Les Projets éphémères, un laboratoire vivant d'agriculture urbaine

Les Projets éphémères se sont rapidement transformés en un lieu d’échanges et d'éducation.

Les Projets éphémères se sont rapidement transformés en un lieu d’échanges et d'éducation.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Les Projets éphémères du Complexe des sciences de l'UdeM sont aujourd’hui un modèle d’innovation en agriculture urbaine, favorisant la biodiversité et l’engagement communautaire.

Cette année, Cinémania présentera en avant-première le documentaire Forêt urbaine, qui met en lumière les lieux de vie nous reliant à la nature en milieu urbain et qui aborde les questions écologiques liées à ces lieux. Parmi les initiatives qu’il répertorie, on trouve les Projets éphémères, menés depuis 2015 au Complexe des sciences de l'Université de Montréal, sur le campus MIL, sous la direction d'Alexandre Beaudoin, conseiller à la biodiversité. À cette occasion, nous revenons sur ces projets éphémères.

Presque une décennie de projets éphémères

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Les Projets éphémères souffleront bientôt leurs 10 bougies. Ils trouvent leur origine dans un projet préexistant, le corridor écologique Darlington, qui avait été pensé pour répondre à des besoins écologiques et communautaires selon une approche basée sur l’innovation et l’agriculture urbaine. 

Tout a commencé à l’été 2015, sous l’impulsion principale d'Alexandre Beaudoin soutenu par l’Université de Montréal. Avec un modeste budget initial de 5000 $ provenant du bureau de projet du Complexe des sciences de l’UdeM, il a alors mobilisé plusieurs organismes communautaires pour lancer un premier jardin urbain ainsi que de nouvelles initiatives de recherche liées à l’agriculture urbaine. «On a commencé à partir de presque rien, avec de la terre, du compost, des copeaux, des frênes abattus et des matériaux récupérés, mais le projet a vite pris forme grâce à l'engagement de la communauté», explique Alexandre Beaudoin. Parallèlement, le premier projet du Centre des sciences de Montréal porte sur l’asclépiade et une coopérative enseigne la permaculture. 

L’année suivante, les Projets éphémères remportent le premier prix du Gala de reconnaissance en environnement et développement durable de Montréal dans la catégorie Entreprises et institutions et ils prennent de l’ampleur. Passant de 5 à 11 organismes partenaires, les Projets éphémères ont évolué en un espace d'exploration et d’expérimentation autour de l’agriculture urbaine. Ce développement a été soutenu par une série de partenariats avec des organismes locaux tels que la coopérative Miel Montréal (aujourd’hui Polliflora) et la Soverdi, mais aussi par un réseau communautaire toujours plus large. L’objectif restait clair: offrir un lieu à la communauté pour qu'elle puisse explorer des facettes nouvelles de l’agriculture urbaine. 

Un lieu d’éducation et d’engagement communautaire

Cinéma dans les jardins

Cinéma dans les jardins

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Les Projets éphémères ne se limitent pas à des jardins urbains. Ils se sont rapidement transformés en un lieu d’échanges et d'éducation. Chaque année, des évènements phares tels que des conférences, des tables rondes et des projections de films sous les étoiles rythment la vie du site. «On essaie de mettre le savoir universitaire à la portée de tous», dit Alexandre Beaudoin.  

Les activités organisées explorent des thèmes actuels comme la décroissance, l’économie circulaire ou encore la sécurité alimentaire. En 2021, un panel sur la médecine traditionnelle autochtone a rassemblé des chercheurs et chercheuses et des porteurs de savoirs autochtones et, en 2022, un groupe a discuté de la biodiversité des sols et souligné l’importance de préserver les sols urbains. «En 2023, une table ronde sur la sécurité alimentaire a fait son chemin et le Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux en a fait une mission pour l’Université de Montréal», indique Alexandre Beaudoin. 

Parallèlement, des camps sur la biodiversité et des ateliers pédagogiques pour les jeunes ainsi que des visites guidées font du site un lieu d’apprentissage actif. De plus, la création en 2023 d'une serre-école financée par le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l’Énergie a permis d’en faire un lieu d’éducation, d’expérimentation et d’engagement social.

Un héritage durable

Crédit : Magalie Dagenais

Les Projets éphémères laissent une empreinte durable dans le paysage montréalais. «On a fait de nombreuses explorations culturelles, comme avec la salle d’exposition de l’Institut du biomimétisme que nous avons lancée avec Moana Lebel. Cette année, elle est revenue pour animer un atelier avec les étudiants et étudiantes de l’UdeM à la Fête des récoltes», précise Alexandre Beaudoin. 

Ainsi, l’un des aspects les plus remarquables des Projets éphémères est la création d’un écosystème communautaire résilient. Même après la disparition de certaines organisations partenaires, l’esprit et la continuité se maintiennent. «Par exemple, après la disparition de la coopérative Bioma, les bénévoles et les personnes formées ont repris le flambeau et ont créé le collectif CRAterre, qui gère maintenant l’espace», mentionne-t-il. Cet héritage communautaire s’est ancré au fil des ans, garantissant la pérennité des Projets éphémères à travers leurs valeurs et leurs pratiques. 

En outre, les Projets éphémères ont fait l’objet de plusieurs études universitaires. «Beaucoup d'étudiantes et étudiants et de chercheuses et chercheurs entre autres des universités McGill, Concordia et du Québec à Montréal sont venus étudier le site et en ont parlé sur différentes plateformes», raconte Alexandre Beaudoin. Ce travail de documentation permet aux Projets éphémères de servir de modèle pour d’autres initiatives d’agriculture urbaine au Québec comme ailleurs. 

«Si jamais les Projets éphémères venaient à disparaître un jour, nous aurons laissé des documents et des méthodes pour que d’autres puissent s’en inspirer. C’est notre manière de démontrer comment l’université peut jouer un rôle clé dans la préparation aux grandes crises, comme celles du climat ou de la biodiversité», conclut Alexandre Beaudoin. 

Information

Documentaire Forêt urbaine
Date: 8 novembre à 14h30
Lieu: Office national du film du Canada