Changements climatiques: ayez les cartes en main!
- UdeMNouvelles
Le 17 avril 2025
- Marilou Garon
Des gestionnaires des bibliothèques de l’UdeM ont récemment pris part à la toute première Fresque du climat organisée à l’intention du personnel par l’Unité du développement durable.
Lorsqu’on entre dans la salle du campus de l’Université de Montréal à Brossard où vont se réunir près de 30 gestionnaires des bibliothèques de l’UdeM, on est porté à croire que l’atelier proposé par l’Unité du développement durable (UDD) sera de nature artistico-créative: chacune des cinq tables est recouverte de papier kraft et pourvue de plusieurs feutres et crayons de couleur.
Et pourtant, dès les premières minutes de cette activité au nom énigmatique – Fresque du climat –, on comprend qu’il s’agit d’un atelier certes collaboratif et ludique, mais bel et bien ancré dans la science la plus sérieuse, soit celle des changements climatiques.
La Fresque du climat est un atelier participatif qui permet aux individus et aux organisations de s’approprier le défi de l’urgence climatique à travers un parcours de sensibilisation. Conçu en 2018 par l’ingénieur français Cédric Ringenbach, cet atelier est fondé sur les données issues des rapports scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Partant du principe que, pour agir, il faut comprendre, les idéateurs de la Fresque du climat ont cherché à ce que les participants, à l’issue de l’atelier, soient motivés et outillés pour agir à leur échelle.
De formidables animateurs
L’une des particularités de cet exercice collaboratif – et l’une des clés de son succès –, c’est l’accompagnement personnalisé offert par les animateurs. Dans le cas des gestionnaires des bibliothèques, chaque équipe de six avait son propre animateur, qu’on appelle «fresqueur» dans le jargon!
Il faut comprendre qu’on ne s’improvise pas «fresqueur». Avant de pouvoir diriger un premier atelier, les aspirants animateurs doivent suivre une formation et être agréés par l’association La fresque du climat, puisque chaque atelier doit reproduire un modèle établi et proposer les mêmes contenus, qui sont régulièrement mis à jour à la lumière des avancées scientifiques.
L’UdeM peut compter sur le coordonnateur au développement durable Stéphane Béranger, animateur agréé, pour accompagner les équipes qui souhaitent participer à une Fresque du climat. Il doit toutefois faire appel à ses vis-à-vis de Polytechnique Montréal et de l’École de technologie supérieure afin d’assurer aux participants un accompagnement adéquat. Ses collègues, tous formés en tant que «fresqueurs», sont venus lui prêter main-forte de manière bénévole à la séance de Brossard, un service que leur rend Stéphane Béranger lorsqu’ils organisent des «fresques» dans leurs propres établissements.
Un atelier collaboratif et engageant
Chaque animateur dispose d’un jeu de 42 cartes qui contiennent des informations scientifiques à propos d’un aspect des changements climatiques. On trouve par exemple les cartes Activités humaines, Montée des eaux, Utilisation des énergies fossiles ou encore Hausse des températures.
L’animateur distribue une première série de cartes aux membres de son équipe qui doivent les disposer sur le papier kraft sous forme de chaîne, en fonction des liens de cause à effet. S’il est facile de deviner le lien entre certains phénomènes – tous placent la carte Activités humaines à l’origine de tout! –, d’autres demandent plus de réflexion et font l’objet de vives discussions. La montée des eaux est-elle liée à la fonte de la banquise? Ou est-ce plutôt la fonte de la calotte glaciaire qui fait monter le niveau de l’eau?
Les animateurs sont là pour expliquer les notions et répondre aux questions, et leur maîtrise du sujet est tout à fait remarquable. Mais ils ont aussi comme rôle de relancer les participants et de les encourager à aller plus loin dans leurs réflexions.
Une fois la première série de cartes disposées en chaîne, c’est parti pour un deuxième tour avec la distribution d’une nouvelle série de cartes. Aux troisième et quatrième tours, les informations se complexifient et il est de plus en plus ardu d’établir les liens de causalité. Sans compter qu’il faut rajouter les nouvelles cartes à la chaîne existante!
«Comment est-ce que je me sens?»
Lorsque toutes les équipes ont placé les 42 cartes du jeu, un temps est consacré à la verbalisation des émotions ressenties dans l’exercice précédent. Que les sceptiques soient rassurés: aucune ambiance de thérapie collective ici! C’est plutôt l’occasion de quitter le monde des données pour se brancher sur celui de l’affect.
«On ne se le cachera pas, avoue une participante, il n’y a pas beaucoup d’émotions positives qui ressortent de cet exercice. Les informations contenues dans les cartes ne me surprennent pas tant que ça; c’est plutôt la quantité de liens entre les différents éléments et la vision d’ensemble qui me bouleversent.»
Un autre dit avoir participé à l’exercice «de manière un peu détachée, en regardant tout ça comme un observateur de l’externe… sans doute pour éviter d’être trop affecté par les constats».
D’autres ont un regard plus optimiste. Mathieu Tardif a l’impression qu’il est encore possible d’apporter des changements, puisque la réalité est la même pour tous. «Nous avons tous les mêmes inquiétudes… mais c’est quand même tout un défi! Le fait de se conscientiser en équipe avec mes collègues, ça me redonne une certaine confiance», indique-t-il.
L’atelier se termine par une mise en commun des différentes pistes de solution imaginées par les équipes, des solutions spécifiques au milieu de travail des bibliothèques de l’UdeM. Certains proposent de servir exclusivement des repas végétaliens dans les évènements, tandis que d’autres prônent un usage limité de l’intelligence artificielle, très énergivore. Chaque solution soumise devait par la suite être évaluée au regard de son impact potentiel et de sa facilité de mise en œuvre, ce qui a donné lieu à plusieurs échanges et fous rires dans le groupe.
Les Bibliothèques: précurseurs en matière de développement durable
Il n’est pas étonnant que cette première «fresque» à l’intention du personnel de l’Université de Montréal ait réuni une équipe des Bibliothèques de l’UdeM. En effet, il s’agit de la première unité, et jusqu’à ce jour la seule, à s’être prêtée à l’exercice de dresser son bilan carbone.
«L’engagement à l’égard du développement durable est inscrit dans notre planification stratégique, explique Stéphanie Gagnon, directrice des Bibliothèques. Notre bilan carbone réalisé par l’UDD nous a permis de désigner les mesures qu’on peut prendre individuellement et collectivement, et la participation de nos gestionnaires à cet atelier s’inscrit dans la même lignée. Les gestionnaires présents aujourd’hui sont des personnes qui ont une influence directe sur leurs équipes, je crois que la portée de cet atelier sera maximale.»
Les unités qui souhaitent organiser une Fresque du climat pour leur personnel n’ont rien à débourser, puisque les ateliers sont offerts sans frais par l’UDD. Sans oublier qu’il s’agit d’une occasion unique et originale de tisser des liens entre collègues, en plus de s’approprier le sujet incontournable des changements climatiques. Stéphanie Gagnon encourage d’ailleurs ses collègues cadres à lui emboîter le pas. «Être une université responsable, dit-elle, c’est aussi lutter contre la désinformation. Ce type d’activité ancrée dans la science fait partie d’une forme d’engagement social.»
Pour organiser une Fresque du climat à l’UdeM, communiquez avec l’UDD à l’adresse durable(at)umontreal.ca.