Aider son cerveau à prévenir l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer
- UdeMNouvelles
Le 6 septembre 2024
Une étude de l’UdeM montre qu’une série de séances d’entraînement cognitif a eu des effets durables sur la mémoire chez des personnes âgées.
Entraîner son cerveau à se souvenir de certains éléments peut-il aider à prévenir l’apparition de symptômes de la maladie d’Alzheimer? Une étude canadienne montre que c’est possible, même cinq ans après la fin de l’entraînement.
Selon l’étude, une simple série de séances d’entraînement cognitif – deux heures par semaine pendant huit semaines – a suffi à freiner le déclin cognitif chez une cohorte de Québécois souffrant de troubles cognitifs légers.
Les résultats de l’étude dirigée par une équipe de recherche de l’Université de Montréal sont publiés dans la revue Alzheimer’s & Dementia: Diagnosis, Assessment & Disease Monitoring, de l’Alzheimer’s Association, dont le siège est à Chicago.
«Il y a quelques années, nous avions démontré qu’une intervention précoce pouvait améliorer les fonctions cognitives des personnes à risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer; nous avions aussi observé des changements cérébraux montrant que ces personnes avaient compensé mentalement leurs pertes de mémoire», explique l’auteure principale de l’étude, Sylvie Belleville, professeure titulaire de neuropsychologie à l’UdeM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive du vieillissement et plasticité cérébrale.
«Nous avons recontacté ces personnes cinq ans plus tard et avons noté que les bienfaits sur la mémoire et leur performance sur une mesure de la démence n’avaient pas diminué du tout dans le groupe traité, alors qu’il y avait un déclin dans le groupe non traité», poursuit la professeure, qui travaille pour le Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, affilié à l’UdeM, et qui est également directrice du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement.
Selon Sylvie Belleville, «ces résultats sont importants, car ce type d’intervention est non pharmacologique – il n’y a pas de médicaments en cause – et peut avoir des répercussions importantes sur la vie des personnes touchées».
Plus de 100 personnes âgées recrutées
Au total, 145 personnes âgées atteintes de troubles cognitifs légers ont été recrutées dans des cliniques de la mémoire de Montréal et de Québec pour participer à un entraînement cognitif appelé MEMO+ entre les printemps 2012 et 2015. On leur a enseigné un certain nombre de stratégies de mémorisation, qui portaient notamment sur la manière de retenir des noms de personnes, se souvenir de choses à faire ou de listes d'éléments et mobiliser son attention pour mieux mémoriser.
Les participantes et les participants des groupes témoins n'ont été soumis à aucun entraînement ou ont bénéficié d'une intervention psychosociale visant à améliorer leur bien-être psychologique général. Durant ces rencontres, ils ont entre autres appris des techniques pour gérer la colère et résoudre des problèmes de la vie quotidienne.
L’équipe de recherche a constaté non seulement que les bienfaits de l’entraînement cognitif étaient visibles six mois après les séances, mais qu’ils demeuraient évidents cinq ans plus tard. En revanche, les interventions psychosociales n'ont pas apporté d’améliorations cognitives.
Les résultats «soulignent le potentiel de l’entraînement cognitif en tant qu’approche préventive pour les personnes âgées vulnérables sur le plan cognitif, réduisant ainsi le déclin cognitif et permettant possiblement de retarder l’apparition de la démence, conclut l’étude. De plus, il est intéressant de noter que ces effets durables ont été obtenus grâce à une intervention relativement brève et peu coûteuse qui peut être facilement mise en œuvre comme mesure préventive pour les personnes à risque».
À propos de cette étude
L’article «Five-year effects of cognitive training in individuals with mild cognitive impairment», par Sylvie Belleville et ses collègues, a été publié le 6 septembre 2024 dans la revue Alzheimer's & Dementia: Diagnosis, Assessment & Disease Monitoring. Ces travaux ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada et par la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive du vieillissement et plasticité cérébrale, ainsi que par des subventions de Sojecci et de la Fondation Institut de gériatrie de Montréal.
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