Quel avenir pour la recherche universitaire?

De gauche à droite: Frédéric Bouchard, Roseann O’Reilly Runte, Stephen J. Toope et Marie-Josée Hébert.

De gauche à droite: Frédéric Bouchard, Roseann O’Reilly Runte, Stephen J. Toope et Marie-Josée Hébert.

Crédit : Courtoisie

En 5 secondes

Le 23 août, un panel de hauts dirigeants s’est réuni à HEC Montréal pour discuter des défis et des perspectives de la recherche en milieu universitaire.

Interdisciplinarité, contraintes politiques, méfiance du public, potentiel des jeunes générations, valorisation du français, place de la vulgarisation: le panel «L’avenir du Canada en recherche: forces et défis» a permis de dresser un tableau nuancé du futur de la recherche universitaire.

Animée par Marie-Josée Hébert, vice-rectrice à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation de l’Université de Montréal, cette rencontre a réuni Frédéric Bouchard, doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’UdeM, Roseann O’Reilly Runte, présidente-directrice générale de la Fondation canadienne pour l’innovation, et Stephen J. Toope, président et chef de la direction de l’Institut canadien de recherches avancées.

Tenue à l’édifice Hélène-Desmarais de HEC Montréal, l’activité se déroulait à l’occasion de la remise d’un doctorat honorifique à Stephen J. Toope à la Collation des doctorats de 3e cycle de l’Université.

C’est le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras, qui a ouvert la discussion en rappelant que «la recherche et l’innovation comptent parmi les grandes forces qui tirent la qualité de vie et la prospérité d’une communauté vers le haut».

Des réflexions entre espoir et défis

Frédéric Bouchard, Marie-Josée Hébert, Stephen Toope, Roseann O’Reilly Runte et Daniel Jutras

Frédéric Bouchard, Marie-Josée Hébert, Stephen J. Toope, Roseann O’Reilly Runte et Daniel Jutras

Crédit : Courtoisie

Stephen J. Toope, aussi considéré comme un grand penseur de la recherche, a été le premier à prendre la parole pour marteler l’importance de l’interdisciplinarité dans la résolution des enjeux importants qui guettent la société. «Nous avons besoin de relier les disciplines – mais aussi les organisations et les continents – pour parvenir à des résultats durables et des réponses percutantes», a-t-il dit.

Selon lui, les équipes de recherche doivent aussi être plus ambitieuses pour faire face aux vents politiques contraires et à cette «impression des gens que les universités sont déconnectées de la société».

Roseann O’Reilly Runte, quant à elle, a présenté sa vision de la recherche, qu’elle a articulée autour de trois idées: «Ne regardons pas les choses isolément, mais plutôt globalement. Ne nous limitons pas au présent, mais pensons à l’avenir. La solution est souvent partie intégrante du problème.»

Frédéric Bouchard a ensuite revêtu sa casquette de philosophe des sciences pour parler d’une préoccupation majeure en matière de recherche: la méfiance croissante de la population quant à l’expertise des chercheurs et des chercheuses. «Problématique et délétère, cette perte de confiance mène à reconstruire des économies de porteurs d’eau alors que nous voulons être des sociétés d’inventeurs d’éoliennes. Et il n’y aura aucune autre manière de garantir le bien-être et la prospérité d’une société que d'approfondir les savoirs», a-t-il soutenu.

Coauteur du rapport du Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, le doyen a également abordé le sujet de l’intelligence artificielle, une avancée qui, selon ses dires, «incarne un changement épistémologique profond qui fragmentera les communautés scientifiques».

Des optimistes, malgré tout

Dans cet univers caractérisé par de nombreuses questions – qu’elles soient économiques, sociétales ou politiques –, les panélistes se sont toutefois montrés encourageants quant à l’avenir de la recherche universitaire.

Il a semblé unanime qu’avec de la passion, de l’ambition, de l’inspiration, de l’initiative et de l’ouverture, les retombées issues de la recherche scientifique sont assurées, mais, surtout, nécessaires.

«Peu de domaines promettent autant d’espoir que la recherche», a conclu Frédéric Bouchard.

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