Pratique avancée en physiothérapie: de meilleurs soins et plus rapidement

La pratique avancée en physiothérapie est de plus en plus intégrée en première ligne, un peu à l’image de celle des infirmières praticiennes spécialisées.

La pratique avancée en physiothérapie est de plus en plus intégrée en première ligne, un peu à l’image de celle des infirmières praticiennes spécialisées.

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L’implantation d’un modèle de soins avancés en physiothérapie à la clinique de gestion de la douleur chronique de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal fait l’objet d’une étude.

François Desmeules

François Desmeules

Crédit : Courtoisie

De plus en plus, les physiothérapeutes sont amenés à intervenir tôt dans les parcours de soins au Québec. «L’idée n’est pas que les médecins ne voient plus les patients, mais que les physiothérapeutes soient une porte d’entrée pour que les traitements puissent être amorcés sans attendre», soutient François Desmeules, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et responsable du programme de pratique avancée en physiothérapie.

Des urgences en passant par les groupes de médecine familiale, la pratique avancée en physiothérapie est de plus en plus intégrée en première ligne, un peu à l’image de celle des infirmières praticiennes spécialisées. L’implantation de ce modèle est particulièrement intéressante dans les cliniques de la douleur, qui ont de longues listes d’attente. «Comme nous avons beaucoup d’attente et peu de ressources, nous voulions améliorer notre prise en charge», confie François Dubé, physiothérapeute à la clinique de gestion de la douleur chronique de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) et professeur agrégé de clinique à l’UdeM.

Les soignants de la clinique souhaitaient implanter cette façon de faire et en ont profité pour consigner le tout. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Physical & Occupational Therapy in Geriatrics.

Le physiothérapeute comme porte d’entrée

François Dubé

François Dubé

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«Il y avait déjà des physiothérapeutes à la clinique, mais ils ne voyaient les patients qu’après une évaluation faite par les médecins», constate François Desmeules. Le temps d’attente pour voir un ou une physiothérapeute étant moins long, les patients commencent plus rapidement les traitements, d’autant plus que près de 90 % bénéficient de traitements en physiothérapie.

L’équipe de recherche a suivi 65 personnes nouvellement inscrites à la clinique de gestion de la douleur chronique de l’IUGM entre novembre 2018 et novembre 2020. Plutôt qu’un médecin, c’est une ou un physiothérapeute qui a d’emblée évalué une partie des patients de la liste d’attente (tous allaient éventuellement voir un médecin).

L’équipe a ensuite fait un suivi auprès de ces patients trois mois après la consultation initiale pour évaluer leur progression et leur satisfaction. Il devait y avoir d’autres suivis après 6 et 12 mois, mais la pandémie a déjoué les plans du personnel soignant.

Moins d’attente, plus de satisfaction

Les résultats de l’étude, même si elle reste modeste, sont encourageants. Les temps d’attente ont d’abord considérablement été réduits, passant de 230 à 170 jours en moyenne avant une première rencontre avec un professionnel de la santé.

Les patients ont par ailleurs rapporté une légère amélioration de leur état clinique. Mais pour ces patients, dont la condition se détériore facilement, une amélioration, même minime, reste un gain. «Ces patients ont plusieurs incapacités à la base et des problèmes dégénératifs comme l’arthrose», remarque François Desmeules. Ils ont également déclaré un haut taux de satisfaction.

L’approche adoptée était interdisciplinaire, axée sur l’éducation et les méthodes non pharmacologiques du traitement de la douleur. «Nous redonnons à ces gens un certain contrôle sur leur vie, qu’ils avaient perdu», souligne François Dubé. En effet, les personnes qui se présentent à la clinique de la douleur ont souvent connu un véritable parcours du combattant.

Il faut dire que la clinique avait aussi élaboré en parallèle une approche éducative de groupe, que ces patients ont pu intégrer plus tôt. «Ça permet de donner accès à une approche efficace à davantage de personnes plus rapidement dans le parcours de soins. Nous donnons de l’information sur la neuroscience de la douleur et les moyens d’agir sur celle-ci», ajoute-t-il.

Cette prise en charge par les physiothérapeutes est donc prometteuse et se poursuit à la clinique de la douleur. «L’objectif ultime serait de diminuer le temps de consultation en médecine, en libérant les médecins des cas qui relèvent davantage de la physiothérapie», estime François Dubé. Le médecin pourrait alors se concentrer sur les cas complexes, plus urgents ou qui demandent une approche médicale, par exemple les personnes devenues dépendantes aux opioïdes.

À propos de cette étude

L’article «Evaluation of a New Advanced Physiotherapy Practice Model of Care for Patients in a Geriatric Pain Management Clinic: A Prospective Observational Study», par François Desmeules et ses collègues, a été publié dans la revue Physical & Occupational Therapy in Geriatrics.

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