L’IA harmonise les images disparates des appareils d’imagerie par résonance magnétique
- UdeMNouvelles
Le 28 février 2025
Une équipe de recherche vient de régler un problème de taille: rendre comparables les images d’appareils d’IRM des divers hôpitaux, cliniques et centres de recherche en utilisant l’IA.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est un outil essentiel pour les cliniciennes et cliniciens, offrant des vues détaillées de l'intérieur du corps humain en plus de fournir des informations précieuses sur les manifestations pathologiques. Cependant, la variabilité des protocoles d'acquisition des images entre les divers établissements pose des défis importants quand vient le temps de donner une interprétation cohérente et fiable de ces images, notamment dans des recherches multicentriques.
Pour résoudre ce problème, une étude réalisée en collaboration avec le Dr Gregory Lodygensky, clinicien-chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal, ainsi que Jose Dolz et Christian Desrosiers, professeurs et chercheurs à l’École de technologie supérieure, propose de modifier les processus d’IRM des différents hôpitaux pour que les images se ressemblent davantage, ce qui permettrait une comparaison plus fiable et précise de ces images. Publiée dans Medical Image Analysis, une des revues les plus prestigieuses dans le domaine du traitement des images médicales, cette étude ouvre de nouvelles voies de collaboration promettant d'améliorer la précision et la cohérence des analyses des images de résonance magnétique.
Le défi de l'harmonisation des images de résonance magnétique
L’harmonisation des résultats d’IRM est un enjeu central pour la recherche et pour la qualité des soins de santé. En effet, chaque hôpital, clinique ou institut de recherche a un style d’IRM particulier, selon le matériel, les protocoles d’imagerie et les paramètres utilisés. Cela entraîne des fluctuations dans les contrastes, la luminosité et d’autres caractéristiques de l’image et constitue un obstacle important en recherche clinique lorsque les données de plusieurs centres de recherche sont regroupées.
La méthode d’harmonisation élaborée par Farzad Beizaee, doctorant à l’UdeM et premier auteur de l’étude, fait intervenir trois étapes clés: pour commencer, on crée un modèle qui «apprend» la façon dont les images du domaine source (par exemple des images de résonance magnétique d'un appareil particulier du CHU Sainte-Justine) sont organisées ou distribuées. Une fois que la distribution du domaine source est bien comprise, l'objectif est de «reformater» les processus d’IRM des autres centres pour éliminer les variations qui sont dues à des changements dans les paramètres ou à l’utilisation d’un autre appareil tout en préservant les différences inhérentes au patient. Enfin, lorsque le modèle est utilisé sur de nouvelles images (venant d'un appareil inconnu), il doit s'adapter et s'assurer que les nouvelles images respectent toujours la distribution qu'il a apprise lors de la première étape.
Des images cérébrales pour valider la méthode
Pour valider son modèle, l'équipe a testé cette approche sur des images de résonance magnétique du cerveau issues de bases de données aux États-Unis et d’un consortium d’imagerie néonatale bâti en collaboration avec des chercheurs en Australie. Ces données ont été utilisées pour effectuer deux tâches: segmenter les images du cerveau en différentes parties chez l'adulte et le nouveau-né afin de vérifier si la structure du cerveau restait cohérente avant et après l'harmonisation et estimer l'âge du cerveau chez des nouveau-nés.
Les résultats ont mis en évidence la performance supérieure de cette technique par rapport aux méthodes d’harmonisation existantes, démontrant son adaptabilité pour diverses tâches et pour des groupes de patients variés. De façon notable, l’outil a été validé avec succès sur des images de résonance magnétique du cerveau d’un nouveau-né présentant des lésions, une tâche à laquelle tous les autres modèles disponibles échouent, puisqu’ils sont entraînés avec des images de cerveaux sains.
«Grâce à ce modèle, nous pouvons maintenant interpréter les données relatives à plusieurs milliers de familles et d'enfants suivis dans différents centres hospitaliers et qui ont été obtenues de plusieurs appareils d’IRM. L’analyse de ces grandes cohortes chez les enfants et chez les adultes était freinée par ce problème majeur d'harmonisation, qui est résolu aujourd'hui», précise le Dr Lodygensky. Les futures collaborations et recherches pourront explorer l'application de cette approche à plus grande échelle, ce qui facilitera la comparaison et l’analyse des données de recherche, et améliorera encore davantage la précision et la fiabilité des diagnostics médicaux.
À propos de cette étude
L’article «Harmonizing flows: Leveraging normalizing flows for unsupervised and source-free MRI harmonization», par Farzad Beizaee et ses collègues, est paru dans la revue Medical Image Analysis.
Cette recherche a bénéficié d’un soutien financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, par son programme de subventions à la découverte, et d’IVADO, l’institut de recherche et de transfert en intelligence artificielle, par son programme de subventions pour les projets de recherche fondamentale.
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