Entalpic, une jeune pousse issue de la recherche en intelligence artificielle, obtient 8,5 millions d'euros
- UdeMNouvelles
Le 23 septembre 2024
- Martin LaSalle
Diplômé de l’UdeM, Victor Schmidt a cofondé Entalpic, une jeune entreprise visant à trouver de nouveaux matériaux à l’aide de l’IA pour lutter contre les changements climatiques.
Contribuer à la lutte contre les changements climatiques en ayant recours à des applications de l’intelligence artificielle (IA), tel était le souhait de Victor Schmidt, qui a récemment terminé son projet de recherche doctoral sous la direction du professeur Yoshua Bengio, du Département d’informatique et de recherche opérationnelle de l’Université de Montréal.
Son souhait est en train de se réaliser: la jeune entreprise française Entalpic, qu’il a cofondée au début de l’année et qui se spécialise dans l'utilisation de l'IA pour découvrir de nouveaux matériaux moins polluants dans l'industrie chimique, a récemment annoncé avoir recueilli 8,5 millions d'euros (12,7 millions de dollars canadiens) auprès d'investisseurs tels que Breega, Cathay Innovation et Felicis.
Les fonds obtenus visent à financer le recrutement de personnel hautement qualifié et l’élaboration d'algorithmes et de données scientifiques propriétaires. L'entreprise se trouve actuellement en phase d'amorçage, cherchant à répondre à diverses questions avec l'aide d'experts techniques du monde entier.
De la recherche à l'entreprise
La recherche de Victor Schmidt, menée à Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle, jusqu'en avril dernier, portait sur l'application de l'apprentissage profond à la lutte contre les changements climatiques, en se concentrant sur la mitigation.
«Mon projet de recherche portait sur deux approches, d’une part l'utilisation de la vision par ordinateur et de modèles génératifs pour illustrer les conséquences potentielles d’évènements extrêmes liés aux changements climatiques et d’autre part l'application de l'IA à la découverte de nouveaux matériaux, qui est devenue la base d'Entalpic», explique celui qui a fondé l’entreprise avec Alexandre Duval et Mathieu Galtier.
Le nom «Entalpic» fait référence à l'enthalpie, un concept de physique et de chimie par lequel est mesurée l'énergie dépensée ou récupérée au cours d'une réaction chimique.
L'objectif principal de la jeune entreprise est de recourir à l’IA pour trouver de nouveaux catalyseurs. Ces matériaux, qui interviennent dans les réactions chimiques sans être pour autant modifiés par celles-ci, peuvent aider à réduire la consommation d'énergie, accélérer les réactions ou les rendre plus sélectives.
Entalpic souhaite devenir une sorte de «bibliothèque de découverte de matériaux» grâce à sa plateforme d'IA conçue pour mettre au point et évaluer de nouveaux matériaux et molécules. L'entreprise vise à remplacer certains processus chimiques industriels existants, notamment dans les domaines de l'électrochimie et de la catalyse, avec des applications potentielles dans le stockage d'énergie, la production d'engrais et le contrôle de la pollution.
«En termes d’applications, on peut penser qu’il serait possible de produire de l’hydrogène autrement qu’avec de l’énergie fossile, à l’aide de meilleurs électrocatalyseurs qui décomposeraient les molécules d'eau, illustre Victor Schmidt. Il est aussi envisageable de pouvoir réduire l’empreinte carbone liée à la production d’engrais chimiques composés d’ammoniac, qui représente actuellement de deux à trois pour cent des émissions de gaz à effet de serre mondiales.»
«Nous faisons le pari de pouvoir répondre à différentes questions cruciales avec des spécialistes du monde de la technologie qui viennent de partout dans le monde, conclut-il. Créer nos propres algorithmes et mener nos propres expérimentations représente un investissement important, mais nécessaire pour atteindre nos objectifs.»