Devenir médecin pour servir sa communauté
- UdeMNouvelles
Le 12 septembre 2024
- Mylène Tremblay
Karyne Wawanolett vient de terminer son doctorat en médecine après bien des embûches, grâce à sa persévérance. La finissante du campus de la Mauricie raconte ce qui l’a poussée à continuer.
Le parcours de Karyne Wawanolett, une Abénaquise de 40 ans nouvellement médecin, a été parsemé d’épreuves, mais aussi de belles victoires.
Originaire d’Odanak, une communauté autochtone située à 45 minutes de Trois-Rivières, elle s’établit à Montréal pour étudier en nutrition avant d’être admise au baccalauréat en pharmacie à l'Université de Montréal. Diplômée en 2010, elle retourne vivre auprès des siens et trouve un emploi dans une pharmacie d’une ville voisine, à Pierreville.
Peu après la naissance de son deuxième enfant, en 2014, son conjoint est victime d’une forme grave du syndrome de Guillain-Barré qui le laisse paralysé. Lorsqu’il recouvre la santé, un an plus tard, elle décide de lancer une entreprise en aménagement paysager pour l’accommoder et répondre aux besoins de la famille. «J’ai fait un DEP [diplôme d’études professionnelles] en aménagement paysager. Mon professionnalisme a contribué au succès de ma PME et la gestion des ressources humaines a favorisé le développement de mon leadership et de mes habiletés communicationnelles», soutient-elle.
Mais son véritable champ d’intérêt la rattrape en 2019. «Ce n'est pas ce que je voulais faire de ma vie. Je n’ai pas étudié en pharmacie pour rien! J'ai toujours souhaité devenir médecin. C’est l’un des plus beaux métiers, où l’on fait preuve d’altruisme. J’ai foncé pour réaliser mes rêves, convaincue que j’en avais les capacités. J'avais 35 ans, et le campus de la Mauricie était ma dernière chance… et mon premier choix. L’évènement portes ouvertes du GMF-U [groupe de médecine de famille universitaire] de Trois-Rivières m’avait fait découvrir un milieu très humain, avec des résidents et des patrons qui ont à cœur la médecine familiale», raconte Karyne Wawanolett.
Un campus de proximité
La chance lui sourit ou plutôt ses efforts portent leurs fruits: en 2020, la Faculté de médecine de l’UdeM lui ouvre ses portes, et elle entame son doctorat en pleine pandémie, au pavillon de Trois-Rivières. La plupart des cours se donnent alors par Zoom, puis reprennent graduellement en présentiel. «Je faisais le trajet matin et soir avec ma cousine qui travaille à l'hôpital de Trois-Rivières. Souvent, je finissais avant elle. Je restais étudier au campus en l’attendant», se souvient-elle.
Pendant cette période, la conciliation études-famille s’avère une autre épreuve. D’autant que Karyne Wawanolett vit avec un trouble déficitaire de l’attention qui lui demande de redoubler d’ardeur pour mémoriser la matière. Heureusement, elle peut compter sur son conjoint et sa mère pour s’occuper des enfants. Et sur la direction du campus de la Mauricie pour l’accompagner.
«Ayant eu un parcours atypique, je peux affirmer que la direction m'a soutenue, encouragée et comprise tout au long de mes études. Les interactions sont faciles et les membres du personnel sont accessibles. On est comme une grande famille», dit-elle avec reconnaissance.
En raison d’un ennui de santé, elle amorcera sa résidence en médecine de famille avec un peu de retard à Drummondville. Son conjoint a de la famille là-bas, ce qui lui facilitera la vie quand elle devra rester sur place.
Idéalement, Karyne Wawanolett aspire à travailler à Odanak ou dans les environs. «Moi, j’aime aider les gens, surtout les personnes âgées qui m’ont vue grandir. C’est pour ça que je veux apporter du soutien à ma communauté. J'espère trouver un lieu de pratique qui favorise un équilibre travail-famille, car je veux être disponible pour mes enfants, qui ont aujourd’hui 11, 10 et 7 ans», indique-t-elle.
«Le métier de médecin est extrêmement demandant. J'ai travaillé très fort pour atteindre mes buts. J'ai vécu énormément d'épreuves dans ma vie – la maladie, le deuil et bien d’autres encore. Mais avec de la persévérance, c’est possible de réussir», croit-elle.
Beaucoup de personnes sont fières d’elle. Avec raison: Karyne Wawanolett est assurément une source d'inspiration, comme «des médecins de famille en or» l’auront été pour elle.