorat de 1er cycle en médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, le personnel enseignant est rattaché à l’UdeM.

Néanmoins, des membres du corps enseignant de l’UQAR à l’expertise particulière dans certains domaines pourraient collaborer avec nos professeures et professeurs ainsi que nos cliniciennes et cliniciens en recherche ou en enseignement. Cela fait d’ailleurs partie des ententes que nous sommes à établir.

Où se trouvent les installations qui accueilleront la nouvelle cohorte de ce programme délocalisé?

Un étage complet d’un bâtiment de l’UQAR a été rénové et, pour cette année, il permettra d’accueillir notre première cohorte.

Par ailleurs, un pavillon est en construction sous la responsabilité de l’UQAR, qui en sera propriétaire, et, à cet égard, je tiens à souligner l’incroyable collaboration que nous avons avec ses représentants. Nous avons des échanges extraordinaires avec eux et c’est le partenaire parfait pour la mise en place de ce programme délocalisé!

La construction du pavillon sera terminée à l’été 2025 et il n’y a pas de retard en vue. Néanmoins, s’il devait y en avoir, nous sommes à élaborer un plan de contingence pour être en mesure d’accueillir la deuxième cohorte l’an prochain.

À terme, y a-t-il d’autres projets envisagés par la faculté pour son programme délocalisé à Rimouski?

Notre projet s’est articulé autour du programme de doctorat de 1er cycle en médecine vétérinaire [D.M.V.], mais nous travaillons, pour les années à venir, sur des programmes d’études supérieures. Nous misons sur les collaborations possibles avec des équipes de recherche de l’UQAR et, dans cette perspective, nous avons tenu des activités de réseautage qui ont permis à certains chercheurs et chercheuses d’amorcer des travaux communs. Il s’effectue déjà du travail en synergie dans différents domaines et d’autres collaborations sont à venir, entre autres en ce qui a trait aux animaux aquatiques et à ceux des milieux nordiques.

Par ailleurs, l’UdeM et la faculté entendent s’engager dans la communauté de Rimouski et dans la région, notamment auprès des cliniques vétérinaires et des éleveurs. Des activités de réseautage sont prévues à cet effet.

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