Recherche sur l’infertilité: quand les cellules sœurs se sacrifient ensemble
- UdeMNouvelles
Le 25 février 2025
- Bruno Geoffroy
Pour la première fois, une équipe du CRCHUM montre que, dans les embryons de souris, les cellules sœurs peuvent communiquer entre elles par le biais d’un pont et mourir de façon coordonnée.
Les cellules sœurs sont des paires de cellules issues d’une même cellule mère. Dans une étude publiée dans la revue Developmental Cell, des scientifiques sous la direction de Greg FitzHarris, professeur à l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), montrent comment l’embryon précoce de souris élimine les cellules défectueuses ou inutiles par paires.
«Un tel mécanisme pourrait servir, par exemple, à garantir l’élimination des cellules présentant des dommages à l’ADN ou un nombre anormal de chromosomes, appelé aneuploïdie, qui est connue pour être l’une des principales causes d’infertilité», explique Greg FitzHarris, biologiste de la reproduction.
Dans cette nouvelle étude, Filip Vasilev, ancien chercheur postdoctoral dans le laboratoire du professeur FitzHarris et premier auteur de l’étude, met en lumière que l’abscission, étape finale de la division cellulaire, est retardée dans l’embryon précoce de souris, laissant ainsi les cellules sœurs reliées par un pont cytoplasmique stable.
Ce pont entre cellules sœurs permet l’échange de molécules qui favorisent l’apoptose, c’est-à-dire le processus de mort cellulaire programmée par lequel l’organisme se débarrasse des cellules inutiles.
Chez l’humain, l’apoptose intervient au début du développement pour éliminer les cellules indésirables, comme celles qui se trouvent entre les doigts d’une main en formation. Elle joue également un rôle important dans la fermeture correcte du tube neural, la partie de l’embryon où se développent le cerveau et la moelle épinière, ainsi que dans le développement normal des principaux vaisseaux cardiaques.
Mort simultanée
«L’une des conséquences de ce pont est que les cellules sœurs subissent l’apoptose à l’unisson, explique Greg FitzHarris. Autrement dit, si une cellule meurt, sa sœur meurt aussi. Dans notre étude, nous avons montré que l’appariement apoptotique n’a pas lieu lorsque le pont est éliminé. Il joue un rôle clé.»
Le pont agit comme un véritable canal de communication cellulaire, coordonnant l’élimination de paires de cellules ayant une histoire de développement similaire.
La question de savoir si les mécanismes de coordination observés chez la souris peuvent être extrapolés à l’être humain reste pour l’instant sans réponse. L’équipe de Greg FitzHarris étudie actuellement des embryons humains.
À propos de cette étude
L’article «Long-lived cytokinetic bridges coordinate sister-cell elimination in mouse embryos,» par Filip Vasilev, sous la supervision de Greg FitzHarris, et ses collègues, a été publié en ligne le 24 janvier 2025 dans la revue Developmental Cell. Ces travaux de recherche ont été financés par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada et la Fondation Jean-Louis Lévesque. Ils ont été appuyés par les équipes de l’animalerie et de la plateforme de génie génétique et modélisation animale du Centre de recherche du CHUM.
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