Le sport organisé pendant l’enfance et l’adolescence favoriserait la réussite scolaire à l’âge adulte
- UdeMNouvelles
Le 16 janvier 2025
- Martin LaSalle
Pratiquer une activité physique structurée pendant l’enfance et l’adolescence accentue les chances d’obtenir un diplôme d’études secondaires ou l’équivalent, selon une étude de Laurie-Anne Kosak.
La pratique d'activités physiques structurées pendant l'enfance et l’adolescence est associée à une plus grande persévérance scolaire menant à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou son équivalent.
C’est ce que sous-entendent les résultats d’une étude pancanadienne réalisée par l’étudiante de maîtrise Laurie-Anne Kosak, sous la direction de la professeure Linda Pagani, de l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal.
Ce projet de recherche, dont les résultats sont publiés dans la revue Children, s'appuie sur les données de l'Étude longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes et suit le parcours de 2775 jeunes Canadiens et Canadiennes de 12 à 20 ans des années 1996 à 2001. Ces données ont été obtenues par le biais de questionnaires distribués en trois vagues aux jeunes et à leurs parents sur cette période de six ans.
L’équipe de recherche, composée de partenaires de trois universités et dont faisait également partie la doctorante Kianoush Harandian de l’UdeM, a regroupé en trois catégories les types d’activités physiques que les jeunes ont rapporté avoir effectuées au cours des 12 mois précédents, soit le sport organisé ou d'équipe, le sport artistique (danse ou gymnastique par exemple) et l'activité physique non structurée (comme faire du vélo ou jouer dehors).
Ces données ont été combinées avec les résultats scolaires obtenus par les jeunes six ans plus tard, soit lorsqu’ils étaient âgés de 18 ans, puis de 20 ans.
Des résultats contrastés selon le genre
L'un des aspects particuliers de cette recherche est la distinction, entre les filles et les garçons, de l’effet de l’activité physique sur les résultats scolaires.
Chez les filles, la pratique de sports organisés était associée à une augmentation de 7,1 % des chances d'obtenir un diplôme d'études secondaires ou son équivalent; la pratique d’un sport organisé ou d’un sport artistique était aussi liée à l’obtention de meilleures notes. À l'inverse, l'activité physique non structurée chez les filles était associée à une diminution des notes moyennes à l'âge de 18 ans.
Chez les garçons, une seule association ressort des résultats: la pratique d’un sport organisé entraîne une hausse de 14,6 % des chances d’obtenir un diplôme d'études secondaires ou son équivalent à l’âge de 20 ans.
Comment expliquer cet effet du sport organisé?
«La pratique d’un sport organisé nécessite une structure qui s’accompagne de règles et d’objectifs, écrivent les auteurs de l’étude. Encadré par un ou une adulte et souvent pratiqué en équipe, ce type d’activité permet aux enfants d’acquérir des compétences clés – leadership, comportement en groupe, attention prolongée – qui peuvent être transférées dans les cours.»
«Cependant, il faut garder à l'esprit que nos conclusions reposent sur des données recueillies de 1996 à 2001, soit bien avant l'explosion des écrans et des plateformes numériques, avertit Linda Pagani. Les facteurs confondants seraient plus grands et possiblement plus problématiques aujourd'hui.»
L'influence des facteurs socioéconomiques
L’étude, qui s’inscrit dans une série de trois articles* portant sur l’activité physique parascolaire, met en évidence l'influence cruciale des facteurs socioéconomiques sur la pratique sportive: le niveau de scolarité de la mère, les revenus familiaux et même la santé mentale maternelle jouent un rôle déterminant dans l'accès des enfants aux activités physiques.
Ainsi, les enfants dont la mère n'a pas de diplôme ou qui vivent dans des familles à faible revenu sont moins susceptibles de participer à des activités physiques organisées.
C’est pourquoi les conclusions de cette étude devraient intéresser les décideurs et les décideuses politiques.
«Nos résultats soulèvent des questions concernant l'équité d'accès aux sports structurés et leurs répercussions potentielles sur la réussite scolaire: il faut réduire les obstacles financiers et logistiques pour les parents qui voudraient favoriser le sport organisé chez leurs enfants. Les sports organisés coûtent souvent cher ou requièrent des déplacements», conclut Laurie-Anne Kosak, qui poursuit ses études doctorales à l’Université de Sherbrooke.
*La série a été financée conjointement par Sport Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines. Les deux autres articles sont parus dans les revues Medicine & Science in Sports and Exercise et l’International Journal of Environmental Research and Public Health.
À propos de cette étude
L’article «Active Child, Accomplished Youth: Middle Childhood Active Leisure Fuels Academic Success by Emerging Adulthood», par Laurie-Anne Kosak et ses collègues, a été publié dans la revue Children.